5.3.5.2.4. Relations entre le quartier royal et le secteur de Persépolis Nord-Ouest

Outre la datation du matériel archéologique de surface, l’étude du plan d’occupation de l’ensemble Persépolis Nord-Ouest - quartier royal, permet de déterminer l’existence d’un schéma d’organisation cohérent entre les deux secteurs. Cette constatation se base essentiellement sur les mesures des orientations des vestiges. La terrasse royale et les bâtiments construits par dessus présentent des orientations comprises entre 19° et 21° vers l’ouest par rapport au nord géographique870. Cette orientation est rigoureusement parallèle à l’orientation du parcellaire ancien de Persépolis Nord-Ouest. Toutefois, il faut souligner que l’orientation des différents édifices du Barzan-e Jonoubi est de 25° vers l’ouest par rapport au nord ; elle est donc en décalage de 5° par rapport à celle du parcellaire. L’ensemble des aménagements du quartier royal dans la plaine jusqu’au secteur de Persepolis West semblerait donc respecter une seule et même orientation, et de ce fait aurait été inséré dans un même plan d’occupation. Ces mesures d’orientation pourraient de plus démontrer une certaine contemporanéité entre la période d’existence du parcellaire, et donc de l’occupation qu’il abritait, et celle de la terrasse royale.

Il faut toutefois souligner que cette orientation d’une valeur de 20° vers l’ouest par rapport au nord correspond à peu près à celle du piedmont du Kuh-e Rahmat. Les formes du relief naturel ont donc pu imposer cette orientation. Pour déterminer si l’orientation choisie pour construire la terrasse royale a été déterminée de manière volontaire ou a été imposée par le relief, il faudrait obtenir des informations supplémentaire sur la configuration naturelle du piedmont. A moins de démonter la terrasse, ce type d’information paraît tout à fait inaccessible. De rapides calculs, basés sur l’orientation des lignes de niveaux sur le plan au 1:500 des environs de la terrasse de Persépolis, montrent toutefois d’importantes différences d’orientation du relief à l’est de la plateforme. Au niveau de l’angle nord-est de la terrasse, les lignes de niveaux sur les pentes du Kuh-e Rahmat présentent une orientation proche de 20°. Toutefois, au sud de la terrasse et entre les deux tombes royales, leur orientation est de 40° par rapport au nord géographique. Donc s’il s’agissait de respecter l’orientation du relief, il aurait certainement été plus simple de respecter une orientation de 40°, la valeur d’orientation principale du versant du Kuh-e Rahmat, ce qui aurait permis de limiter les travaux de terrassement. L’orientation de 20° pour construire la terrasse aurait donc été volontairement choisie en fonction de celle du parcellaire préexistant dans le secteur de Persépolis Nord-Ouest.

Néanmoins, pour l’instant, dans le secteur de Persépolis Nord-Ouest, aucune preuve archéologique n’atteste d’une importante occupation préexistante à la construction de la terrasse de Persépolis. Des constructions antérieures sont localisées plus loin, dans les secteurs de Bagh-e Firuzi et Dasht-e Gohar, où comme nous le verrons pas la suite, l’existence de vestiges du parcellaire n’a pas pu être détectée par la mise en œuvre de prospections magnétiques. Le seul argument est historique, et provient des textes babyloniens, datés du règne de Cambyse, où la ville de Matezzish serait évoquée871. Encore faudrait-il démontrer avec certitude l’hypothèse de W. Sumner qui fait des différents vestiges retrouvés à Persépolis Nord-Ouest les restes de Matezzish. Nous n’avons donc pour le moment que peu d’éléments pour nous prononcer sur ces questions de chronologie relative, mis à part des pistes de réflexions à partir des orientations communes du parcellaire et des constructions du quartier royal.

Notes
870.

Sur l’orientation des bâtiments du quartier royal, cf. § 5.2.3.2.2.

871.

Cf. § 5.1.2.3.