5.5.3.2. Objectifs de l’étude et secteurs étudiés

Dans le cadre de notre étude de la zone d’occupation de Persépolis, les secteurs des piedmonts situés à l’intérieur constituent des régions qui ont certainement été parcourues et exploitées par les populations au cours de la période achéménide. Dans un premier temps, nous avons décidé de concentrer nos recherches sur le piedmont nord-ouest du Kuh-e Rahmat. Il présente en effet un paysage encore à peu près préservé par l’occupation moderne. En outre, les données disponibles sur le piedmont au nord de la terrasse montraient l’existence de nombreuses traces d’occupation : des sections d’un canal rupestre, des carrières, des aménagements funéraires rupestres.

Un des thèmes de nos recherches dans la plaine de Persépolis était l’étude des ouvrages hydrauliques. L’étude de ces aménagements fait l’objet d’une recherche spécifique menée par T. De Schacht1097. Nous avons toutefois décidé des détailler les résultats obtenus sur le canal longeant le Kuh-e Rahmat car sa construction est très probablement en lien avec l’occupation achéménide. La présence de ce canal est évoquée dès 1929 par E. Herzfeld1098. Plus tard, W. Kleiss en a publié le tracé schématique d’ensemble1099 ainsi que des vues de détail de quelques sections rupestres1100. La documentation concernant ce canal reste donc très incomplète. Son tracé n’est connu que très imparfaitement et l’on ne sait rien de son élévation et de sa pente. Pour étudier les questions de la prise d’eau ou de la destination du canal, cette dernière information est capitale. Nous avons donc décidé d’effectuer un relevé topographique1101 des élévations sur l’ensemble de ces sections préservées du canal, travail qui nous a également permis de les cartographier précisément. Ce relevé est également l’occasion d’étudier les différents modes de construction du canal, en particulier l’existence de parties construites alors que, jusqu’à présent, seules les parties rupestres sont connues.

La proximité d’affleurements de calcaire très accessibles à proximité de la terrasse se traduit par l’existence de plusieurs carrières entre Istakhr et la terrasse de Persépolis. La construction du quartier royal a dû demander d’importants volumes de pierre qui ont certainement été extraits pour partie dans les affleurements proches. Dès l’angle nord-ouest de la terrasse, accolée à celle-ci, on note la présence d’une carrière, ainsi qu’une autre sur les pentes du vallon au nord du quartier royal1102 (Pl. 21). Il faut de plus imaginer que le nivellement du piedmont du Kuh-e Rahmat a permis d’extraire d’importants volumes de pierre réutilisés pour les constructions1103. Plus au nord, cette exploitation semble se poursuivre le long du piedmont où plusieurs blocs équarris et abandonnés sont connus1104. Aucun d’eux n’a cependant été localisé précisément. De plus leur présence pourrait traduire une exploitation de la roche sur l’ensemble du versant. Nous avons donc procédé à une étude des indices d’extraction que nous avons repérés au cours de nos prospections.

Le troisième axe de nos recherches le long du Kuh-e Rahmat concerne les aménagements funéraires rupestres. Une grande partie des fosses et des niches sont connues et ont été étudiées. Concernant ces vestiges, nous n’avions pas pour objectif de les réétudier précisément. Toutefois, étant donné que nous en avons repéré un grand nombre au cours de nos prospections, nous les avons décrits brièvement. Il nous semblait de plus important de les prendre en compte dans le cadre de cette étude de l’occupation ancienne des piedmonts du Kuh-e Rahmat car ils constituent un des éléments dominants du paysage archéologique de ce secteur. Leur datation est souvent incertaine et les exemples tirés de nos prospections sont l’occasion de discuter de l’éventualité de leur utilisation au cours du Ier millénaire av. J.-C..

Pour terminer cette présentation, il faut noter que la nomenclature des sites, sous la forme MD suivi du code chiffre1105, utilisée pour les prospections dans l’ensemble de la plaine n’a pas été utilisée pour le piedmont au nord-ouest du Kuh-e Rahmat. En effet, certains vestiges ont été relevés au tachéomètre et d’autre au G.P.S., les uns et les autres sur trois saisons différentes ; notre nomenclature se basant sur les numéros de point GPS pris en continu, ce système ne pouvait que difficilement s’appliquer. Les différents points d’observations archéologiques sont décrits en partant d’Istakhr jusqu’au vallon situé au nord du quartier royal. Pour faciliter la lecture des cartes, un code a été attribué pour chaque point. La présentation des prospections est découpée en quatre secteurs : Istakhr Sud, Istakhr Sud-Ouest, Naqsh-e Rajab et Cheshmeh Ali. Chaque toponyme détermine le préfixe du code sous forme de lettre (respectivement IS, ISO, NR, CA) suivi d’un nombre incrémenté en respectant la progression de nos prospections le long du piedmont.

Notes
1097.

Cf. § 6.2.5.1 et Pl. 45

1098.

Herzfeld 1929 : 20-21

1099.

Kleiss 1976 : 132-Abb.1 pour une carte d’ensemble, 137-Abb.7 et 139-Abb.10 pour des cartes plus détaillées des environs de Naqsh-e Rajab et au nord de la terrasse sur lesquelles le tracé du canal apparaît.

1100.

Kleiss 1994 : 171-Abb.5

1101.

Cf. § 3.1.2

1102.

Cf. § 5.2.3.5

1103.

Cf. § 5.2.3.2.1

1104.

Voir Kleiss 1993a

1105.

Cf. § 3.1.2