5.5.3.5.3. Le vallon au sud de Naqsh-e Rajab

Ce vallon est situé à 800 m au sud de Naqsh-e Rajab. Seuls les piedmonts sont accessibles, la partie nord du vallon étant occupée par une station service et le sud par un ferme d’élevage.

Au fond d’un vallon secondaire escarpé creusé par un talweg, la paroi d’un banc calcaire est creusée de deux chambres rupestres, d’une niche et d’une fosse1149 (Pl. 33 et Fig. 5-80). La chambre la plus au sud est une chambre moyenne à ouverture rectangulaire. Plus au nord, la petite niche rectangulaire paraît inachevée car elle ne fait que quelques centimètres de profondeur. Enfin la seconde chambre, du même type que la première, est associée à une fosse rupestre extérieure. Cette dernière a été étudiée plus précisément par plusieurs auteurs car elle présente un des rares cas d’association d’une chambre et d’une fosse1150. L’emplacement des deux aménagements funéraires les plus au nord semble avoir été choisi avec soin et profite d’un abri sous roche naturel lié à l’érosion de la paroi. Dans les deux cas, la paroi présente toutefois des traces de pics qui montrent que la surface a été aplanie avant le creusement des chambres. De l’autre côté du vallon, sur le versant nord, une troisième chambre moyenne a été creusée dans la falaise.

Figure 5‑80 : NR6, vue vers l’est des deux chambres funéraires surplombant un bloc portant des traces d’emboîture de coin (cliché TDS, printemps 2008)
Figure 5‑80 : NR6, vue vers l’est des deux chambres funéraires surplombant un bloc portant des traces d’emboîture de coin (cliché TDS, printemps 2008)

Au pied de cet ensemble funéraire, plusieurs blocs erratiques épars portent des traces de série d’emboîtures rectangulaires de coins, témoignant d’une exploitation opportuniste de la pierre dans ce petit vallon secondaire (Fig. 5-80). Des amorces d’enjarrots1151, formant des sillons d’une vingtaine de centimètres de large, ont également été repérées dans les affleurements rocheux au pied des chambres rupestres. Elles témoignent de la tentative d’ouvrir un front de taille plus important à côté de l’exploitation opportuniste des blocs détachés naturellement du fait du développement du réseau de fissures dans les bancs de calcaire.

Le piedmont le long de la limite orientale du vallon est longé par un épaulement de 250 m dans lequel est creusé un canal de 1 m de profondeur (Pl. 33). Ce canal, bien qu’il ne soit plus en fonction aujourd’hui, est moderne. Le talus lui-même correspond au dépôt sédimentaire naturel provenant de l’érosion des pentes et n’a pas été construit par l’Homme. Au niveau de cet épaulement, le tracé du canal moderne aurait pu reprendre un ancien tracé comme pourrait le démontrer la présence de quelques gros blocs équarris au fond. Les mesures topographiques ont cependant permis de relever une altitude légèrement inférieure à 1626 m, soit plus élevée que l’altitude de la seconde section rupestre au sud de Naqsh-e Rajab. Pour respecter les élévations en prenant en compte la pente moyenne du canal, l’épaulement aurait dû être creusé sur plus de 3 m de profondeur pour faire passer le canal, il aurait donc pu passer plus bas dans le vallon.

Plus au sud, W. Kleiss a de plus relevé la présence d’un mur affleurant sur les pentes de la montagne. Il l’interprète comme une rampe d’accès en liaison avec l’activité de carrière au point NR8 sur les pentes du vallon1152.

Le versant sud du vallon présente de nombreux blocs équarris épars, au pied et sur le versant de la montagne. Ceux situés au pied sont en partie travaillés, les surfaces d’un bloc monolithique de 2 m de long étant par exemple dégrossies et rectifiées au pic. Sur le versant, des négatifs d’emboîtures de coins sont visibles sur plusieurs blocs. Sur l’ensemble du versant des traces d’extraction moderne ont également pu être observée, elles ont en partie entamé les indices plus anciens.

Si l’on considère l’ensemble du vallon, toutes les pentes paraissent avoir été exploitées pour récupérer les blocs qui se détachent naturellement du fait de l’érosion des bancs de calcaire. Sur les versants, les blocs sont débités au coin, ensuite ils sont descendus au pied de la pente pour être dégrossis. L’absence de front de taille bien délimité traduit bien la mise en œuvre d’une exploitation opportuniste, le développement du réseau de failles libérant des blocs presque parallélépipédiques. Ce mode exploitation laisse peu de traces mais a pu donner lieu à l’extraction d’un volume important de pierre.

Notes
1149.

Kleiss 1976 : 137-138 publie une description de l’ensemble ainsi que des traces d’exploitation de la pierre.

1150.

Vanden Berghe 1953 : 7 ; Boucharlat 1978 : 366 ; Huff 1988 : 168 et Taf.52,3

1151.

« Tranchée verticale suffisamment large pour qu’un carrier puisse s’y introduire et la creuser aussi profondément que nécessaire », définition reprise de Abdul Massih & Bessac 2009 : 62

1152.

Kleiss 1976 : 138. L’existence de ce mur n’a pas pu être vérifiée au cours de nos visites celui-ci se trouvant au-delà du grillage entourant l’exploitation aviaire au sud du vallon.