5.5.1.2. Prospections magnétiques à Dasht-e Gohar

5.5.1.2.1. Problématique et présentation des prospections

Les fouilles entreprises dans les années 1970 ont donc permis de mettre au jour un vaste bâtiment à colonnes, bâtiment probablement à caractère royal. La découverte de cet édifice a ainsi brisé l’isolement de la plateforme de Takht-e Rustam, les deux monuments étant probablement inclus dans un projet d’aménagement d’ensemble de la zone, comme le prouverait le parallélisme de leur orientation et la simultanéité probable de leur construction.

Si l’on délimite un espace dont les deux constructions occuperaient un angle, l’ensemble détermine une surface de plus de 2 ha qui apparaît majoritairement non construite. L. Trümpelmann propose par exemple de restituer à Dasht-e Gohar, un vaste ensemble clos, des jardins agrémentant l’espace entre les deux bâtiments1040. Toutefois, pour le moment, la nature des aménagements qui devaient exister entre les deux édifices n’est pas connue. Donc l’objectif de nos prospections magnétiques était d’étudier le plan d’organisation de Dasht-e Gohar. La mise en œuvre de cette méthode permet également d’obtenir des informations sur l’ensemble de la surface du site. Une reconnaissance dans les champs a révélé une quasi-absence de céramique1041 en surface, une prospection systématique à vue sur sol nu ne paraissait donc pas pouvoir donner de résultat.

Figure 5‑67 : Vue aérienne oblique sous ballon captif vers le nord de Takht-e Rustam (cliché BNC, printemps 2007)
Figure 5‑67 : Vue aérienne oblique sous ballon captif vers le nord de Takht-e Rustam (cliché BNC, printemps 2007)

Aujourd’hui, Takht-e Rustam et le bâtiment hypostyle sont entourés de champs cultivés. Autour de la plateforme, l’espace non-cultivé est réduit à une bande d’une trentaine de mètres (Fig. 5-67). La topographie à la périphérie de la plateforme est par contre un peu plus irrégulière : une assez large dépression entoure le monument et peut être liée à la mise en œuvre des fouilles au début des années 1930 par E. Herzfeld. Vers le nord, la construction est située à 50 m du bord de la terrasse supérieure du Pulvar qui surplombe de plus de 6 m la terrasse inférieure ; la topographie dans cette direction est très irrégulière, témoignant d’une érosion active des terrains. Il était alors impossible d’étendre les prospections magnétiques vers le nord. A l’emplacement du bâtiment à colonnes, les différents sondages archéologiques ont été rebouchés. A cet endroit s’élève un tepe peu élevé, de forme rectangulaire, mesurant environ 50 m sur 40 m (Fig. 5-68). Quelques blocs architecturaux sont visibles en surface : il s’agit de grandes dalles de calcaire, dont la présence est également mentionnée par A.B. Tilia1042. Le tepe est protégé de toute activité agricole.

Figure 5‑68 : Vue oblique vers le sud sous ballon captif de l’emplacement du bâtiment à colonnes (cliché BNC, printemps 2007)
Figure 5‑68 : Vue oblique vers le sud sous ballon captif de l’emplacement du bâtiment à colonnes (cliché BNC, printemps 2007)

Les prospections magnétiques ont été effectuées au cours du printemps 2005 ; elles ont permis de couvrir une surface proche de 2,5 ha (Pl. 30). L’objectif principal des investigations était dans un premier temps d’étudier l’espace situé entre les deux édifices. Les champs étaient libres de toute culture et leur surface était hersée. Seuls quelques canaux d’irrigation, étroits et peu profonds, avaient été creusés à travers les champs. L’emplacement du bâtiment à colonnes a également été inclus dans les surfaces prospectées ainsi qu’une bande de terrain à l’ouest de Takht-e Rustam de façon à obtenir une image plus complète d’éventuels aménagements périphériques autour de la plateforme.

Notes
1040.

Trümpelmann 1988 : 19-Abb.13, 20 ; repris par Tuplin 1996 : 89-90

1041.

Kleiss 1994 : 185 publie pour sa part quelques tessons datés de l’ère islamique, retrouvés à proximité de Takht-e Rustam.

1042.

Tilia 1978 : 79