Depuis nos dernières campagnes de prospection, menées au cours du printemps 2008, une équipe irano-italienne a mis en place un programme de recherche à l’ouest de la terrasse de Persépolis. Il vise à préciser les contours et la chronologie de l’occupation de Parsa/Matezzish par l’ouverture de sondages stratigraphiques ciblés. La mission est codirigée par A. Askari-Chaverdi et P.F. Callieri872. Leurs travaux ont donné lieu à la rédaction de deux rapports,873 qui nous ont été gracieusement transmis par P.F. Callieri, et dont nous tirerons l’ensemble des données exposées par la suite. Ces deux documents correspondent à des rapports de fin de mission qui présentent des données préliminaires. Une description des principales structures est exposée, ainsi qu’une présentation de la stratigraphie.
Durant les deux campagnes de fouilles, effectuées au cours de l’automne 2008 et 2009, 13 sondages ont été ouverts. L’implantation de ces sondages a été guidée en grande partie par les résultats obtenus par les différentes prospections magnétiques. Dans leur majorité, ils ont été implantés sur le tracé d’anomalies détectées au cours des investigations géophysiques. Les données préliminaires qui nous ont été communiquées permettent donc de donner des pistes concernant l’interprétation des anomalies magnétiques. Cette étude comparative reste ici volontairement superficielle ; elle pourra certainement s’affiner par la suite, à partir des données de la publication finale ou à la faveur d’une collaboration entre nos deux équipes.
Les 13 sondages se répartissent sur trois secteurs : les alentours du parking, au sud de Tol-e Jalyan, et le secteur de Persepolis West (Pl. 22). Autour du parking, ils ont été implantés en travers des longues anomalies linéaires qui détermineraient le parcellaire ancien874. A Persepolis West, ils ont concerné les zones présentant un fort magnétisme, ainsi qu’une des fosses modernes décrites précédemment875. Enfin, à proximité de Tol-e Jalyan, ils ont concerné la zone d’anomalies pouvant correspondre aux vestiges d’un bâtiment876.
Dans les trois cas, les résultats obtenus viennent en partie confirmer les hypothèses émises suite à nos propres prospections, et surtout ils permettent de préciser la nature des vestiges archéologiques détectés.
Ces recherches ont également eu pour objectif de préciser la stratigraphie et la chronologie de l’occupation dans le secteur de Persépolis Nord-Ouest. Sur l’ensemble des sondages, une couche superficielle très perturbée par les labours a été relevée. Elle comporte du matériel archéologique remanié correspondant souvent à des artefacts (céramique vernissée ou fragments de verre) datés de l’époque islamique, mêlés à de la céramique achéménide/LPW. En-dessous, la céramique mis au jour est considérée dans l’ensemble comme étant achéménide ou post-achéménide. Les résultats préliminaires des datations radiocarbones semblent confirmer cette chronologie, les dates obtenues se répartissant apparemment sur la seconde moitié du Ier millénaire av. J.-C.. Un élément nouveau est cependant à prendre en compte : la couche superficielle présente des indices d’occupation islamique. Il est donc possible qu’une partie non négligeable des anomalies détectées corresponde à des vestiges de l’occupation islamique de la région de Persépolis Nord-Ouest, qui pourrait être plus importante que nous le supposions.
Ces résultats montrent également que les niveaux d’occupation superficiels ont été largement remaniés par les labours. Il faut ici souligner que deux sondages seulement ont mis au jour des vestiges de constructions : un four à Persepolis West ; un large mur en pierre et d’autres plus petits en terre au nord du parking. En outre, un des canaux mis au jour au nord du parking était très érodé. Enfin, des niveaux archéologiques apparaissent effectivement juste en-dessous de la couche superficielle remaniée. Ces résultats viennent confirmer le fait que, d’une part, les niveaux achéménide/post-achéménide affleurent sur l’ensemble du secteur de Persépolis Nord-Ouest, et d’autre part que les vestiges, situés a proximité de la surface, ont été largement arasés.
Respectivement archéologue à l’Iranian Center for Archaeological Research (I.C.A.R.) et professeur à l’Université de Bologne (UNIBO)
Askari Chaverdi et al. 2008, 2009 (inédit)
Cf. § 5.3.3.2.2.2 et 5.3.4.1
Cf. § 5.3.3.3.3
Cf. § 5.3.4.3