5.3.5.1.2. L’épaisseur des niveaux archéologiques

Pour le secteur de Persépolis Nord-Ouest, nos prospections prouvent que le proche sous-sol est très perturbé par les travaux agricoles et les terrassements modernes. Toutefois certains indices permettent de supposer que l’épaisseur des couches archéologiques, sur certains secteurs, doit être plus importante que les seuls premiers décimètres de sol. Dans ces niveaux archéologiques plus profonds, les vestiges ont probablement été mieux préservés.

Des indices sur l’épaisseur des dépôts archéologiques ont pu être obtenus en deux endroits, grâce à la prospection électrostatique menée sur le parking, et à l’étude de la coupe à Persepolis West. Sur le parking ouest, nous avons supposé la présence de vestiges dans la partie nord de la zone prospectée854. A la différence de la méthode magnétique, l’appareillage M.P.U. permet d’obtenir des informations pour deux épaisseurs de sol différentes, l’une superficielle (les premiers décimètres), et l’autre plus en profondeur (proche de 1 m)855. A l’angle nord du parking, les fortes valeurs de résistivité, pouvant correspondre à la présence de vestiges, apparaissent surtout dans les couches superficielles, et se répartissent sur plusieurs centaines de mètres carrés. Au même endroit, sur la carte obtenue pour une profondeur plus importante, les valeurs de résistivité et leur emprise ont tendance à diminuer. Les mesures plus profondes doivent donc intégrer une couche de sédiment naturel très peu résistante, située sous le niveau résistant superficiel. Les vestiges archéologiques seraient donc ici contenus essentiellement dans les couches superficielles du sol, c'est-à-dire entre la surface et 1 m de profondeur. L’étude de la coupe stratigraphique relevée à Persepolis West offre une estimation de l’épaisseur des niveaux archéologiques très différente. Les strates d’occupation ancienne se développent à cet endroit sur près de 2 m d’épaisseur sous la couche superficielle remaniée856. Ces données permettent d’affirmer que, suivant les secteurs, Persépolis Nord-ouest a connu des dynamiques d’occupation différentes. Persépolis West a pu connaître une occupation plus longue, comprenant plusieurs phases de réaménagements. La présence de nombreux tepes à Persepolis West, signalée par W. Sumner mais aujourd’hui arasés, témoigne également de l’existence de niveaux archéologiques plus épais, et donc probablement d’une occupation plus longue. A l’inverse, à proximité du quartier royal, les occupations n’ont donné lieu qu’à des dépôts archéologiques peu développés et très superficiels : elles ont pu être plus courtes et limitées à une seule phase d’aménagement.

L’absence de plan précis des occupations anciennes ne signifie donc pas forcément une destruction des vestiges archéologiques. Seules les couches les plus superficielles ont été remaniées, et il est possible que sur certains secteurs, par exemple à Persepolis West, des niveaux d’occupation plus profonds aient été préservés. Lors des prospections magnétiques, les couches affleurantes perturbées masqueraient les niveaux sous-jacents préservés.

Notes
854.

Cf. § 5.3.2.2.3

855.

Cf. § 3.3.2.3.2

856.

Cf. 5.3.3.3.3