5.4.1.2.3. Stratégie de prospection

Nos prospections dans le secteur de Firuzi ont consisté dans un premier temps à retrouver tous les sites publiés par W. Sumner de manière à réévaluer ses données et à actualiser la carte archéologique. Depuis les années 1970, tous les sites du secteur de Firuzi ont subi des destructions ou des nivellements partiels. Cette phase de prospection à vue a d’abord permis d’inventorier les sites disparus. Nous avons effectué des prospections dans les champs situés à leur ancien emplacement de manière à trouver des concentrations d’artefacts résiduels901. Pour les sites disparus, notre étude se base essentiellement sur une réévaluation des données anciennes. Sur les sites encore préservés, nous avons pu vérifier et compléter les descriptions publiées par W. Sumner et A.B. Tilia. Les descriptions des sites dans leur publication sont souvent très succinctes et de ce fait nous avons pu les développer à partir d’observations in situ. Nous avons également enregistré les diverses transformations qu’ont subi ces sites. Parfois leur nivellement partiel ou le creusement de fossés modernes a pu révéler des structures archéologiques ou des coupes stratigraphiques.

Dans un second temps, nous avons privilégié la mise en œuvre de prospections magnétiques902 sur le secteur de Firuzi. Elles permettaient en effet d’aborder deux des grandes problématiques définies. Sur les sites connus et préservés, la mise en œuvre de prospections magnétiques avait pour objectif d’obtenir les plans des bâtiments partiellement connus par des sondages limités. Nous souhaitions également prospectés les champs situés aux alentours de ces sites pour détecter d’éventuels aménagements périphériques et définir leur surface d’occupation. Entre les sites, les prospections ont été entreprises pour retrouver d’éventuels vestiges ou aménagements permettant de restituer un possible plan d’organisation à l’échelle du secteur de Firuzi. Sur certains sites, nous avons complété les prospections par le levé de cartes précises de manière à replacer les prospections magnétiques dans leur contexte topographique903.

L’objectif de ces prospections magnétiques était également méthodologique. En-dehors du quartier royal, la région de Firuzi, et plus particulièrement celle de Bagh-e Firuzi, constitue un des rares ensembles de bâtiments en partie construits en pierre. La différence de matériau entre l’encaissant alluvial et les structures en pierre est susceptible de produire d’importantes anomalies, a priori facilement décelables par les méthodes géophysiques. Néanmoins, comme l’ont prouvé les fouilles italiennes du milieu des années 1970, les éléments de construction en pierre ne sont très probablement qu’une partie des édifices majoritairement construits en brique crue. Les sites de Bagh-e Firuzi présentent donc l’avantage de pouvoir tester la prospection magnétique sur des vestiges de structure mixte en pierre et en brique crue et ainsi d’évaluer la capacité de la méthode à détecter ces deux types de matériaux dans le contexte géologique et environnemental particulier de la plaine de Persépolis. Il faut également souligner la présence à Firuzi 10, que nous avons renommé Tol-e Ajori, d’indices de l’existence de constructions en brique cuite904. Les structures en brique cuite produisent de très fortes anomalies magnétiques aisément détectables.

Notes
901.

Cf. § 3.2.3

902.

Cf. § 3.3.2.1

903.

Cf. § 3.1.2

904.

Cf. § 5.4.4.3