5.4.2.1.2. Prospections à Firuzi 1 et Firuzi 2

Coordonnées UTM 39R de Firuzi 1 : E 676124 m ; N 3311127 m

Coordonnées UTM 39R de Firuzi 2 : E 677060 m ; N 3311286 m

Figure 5‑36 : Vue aérienne récente du secteur de Firuzi Sud et emplacement des principaux tepes
Figure 5‑36 : Vue aérienne récente du secteur de Firuzi Sud et emplacement des principaux tepes

La totalité du secteur de Firuzi Sud a aujourd’hui été nivelé et l’ensemble des reliefs a été remplacé par des champs cultivés et par une vaste ferme d’élevage hors-sol. Sur une image aérienne récente (Fig. 5-36), l’emplacement ancien exact des sites a été relevé en la superposant aux cartes au 1:5000 de 1966 (Fig. 5-35). Sur des photographies aériennes prises en 1999 dans le cadre d’une campagne de couverture cartographique au 1:50000 du Fars914, le site de Tol-e Akhandi, au nord-ouest de Firuzi 2, est encore visible. Néanmoins, à cette date, les différents reliefs périphériques ont été nivelés, la disparition de ce tepe est donc à situer aux débuts des années 2000. L’emplacement du vaste tepe de 6 ha marquant la limite orientale de Firuzi 2 est aujourd’hui traversé par un large canal (Fig. 5-36) se raccordant au réseau d’irrigation moderne mis en place à la fin des années 1960 lors de la construction du barrage de Dorudzan915. Concernant le groupe de tepe de Firuzi 1, un agriculteur rencontré au cours de nos prospections a affirmé que le tepe a été détruit une quinzaine d’années auparavant. Cette information peut être considérée comme fiable car les reliefs ont déjà disparus sur photographies aériennes de 1999. Donc en trente ans, l’ensemble des tepes situés au sud de Firuzi ont disparu. Ce secteur se trouve en-dehors de la zone de protection de Persépolis, ce qui peut en partie expliquer la rapidité et l’importance des destructions.

Lors de nos prospections, au cours de l’automne 2005, le champ situé à l’ancien emplacement de Tol-e Akhandi était recouvert de maïs. Il a été toutefois possible de parcourir une petite parcelle voisine à l’ouest dont la surface était dégagée. Les prospections à vue sur près de 2 ha ont permis de retrouver des concentrations de céramiques d’une valeur moyenne de 2 tessons/m². Parmi ces tessons se détachaient deux ensembles : des formes caractéristiques de bols achéménide/LPW ouverts à bords arrondis ; des poteries de style Kaftari. Comme W. Sumner, nous avons donc retrouvé dans le secteur de Firuzi 2 des artefacts pré-achéménide, sans pour autant mettre en évidence la présence de céramiques Shoga/Teimuran. Nos prospections étant limitées, nous n’avons aucune donnée nouvelle à apporter sur les surfaces d’occupation. A proximité d’une station de pompage, située au sud du champ prospecté, plusieurs blocs taillés provenaient probablement de l’épierrement d’une parcelle voisine. L’un de forme cylindrique, mesurant une trentaine de centimètres de long, correspondait à une crapaudine de style commun et donc difficilement datable. Un autre fragment de bloc portait des traces de ciseaux, ou gradines, à dix dents. Ce type d’outil est utilisé à partir de l’époque achéménide et très largement sur les chantiers de la terrasse de Persépolis. Néanmoins son utilisation se poursuit au-delà de la période achéménide et rentre dans le champ des techniques de taille traditionnelle916. De plus, le nombre de dents n’a pas connu d’évolution dans le temps et dépend essentiellement de la dureté de la pierre917. Une occupation de période islamique étant proche, il est donc difficile d’attribuer ces différents éléments architecturaux en pierre à la présence de constructions d’époque achéménide à proximité. Le nivellement des différents tepes a probablement provoqué un étalement et un mélange du matériel archéologique entre Firuzi 1 et Firuzi 2. La présence de la crapaudine, élément architectural marquant par définition un niveau de sol d’habitat, démontre également que les couches archéologiques ont été profondément labourées et perturbées.

Le site de Firuzi 1 correspond quant à lui exactement à l’emplacement actuel d’un petit abri en parpaing protégeant une autre pompe diésel. De nombreux tessons de céramique commune islamique, plus particulièrement des gros fragments de jarres, ont pu être repérés aux alentours. Ces observations semblent donc confirmer la datation de Firuzi 1 proposée par W. Sumner.

Les nombreux tepes formant les sites de Firuzi 1 et Firuzi 2 ont tous disparus. Nos prospections dans ce secteur ont volontairement été limitées. Une prospection à vue sur sol nu, plus fine, des différentes parcelles aurait éventuellement pu permettre de délimiter plus précisément les deux zones d’occupation. Il est toutefois probable que les travaux de terrassement aient provoqués des perturbations importantes de la répartition de la céramique résiduelle. Les surfaces et les concentrations estimées n’auraient de ce fait aucune valeur car liées aux remembrements récents. Une éventuelle prospection plus poussée pourrait toutefois apporter des informations sur la nature du matériel archéologique présent. Concernant la prospection géophysique, l’arasement des reliefs et la présence d’éléments d’architecture en pierre dans les tas d’épierrement laissent présager une destruction importante des couches archéologiques les plus proches de la surface. Pour le site de Firuzi 2, les indices d’occupation les plus anciens remontant à l’Age du Bronze, il est donc probable que les couches d’occupation achéménide, plus récentes et donc plus superficielles, ont été complètement détruites du fait des travaux de terrassement. Enfin, Firuzi 2 s’étendrait, d’après W. Sumner, sur plus de 75 ha. L’étude approfondie d’une telle superficie aurait donc demandé un investissement en temps important pour des résultats très aléatoires.

Notes
914.

Cf. § 3.1.1

915.

Cf. § 2.6.3.1

916.

Nylander 1970 : 53-56

917.

ibid. : 28