5.5.3.4.3. La partie occidentale du grand vallon au sud-ouest d’Istakhr

La partie sud-ouest du vallon, à l’ouest de la digue décrite ci-dessus, est occupée par une vaste décharge moderne aujourd’hui abandonnée. En dehors de la présence d’épaisses couches de déchets qui recouvrent le piedmont, elle a provoqué d’importants travaux de terrassement et un nivellement de l’ensemble de la partie sud-ouest du vallon.

A une quinzaine de mètres au-dessus de la plaine, plusieurs gros blocs de 2 à 3 m de long, qui se sont naturellement détachés des bancs calcaires affleurants, présentent des séries de trous rectangulaires reliés par un sillon rupestre creusé sur 1 cm d’épaisseur (Pl. 32). Les trous rectangulaires mesurent en moyenne 10 cm par 5 cm, les parois sont biseautées et le fond présente un surcreusement de forme cylindrique de petit diamètre. Ces trous sont certainement des emboîtures destinées à insérer des coins triangulaires métalliques pour fracturer le bloc et en débiter une partie. Trois blocs proches présentent ce type de marque, un autre, en partie débité, montre des négatifs de trous rectangulaire. Ces observations démontrent l’exploitation opportuniste des blocs de calcaire qui se détachent naturellement des pentes du massif qui peut se pratiquer tout au long du piedmont nord-ouest du Kuh-e Rahmat.

Sur une longueur de 25 m, des blocs alignés affleurent en deux sections distinctes (Pl. 32). Ces alignements ne sont formés que d’une seule rangée de pierres, des blocs épars de part et d’autre pourraient toutefois dessiner la présence d’un second parement aujourd’hui disparu. Aux alentours de la section la plus au nord, on note la présence de nombreux tessons sur un secteur limité à quelques mètres carrés. Il s’agit de tessons de céramiques communes probablement sassanide/islamique ancien. Ils étaient difficilement identifiables car très érodés. Ces alignements sont situés à une altitude moyenne de 1624 m, soit 6 m au-dessous du niveau de la section de canal rupestre ISO7. Sachant qu’en suivant les lignes de niveau, près de 1,5 km séparent ISO8 de ISO7 et si l’on suppose que ces deux alignements correspondent aux vestiges d’une section construite du canal, la pente serait de 4‰, soit supérieure à la valeur moyenne estimée en amont. Il faut de plus noter que les sections rupestres relevées au nord et au sud du site de Naqsh-e Rajab (NR1, NR2 et NR5, Pl. 33), sur le versant occidental du Kuh-e Rahmat, sont à une altitude moyenne de 1625 m, c’est à dire qu’ils sont plus hauts que les alignements affleurant observés au point ISO8. Il est donc peut probable, vu leur structure à simple parement et du fait des mesures d’altitude, que ces aménagements correspondent à une section construite du canal. La présence de concentrations de céramiques indiquerait l’existence d’une ancienne zone habitée dans le secteur, les structures affleurantes pouvant correspondre à des murs de terrasse.

A l’extrémité nord-ouest du vallon, une petite niche rupestre a été creusée dans les bancs de calcaire surplombant la route asphaltée moderne (Pl. 32). Elle est de forme rectangulaire et mesure 30 cm par 40 cm1142. Au-dessus, à la surface de la dalle calcaire, nous avons relevé la présence d’un trou circulaire de 30 cm de diamètre et 5 cm de profondeur. Il ne présente ni bourrelet, ni rigole sur sa périphérie. Ces détails morphologiques, ainsi que sa faible profondeur, rendent très incertaines une fonction funéraire. Il pourrait donc s’agir d’une base rupestre destinée à enchâsser un fût cylindrique qui du fait de sa position au-dessus de la route pouvait servir d’ancienne borne routière à l’endroit où son tracé contournait la montagne et bifurquait en direction de la terrasse de Persépolis.

Notes
1142.

Boucharlat 1978 : fig.12 note à cet endroit la présence de deux niches rupestres, il est donc possible qu’une seconde niche ait été aménagée à proximité et qu’elle ait aujourd’hui disparu du fait de l’érosion ou de la construction de la route moderne.