Mis à part le site de Firuzi 3/Tol-e Rubai980, tous les tepes décrits par W. Sumner au sud du village de Firuzi ont aujourd’hui disparu du fait de l’activité agricole intense et des remembrements qu’elle a pu engendrer. De ce fait, il nous a été difficile d’évaluer plus précisément la nature de l’occupation achéménide et nous n’avons pas de données nouvelles à apporter. Pour ce faire nous aurions dû mettre en place une prospection fine des différents champs à l’emplacement des anciens sites avec un espoir de résultat assez faible. Il faut en effet envisager que les vestiges archéologiques dans le secteur de Firuzi Sud ont probablement été très largement détruits. Comme pour le secteur de Persépolis Nord-Ouest981, les niveaux d’occupation achéménide dans la région de Firuzi, incluant donc Firuzi Sud, paraissent peu profondément enfouis et ont donc été remaniés, tout d’abord lors du nivellement des différents tepes, puis du fait de la succession des labours. Une prospection dans un champ libre sur la zone de Firuzi 2 a toutefois permis de retrouver de très faibles concentrations de tessons achéménide/LPW, confirmant ainsi l’existence d’une occupation achéménide à cet endroit982. La présence de céramiques achéménide/LPW sur le seul site en partie préservée de Firuzi 3/Tol-e Rubai n’a pas pu être constatée. L’existence d’une occupation achéménide sur ce site n’est cependant pas à remettre en cause puisqu’elle a été constatée à la fois au cours des prospections de W. Sumner et L. Jacobs. Les différents terrassements qu’a subis ce site ont probablement fait disparaître les niveaux d’occupation achéménide. Les ramassages systématiques de L. Jacobs ont toutefois montré que l’occupation achéménide se limitait à une petite surface au sommet du tepe.
L’étude des données antérieures fait donc ressortir que l’occupation achéménide à Firuzi Sud se concentrait essentiellement à Firuzi 2. D’après W. Sumner, Firuzi 2 correspondait à un ensemble d’une vingtaine de tepes se répartissant sur une surface de 75 ha (Pl. 26 et fig. 5-35). Cela ferait de Firuzi 2 une des plus vastes zones d’occupation achéménide de la zone d’occupation de Persépolis. Cette surface est par exemple à comparer avec celle de Persepolis West estimée par W. Sumner à 25 ha. Ce chiffre doit toutefois être plus important puisque nos prospections dans le secteur de Persépolis Nord-Ouest ont montré une certaine continuité de l’occupation au-delà de Persepolis West, en direction de la terrasse de Persépolis et vers le nord (Pl. 24)983. La comparaison entre Firuzi 2 et Persepolis West pourrait également se faire sur des bases morphologiques, les deux sites correspondant à des regroupements de tepes pour la plupart de faible élévation. L’étude des cartes de 1966 montre toutefois que la concentration de tepes est plus faible à Firuzi 2 qu’à Persepolis West traduisant peut-être une plus faible densité d’occupation. L’estimation de la surface de Firuzi 2 est également peut-être à remettre en question. En effet, d’après le Gazetteer, il apparaît que le seul tepe que W. Sumner ait réellement visité correspond à Tol-e Akhandi. L’extension de l’occupation achéménide à l’ensemble des tepes regroupés dans Firuzi 2 pourrait donc résulter des observations issues d’autres prospections, en particulier celles de T. Cuyler-Young, évoquées par W. Sumner mais dont nous ne connaissons pas les résultats précis, ou encore celles L. Jacobs. L’estimation de la surface de Firuzi 2 demanderait donc à être précisée, probablement à partir de l’étude des archives de prospections des différents archéologues qui ont prospectés ce secteur. Il faut toutefois souligner que, même limité à Tol-e Akhandi et ses environs immédiats, Firuzi 2 correspond à un des plus grands sites achéménides de la plaine de Persépolis.
Tout en retenant les différentes remarques précédentes, les parallèles archéologiques entre Persepolis West, considéré par W. Sumner comme le quartier populaire de Matezzish984, et Firuzi 2 pourraient suggérer que ce dernier correspond également à une zone d’occupation dense. Dans les deux cas, les tepes présentant des concentrations de céramiques achéménide/LPW pourraient correspondre aux vestiges d’habitats communs, des zones d’activité économique et/ou administratives. Entre le secteur de Persépolis Nord-Ouest et Firuzi 2, l’occupation à Bagh-e Firuzi paraît être de nature différente. La plupart des vestiges connus à Bagh-e Firuzi témoigne de l’existence d’un ensemble de constructions luxueuses en partie en pierre et pour l’une d’elle en brique cuite985. Ainsi, le rattachement du secteur de Firuzi Sud au secteur de Firuzi, considéré par W. Sumner comme homogène, ne semble pas justifié. Le secteur de Bagh-e Firuzi pourrait en effet être considéré comme un bloc d’occupation royale et/ou aristocratique encadré par Firuzi 2 et Persepolis West deux blocs d’occupation commune (Pl. 41)986.
La différence entre le secteur de Firuzi Sud et ceux de Bagh-e Firuzi Ouest et Est est également marquée par une dynamique d’occupation différente. W. Sumner relève la présence d’une occupation de l’Age du Bronze, particulièrement importante à Firuzi 3/Tol-e Rubai. Nos prospections ont effet permis de confirmer l’existence d’importantes couches d’occupation Kaftari, mise au jour par des terrassements récents, et la présence de concentrations de tessons Shoga/Teimuran. Des poteries de l’Age du Bronze auraient également été détectées par W. Sumner à Firuzi 2, ce qui n’a pas été confirmé par les prospections de L. Jacobs. Pour les périodes postérieures au Ier millénaire, Firuzi 1 constitue une vaste zone d’occupation datée de l’islamique récent. Ces données montrent que le secteur de Firuzi Sud présente une dynamique d’occupation longue au sein de laquelle s’inscrit la période achéménide. Par comparaison, l’occupation à Bagh-e Firuzi est probablement à dater essentiellement de la seconde moitié du Ier millénaire, la plupart des sites ne paraissent pas avoir été réoccupés par la suite.
Cf. § 5.4.2.2
Cf. § 5.3.5.1
Cf. § 5.4.2.1.2
Cf. § 5.3.5.2.1
Cf. § 5.1.2.3
Cf. 5.4.5.1.2 et 5.4.5.1.3
Cf. § 5.7.3