5.3.5.2.2. La nature de l’occupation dans le parcellaire ancien

Les différents secteurs prospectés montrent tous un réseau cohérent de longues anomalies rectilignes, mais également la présence récurrente de zones présentant de plus fortes valeurs de magnétisme (Pl. 24). Comme nous l’avons suggéré par ailleurs861, ces fortes valeurs pourraient être liées à l’existence de concentrations de bâtiments et d’activités artisanales, dont les vestiges superficiels auraient été arasés par les labours.

En l’absence de plan d’organisation précis à l’intérieur de ces différentes zones, il est difficile dans un premier temps d’affirmer que ces zones d’occupation s’intègrent, et donc sont contemporaines, de la mise en place du parcellaire ancien décrit précédemment. Plusieurs indices permettent toutefois de le supposer. Par exemple la carte magnétique obtenue sur le champ PW6, dans le secteur de Persepolis West, présente une succession d’anomalies parallèles, espacées d’une dizaine de mètres, perpendiculaires à l’une des grandes lignes de direction nord/sud 862 . Dans le vaste champ prospecté au nord-ouest du parking, la petite zone plus magnétique, située au nord, est délimitée par de longues anomalies rectilignes de direction nord/sud 863 . De plus, une plus forte anomalie est située exactement à l’angle formé par deux grandes anomalies rectilignes du parcellaire. Enfin, plus au nord, dans l’angle sud-ouest du champ prospecté au sud du tepe de Tol-e Jalyan, le plan des aménagements anciens formant un quadrillage est également orienté parallèlement au réseau du parcellaire864. Donc, aux endroits où les zones de plus fort magnétisme ont révélé une esquisse de plan d’organisation, celui-ci semble s’intégrer au réseau défini par les longues anomalies rectilignes. Il est probable que les différents aménagements décrits, et donc l’occupation sur les zones plus magnétiques, soient contemporains du parcellaire.

Dans le secteur de Persépolis Nord-Ouest, la surface totale prospectée dans les champs avec la méthode magnétique est de 17,5 ha. Sur l’ensemble, la surface totale des zones présentant un plus fort magnétisme est de 4,5 ha, soit moins du tiers de l’ensemble des superficies étudiées. Or le parcellaire s’étend sur l’ensemble du secteur. Se pose alors la question de la nature de l’occupation dans les zones où le magnétisme est plus faible, par rapport aux terrains de plus fort magnétisme probablement densément construits et abritant diverses activités. Ces secteurs apparemment vides ont été occupés comme le prouve la continuité du parcellaire. Les prospections mises en œuvre au nord-ouest du parking peuvent apporter des éléments de réponses concernant la nature de l’occupation de ces espaces vides. En effet, à cet endroit, des prospections magnétiques ont été couplées à des prospections à vue sur sol nu. Or, la zone magnétique au sud se superpose parfaitement avec les plus fortes concentrations de céramiques délimitées au cours d’une prospection à vue, permettant de supposer l’existence d’une zone construite865. Plus au nord, les densités de tessons ont été considérées comme nulles, et cette zone montre en outre un plus faible magnétisme. Les données obtenues sur ce secteur montrent donc une bonne corrélation entre la répartition de la céramique de surface et les variations du gradient. Ce fort contraste entre le nord et le sud de la parcelle, perceptible grâce aux deux méthodes de prospection employées, traduit certainement l’existence de deux zones d’occupation bien distinctes. La zone nord pourrait correspondre à d’anciens jardins ou à des parcelles agricoles, zones d’activités qui n’ont laissé que peu de céramique en surface, et ont peu transformé la nature pédologique des sols, et donc leur magnétisme. Elle pourrait également avoir abrité des constructions légères et éparses, dont les prospections n’auraient pas permis de détecter les vestiges. Quelle que soit la nature de l’occupation au nord et au sud, ces données de prospection témoignent clairement de la coexistence de deux occupations de nature différente au sein du même parcellaire, avec des zones densément bâties et d’autres moins construites.

Dans d’autres cas, l’existence de zones de plus faible magnétisme pourrait toutefois s’expliquer par les terrassements et les travaux agricoles récents. C’est le cas à Persépolis West, où les données géophysiques et topographiques réunies permettent de démontrer que d’importants travaux de nivellement ont été entrepris récemment. Ces travaux ont probablement provoqué la disparition des niveaux archéologiques, et pourraient expliquer l’absence d’anomalies sur les cartes magnétiques de plusieurs champs866. A l’ouest du parking, la carte magnétique obtenue montre une zone de fort magnétisme limitée à une bande d’une centaine de mètres de large. Or cette zone est entourée de longues anomalies linéaires parallèles, très resserrées, correspondant à la trace des sillons visibles en surface. Ici les dépôts archéologiques ont donc peut-être été complètement arasés par les labours, faisant même disparaître les longues anomalies rectilignes du parcellaire. Les terrains très remaniés n’auraient alors conservé aucun témoignage de l’occupation ancienne. Pour déterminer l’extension des secteurs construits, il serait alors nécessaire de procéder à des prospections à vue sur sol nu systématiques, sur l’ensemble des champs situés à l’ouest du Parking.

Notes
861.

Cf. § 5.3.3.2.2.3 ; Cf. § 5.3.51.1

862.

Cf. § 5.3.3.3.2.2

863.

Cf. § 5.3.4.1

864.

Cf. § 5.3.4.3

865.

Cf. § 5.3.3.2.3

866.

Cf. § 5.3.3.3.2.2