5.4.2.2.2. Prospections à Firuzi 3/ Tol-e Rubai

Coordonnées UTM 39R : E 677714 m ; N 3311856 m

Figure 5‑37 : Photographie vers l’ouest de la partie préservée du tepe de Tol-e Rubai (cliché TDS, novembre 2005)
Figure 5‑37 : Photographie vers l’ouest de la partie préservée du tepe de Tol-e Rubai (cliché TDS, novembre 2005)

Le tepe correspondant à Firuzi 3/Tol-e Rubai existe encore aujourd’hui mais a été très endommagé depuis les prospections menées par W. Sumner puis L. Jacobs. Déjà L. Jacobs précisait au cours de sa description du site que le tepe avait été en partie détruit par la construction d’une pompe et le creusement de canaux pour conduire l’eau vers les champs voisins929. Durant nos visites effectuées au cours de l’automne 2005, le site était réduit à une surface d’un peu moins de 1,5 ha. Les travaux de terrassement agricoles ont donc induit la disparition de près de la moitié de la surface du site. Les superpositions des différents documents cartographiques, anciens et actuels, montrent que c’est en majeure partie le nord du relief qui a été arasé. Seule reste actuellement la partie sud du tepe qui forme une plateforme s’élevant à 1 m au-dessus du niveau de la plaine (Fig. 5-37). Cette partie sud a de plus subi d’importants nivellements destinés à aplanir le relief pour permettre sa mise en culture. De plus, la limite nord du tepe est en partie entamée par le creusement de grandes fosses destinées à entreposer du fumier provenant des dermes d’élevage proches. Autour de ces fosses, sur le tepe, des monticules de fumier ont également été stockés, diminuant de ce fait fortement les conditions de visibilité.

Du fait des conditions de visibilité, il était difficile d’estimer et d’étudier avec précision le matériel archéologique. Il existait de très fortes disparités suivant les secteurs considérés, la visibilité étant meilleure sur la zone cultivée au sud du site que sur la partie nord autour des grandes fosses. Dans la partie sud, la concentration de céramiques a été estimée à 1 tesson/m². Enfin, le matériel archéologique était plus abondant au pied des coupes périphériques produites par les différents travaux de nivellement entrepris autour du site.

Au cours de notre visite, nous avons pu constater que la céramique Kaftari était largement majoritaire, la céramique Shoga/Teimuran ne représentant qu’un quart des céramiques identifiables. Nos observations, si elles confirment une occupation du site au cours de l’Age du Bronze, révèlent donc une plus forte présence de céramique Kaftari, là où les prospections anciennes montraient une prédominance de céramiques Shoga/Teimuran. Il est tout à fait possible qu’au cours des nivellements successifs du tepe, les travaux de terrassement aient entamé les couches d’occupation Kaftari. L’élévation d’origine du site étant de 3 m et celle actuelle de 1 m, les dépôts archéologiques ont donc été arasés sur 2 m d’épaisseur. Le niveau actuel du relief pourrait de ce fait correspondre aux couches d’occupation Kaftari, expliquant le fait que le matériel caractéristique de cette époque soit actuellement plus présent à la surface du site. Pour conclure, mise à part les céramiques de l’Age du Bronze, aucun autre type n’a pu être reconnu, que ce soit des poteries plus anciennes Banesh ou plus récentes achéménide/LPW et islamique, catégories repérées au cours des prospections anciennes.

A la périphérie nord-est du tepe, l’une des coupes due aux travaux de terrassement montrait une section d’un mur en brique crue visible sur plus de 6 m de long et par endroit conservé sur une épaisseur de 70 cm. Au-dessus de cette structure en brique crue, la couche superficielle, très largement remaniée par les labours, présentait une forte concentration de matériel archéologique. Les artefacts correspondaient majoritairement à des tessons de céramiques Kaftari, mais comprenaient également des perles dont deux en cornalines et une en turquoise, un cauri, et un anneau ouvert en bronze (Fig. 5-38).

Figure 5‑38 : Anneau ouvert en bronze (à gauche) et cauri (à droite) retrouvés à Tol-e Rubai
Figure 5‑38 : Anneau ouvert en bronze (à gauche) et cauri (à droite) retrouvés à Tol-e Rubai

L’anneau en bronze (Fig. 5-38) mesure 6,5 cm de diamètre extérieur et 4 cm de diamètre intérieur, son épaisseur est proche du centimètre. La forme de cet objet évoque évidemment celle d’un bracelet bien que le diamètre intérieur paraisse petit. Parmi les sites fouillés dans la plaine de Persépolis, il n’existe que peu d’exemples publiés de bracelets en bronze de ce type. Pour l’époque achéménide, les quelques bracelets en bronze retrouvés à Persépolis ou au cours des fouilles du Persépolis Spring Cemetery possèdent des formes tout à fait différentes et sont beaucoup plus fins930. Les exemples publiés qui pourraient se rapprocher de celui retrouvé à Firuzi 3/Tol-e Rubai ont été retrouvés en contexte funéraire lors des fouilles de Tol-e Teimuran ainsi qu’à Tol-e Malyan. Les sondages à Tol-e Teimuran, ouverts par L. Vanden Berghe, ont mis au jour plusieurs bracelets en bronze retrouvée dans des tombes datées du IIe millénaire av. J.-C. L’un d’eux931, présente une forme proche mais la photographie n’a pas d’échelle et il est de ce fait impossible d’en relever les dimensions. Dans le texte il est cependant précisé que cet anneau fait 1,5 cm d’épaisseur. A Tol-e Malyan, plus précisément dans le sondage EDD, les fouilles des niveaux supérieurs ont permis la mise au jour d’une tombe située à proximité de la surface. Le défunt portait divers éléments de parure dont cinq bracelets en bronze de forme assez proche de celui trouvé à Tol-e Rubai932. Leur diamètre est compris entre 6 et 8 cm. La tombe n’a pas pu être datée avec précision, elle serait, d’après la stratigraphie, postérieure au niveau de la fin du IIe millénaire mais certainement antérieure à la période achéménide933. Ce type de bracelet ouvert devait donc certainement être utilisé dans la région durant le IIe et au début du Ier millénaire, périodes durant lesquelles Tol-e Rubai a été occupé. Le possible bracelet de Tol-e Rubai a toutefois été retrouvé dans la couche superficielle remaniée et pourrait provenir des niveaux plus récents, aujourd’hui arasés.

Nous n’avons donc retrouvé avec certitude aucun artefact se rapportant à l’occupation de la seconde moitié du Ier millénaire du site de Firuzi 3/Tol-e Rubai. Du fait des nivellements successifs, les niveaux achéménides ont certainement disparus. L. Jacobs avait de plus relevé la présence de céramiques achéménide/LPW uniquement dans la partie nord du tepe, la plus élevée, qui a aujourd’hui disparu. Il faut souligner ici que Firuzi 3/Tol-e Rubai est en voie de disparation complète, la mise en culture de sa surface et le creusement des fosses amenant à un arasement progressif du site et des vestiges.

Notes
929.

ibid. : 138-139

930.

Schmidt 1957 : plate 46/2-3 ; pour les fouilles du Persepolis Spring Cemetery ibid. : plate 89/2 et 4

931.

Overlaet 1997 : 7 - fig.3

932.

Carter 1996 : fig. 46/3-5 et 10-11

933.

ibid. : 47