5.4.5.1.2. Le secteur de Bagh-e Firuzi Ouest

Le secteur de Bagh-e Firuzi Ouest regroupe l’ensemble des sites que A.B. Tilia a décrit comme des constructions de prestige (aristocratiques et/ou royales) du début de la période achéménide, précédant la fondation de Persépolis. Certains des sites de ce secteur ont en effet fait l’objet de fouilles partielles qui ont mis au jour des éléments d’un bâti monumental ou présentent en surface des preuves de l’existence de constructions en pierre. Rappelons qu’ils correspondent aux sites Firuzi 4/F, 6/E, 8/C, 9/D et 11/B (Pl. 27 et 28). Lorsque les données italiennes sont ensuite reprises par d’autres auteurs, mise à part la synthèse parue en 1986 de W. Sumner, ce sont ces sites qui sont généralement explicitement cités lorsqu’est évoqué le la région de Firuzi987. C’est également à cet ensemble de cinq sites que W. Sumner fait référence quand il suggère l’existence d’un quartier résidentiel destiné à l’élite à Firuzi. Nos recherches sur le secteur de Bagh-e Firuzi Ouest sont restées limitées à des prospections à vue des différents tepes, et à la mise en œuvre d’investigation magnétique sur le site de Firuzi 9.

Les prospections à vue dans le secteur de Bagh-e Firuzi Ouest ont d’abord permis de corriger la carte archéologique proposée par W. Sumner. L’identification de Tol-e Jangi A/Firuzi 4 au site F tel qu’il a été décrit dans la publication de A.B. Tilia est apparue erronée988. Le site F correspond en fait à un ensemble de petits tepes, peu élevés, situés à proximité du tepe de Tol-e Jangi A, relief circulaire mesurant pour sa part 1,5 ha et 4 m de haut. Nous avons été en mesure de retrouver quelques blocs taillés en bordure des champs qui ont remplacé ces petits tepes aujourd’hui disparus. L’occupation achéménide du site de Tol-e Jangi A semble possible, mais il correspond à un site d’occupation qui a laissé des vestiges très différents de l’ensemble des autres sites de Bagh-e Firuzi Ouest. En effet, à l’inverse de ce qu’indique W. Sumner, sur ce tepe il n’existe que peu de preuves de l’existence d’éléments architecturaux en pierre. Le site est également plus élevé et plus vaste que l’ensemble des autres sites de Bagh-e Firuzi Ouest et il pourrait correspondre à une occupation de nature différente.

Le test de prospection magnétique sur Firuzi 9/D a donné une carte magnétique difficilement interprétable989. En tout cas, il n’a révélé de plan d’ensemble d’un bâtiment. La présence de plusieurs lignes électriques autour du site et la configuration des champs, très parcellisés à cette endroit, ne nous ont pas permis d’étendre les prospections au-delà du tepe. Dans le secteur de Bagh-e Firuzi Ouest, l’ensemble des tepes encore préservés, présentent généralement un état de surface très perturbé. On note la présence de nombreuses fosses de pillage et certains sites ont connu une mise en culture et ont alors subi des labours profonds avant qu’ils ne soient protégés par l’administration archéologique iranienne. Les couches superficielles du sol ont donc été profondément remaniées. Or, les quelques structures en pierre connues affleurent ce qui indiquerait une faible profondeur d’enfouissement des vestiges et des couches d’occupation associées. Les constructions en brique crue, associées aux diverses structures en pierre, ont donc probablement été largement endommagés voire arasés. Il est ainsi possible que la carte magnétique obtenue à Firuzi 9 reflète cette mauvaise préservation des vestiges archéologiques sur les sites de Bagh-e Firuzi Ouest.

En l’absence de données nouvelles importantes, nous devons nous baser uniquement sur celles publiées pour définir l’occupation à Bagh-e Firuzi Ouest. Il faut par exemple nous résoudre à restituer sur ces différents sites des édifices de prestige sans pour autant en connaître le plan et donc la fonction précise. Cependant, la présence de nombreux éléments d’architecture en pierre est remarquable. Comme le montrent les différents édifices du quartier royal, ils sont essentiellement réservés aux constructions de prestiges, royales et/ou aristocratiques. Comme le fait A.B. Tilia990, il faut également souligner une certaine similitude dans la morphologie des sites et dans la nature du matériel archéologique qu’ils ont pu fournir. Le groupe formé par les sites de Firuzi 4/F, 6/E, 8/C et 9/D présente en cela une remarquable cohérence991. Sur une superficie de 30 ha se concentre un groupe de tepes aux caractéristiques proches. Ils s’élèvent tous à moins de 1 m, présentent des éléments de constructions en pierre et paraissent avoir été construit sur une même période de temps. En l’absence de données sur les zones situées entre les différents sites connus, il est difficile de juger de la densité de l’occupation. Si l’on ne se fie qu’à la présence des tepes préservés, elle parait effectivement assez faible. Comme le suppose W. Sumner992, l’espace pourrait être occupé par des jardins ou des parcs. Enfin le site de Firuzi 11/B993 est assez excentré et il s’agit du seul bâtiment hypostyle attesté du secteur de Bagh-e Firuzi Ouest. La continuité spatiale l’occupation entre Firuzi 11 et l’ensemble des autres sites restent de plus à démontrer. Le bâtiment de Firuzi 11 pourrait constituer un site à part, peut-être entouré d’autres constructions, comme le prouverait l’existence d’un tepe recouvert de brique cuite à proximité, tepe qui a aujourd’hui disparu. Nous délimiterons donc l’existence d’un bloc d’occupation royale et/ou aristocratique homogène au seul ensemble formé par les tepes plus au sud.

Notes
987.

Stolper 1984 : 307 ; Briant 1996 : 99 ; Roaf 2004 : 396

988.

Cf. § 5.4.3.2

989.

Cf. § 5.4.3.3.2.2

990.

Tilia 1978 : 82

991.

Cf. § 5.4.3.2 et 5.4.3.3

992.

Sumner 1986a : 12, 28

993.

Cf. § 5.4.3.1