A la pointe nord-ouest du secteur de Cheshmeh Ali, une section rupestre du canal surplombe la route et décrit une courbe de 32 m de long (Pl. 35). L’altitude moyenne de cette section est de 1622 m. En suivant les lignes de niveaux de la topographie, 1300 m séparent la partie rupestre NR5 au sud de Naqsh-e Rajab de CA1. La pente entre les deux points est très proche de 2,2‰. Il ne fait donc aucun doute que cette section appartient au même système de canal. Concernant la technique de construction, de même que pour les sections rupestres (NR1, NR2 et NR5) autour de Naqsh-e Rajab1153, le canal ne forme pas une tranchée dans la roche mais une plateforme sans paroi externe.
Au-dessus de cette section rupestre, creusée dans la dalle calcaire au sommet du relief qui surplombe le vallon au sud, E.F. Schmidt présente ce qu’il interprète comme une citerne1154. Nous ne l’avons pas visitée au cours de nos prospections, elle est toutefois bien visible sur les photographies aériennes. Cette citerne correspond à une fosse de section carrée et de profondeur indéterminée. E.F. Schmidt semble douter1155 de cette fonction hydraulique du fait de l’absence d’occupation attestée dans le secteur mais lie sa présence à celle du canal en contrebas. Cette fonction de stockage de l’eau semble exclue car cette fosse se trouve sur une crête, une citerne destinée à recueillir les eaux de pluies aurait été construite plutôt en bas de la pente. Une relation entre le canal et cette fosse située 30 m plus haut semble de plus difficile à concevoir. Il faudrait plutôt considérer cet aménagement rupestre comme une fosse funéraire.
Au pied de la dalle calcaire, un alignement de blocs a été relevé sur 45 m de long : il est constitué de blocs de calcaire équarris qui délimitent une terrasse de 2 m de large longeant les affleurements rocheux (Pl. 35).
L’altitude moyenne de cette terrasse est proche de 1620,5 m. Comparé à la section rupestre CA1 qui se trouve à 75 m plus au nord et en prenant en compte la pente générale du canal, le niveau de cet aménagement paraît trop bas. Cette terrasse pourrait toutefois constituer la base d’un talus ou d’une construction aujourd’hui disparue dans laquelle l’eau circulait. En effet, le long de cette terrasse, les élévations vont en diminuant régulièrement vers le sud. De plus, si l’on trace un axe reliant les deux sections rupestres CA1 et CA3, il passe par la terrasse CA2. Enfin, la largeur de la terrasse, 2 m, ne peut la destiner à être cultivée ou à soutenir des bâtiments. CA2 correspond donc à une section construite du canal.
La technique de construction de cette section construite diffère des sections ISO3 et ISO6 dans le secteur d’Istakhr Sud-Ouest où le soubassement du canal présentait un alignement à double parement. Ici, une terrasse a été construite pour aplanir le terrain et permettre le passage du canal : elle prend appui sur la dalle calcaire affleurante et elle est délimitée par un mur à simple parement de blocs décimétriques.
Nous avons relevé une très courte section rupestre du canal sur 1 m de long. Son altitude est de 1620,6 m. La pente calculée à partir du dernier point relevé sur la section rupestre CA1 est proche de 2‰, ce qui est un peu moins que les valeurs calculées dans le secteur d’Istakhr Sud-Ouest (2,5‰) et de Naqsh-e Rajab (2,2‰) mais reste dans le même ordre de grandeur.
Cf. § 5.5.3.5.2
Schmidt 1953 : 56
ibid. : 212, à la fin du chapitre décrivant la citerne à l’est de la terrasse de Persépolis, E.F. Schmidt évoque à nouveau, à titre de comparaison, cette supposée citerne et exprime très explicitement la difficulté qu’il peut avoir à expliquer sa localisation.