5.4.4.4.2. Résultats des prospections magnétiques autour et sur Tol-e Jangi B

Entre les sites de Tol-e Ajori au sud-est et Tol-e Jangi B au nord-ouest, une bande de terrain de 30 m de large pour 300 m de long a pu être prospectée (Fig. 5-61 et Pl. 29). A ces surfaces s’ajoutent la prospection mise en œuvre sur Tol-e Jangi B ainsi qu’un carré test de 50 m de côté situé dans un champ au sud-ouest du tepe. Le terrain ne présentait pas d’obstacle majeur à la mise en œuvre de prospections magnétiques. Dans certains champs, des fossés d’irrigation peu profonds avaient été aménagés et ne se signalent que pas de très faibles anomalies. Sur Tol-e Jangi B, la présence de nombreux canaux ont limité l’extension de la prospection sur le tepe. L’existence d’une ligne électrique au bord du chemin longeant Tol-e Jangi B à l’ouest a provoqué quelques perturbations métalliques le long du carré prospecté dans le champ au sud-ouest du tepe ainsi qu’au sud du tepe.

Les prospections magnétiques sur la bande de terrain située entre Tol-e Ajori et Tol-e Jangi B n’ont révélé que très peu d’anomalies. Outre quelques anomalies ponctuelles de forte amplitude dues certainement à la présence d’objets métalliques dans le proche sous-sol, les résultats obtenus ne permettent pas de mettre en évidence une occupation ancienne entre les deux tepes. A proximité de l’angle sud de la bande prospectée, les plus fortes valeurs de gradient sont à associer aux possibles aménagements périphériques de Tol-e Ajori. A 85 m au nord-ouest, une anomalie rectiligne barre la bande prospectée, de très faible amplitude et dans l’orientation du parcellaire moderne, il doit s’agir d’une ancienne limite de parcelle disparue récemment. De même, 80 m plus loin, une très faible anomalie de forme courbe, isolée et orientée vers le nord, doit a priori être liée aux travaux agricoles.

En direction du nord-ouest, à 260 m du site de Tol-e Ajori, la carte du gradient magnétique présente un changement de réponse du terrain à proximité du site de Tol-e Jangi B. Il est marqué par la présence d’une anomalie linéaire, large de 7 m, de direction sud-ouest/nord-est, en décalage par rapport à l’orientation du parcellaire moderne. Cette anomalie présente un gradient positif. Elle semble amorcer à proximité de la limite ouest de la bande prospectée une inflexion à 90° en direction du nord-ouest (Fig. 5-61 – en rouge sur le schéma d’interprétation). Elle constitue une limite assez nette au nord de laquelle le magnétisme du terrain est plus élevé par comparaison aux valeurs mesurées dans les champs plus au sud.

Figure 5‑61: Carte du gradient magnétique sur et autour de Tol-e Jangi B, en insert agrandissement de la carte du gradient magnétique (en haut) et schéma d’interprétation (en bas)
Figure 5‑61: Carte du gradient magnétique sur et autour de Tol-e Jangi B, en insert agrandissement de la carte du gradient magnétique (en haut) et schéma d’interprétation (en bas)

Deux anomalies positives rectilignes et parallèles, espacées de 30 m, s’organisent perpendiculairement à la large anomalie décrite auparavant (Fig. 5-61 – en pointillé rouge sur le schéma d’interprétation). Les extrémités de ces deux segments semblent être reliées par des anomalies de plus faible amplitude. Celle située au nord-ouest est difficilement visible à cause des perturbations liées à la présence d’un poteau électrique à l’ouest. L’ensemble pourrait donc correspondre à une espace rectangulaire fermé et peut-être à l’emprise des vestiges d’une construction. L’emplacement de cette possible structure coïncide de plus avec celui de l’extension vers le sud du tepe de Tol-e Jangi B.

Concernant les résultats des prospections entreprises sur le tepe, la limite sud-ouest du site est marquée par une assez forte anomalie produite par le canal situé au pied du relief. Au centre du tepe, la carte magnétique ne révèle pas d’anomalies clairement organisées. L’anomalie ovale correspond exactement à la forme de la colline actuelle, elle est donc provoquée par la variation de topographie. Au sommet du tepe, les résultats obtenus permettent de deviner les limites d’une zone de forme vaguement carrée, mesurant une vingtaine de mètre de côté (Fig. 5-61 – en pointillé rouge sur le schéma d’interprétation). Cet espace se distingue des alentours immédiats par une valeur de gradient magnétique légèrement plus élevée. Ses limitent se repèrent mieux au sud qu’au nord où les nombreuses fosses de pillage produisent des groupes de fortes anomalies ponctuelles. Cet espace pourrait correspondre au contour général d’un bâtiment ou d’une terrasse située à proximité du sommet du tepe, sans pour autant pouvoir en préciser le plan précis. Les vestiges architecturaux, à l’origine de l’existence de ce tepe, doivent donc être très érodés et les possibles restes d’élévation sont probablement enfouis sous une épaisse couche de sédiments argileux, ce qui rend leur détection très difficile.

Malgré l’imprécision des résultats archéologiques, les données magnétiques obtenues permettent de différencier clairement la réponse magnétique de la zone d’occupation ancienne centrée sur Tol-e Jangi B de celle des terrains environnants. Sur et autour de Tol-e Jangi B, l’occupation ancienne se traduit assez clairement par une augmentation du magnétisme des couches sédimentaires superficielles. La surface concernée par cette occupation ancienne semble dépasser largement la stricte limite du tepe et pouvoir s’étendre jusqu’à la large anomalie détectée au sud du tepe. Cette dernière pourrait correspondre à la présence d’aménagements périphériques, peut-être s’agit-il d’une section d’une enceinte ou d’un fossé entourant le tepe. La surface prospectée autour de Tol-e Jangi B reste cependant trop limitée pour confirmer cette interprétation.

La carte obtenue sur un carré de 50 m dans un champ situé de l’autre côté du chemin qui longe le site au sud-ouest ne présente que très peu d’anomalies. Si l’on compare ces résultats à ceux obtenus sur et autour du tepe, ce secteur doit être considérée comme étant situé en dehors des limites de l’occupation ancienne.