5.5.3.6.3. Entre Cheshmeh Ali et le vallon au nord de Persépolis

Au sud-ouest du vallon du Persepolis Spring Cemetery, un alignement de blocs affleure sur 8 m de long (Pl. 35). Son altitude se situe autour de 1621 m, la valeur est plus élevée de 0,5 m que celle déterminée sur la section rupestre CA3 plus au nord. Toutefois d’autres blocs affleurent plus au sud dans l’axe de cet alignement et en direction de la section rupestre CA8. CA7 pourrait éventuellement constituer les vestiges d’une section du canal construite très mal préservée.

Dans l’axe de CA7, on retrouve le tracé du canal composé de deux sections rupestres : section 1 pour la plus au nord, section 2 pour la plus au sud. Des alignements de quelques blocs sont connectés aux deux sections rupestres et entre les deux la roche montre également des traces de rectification au pic. A partir de ces quelques indices, il est possible de repérer le tracé du canal, qui était construit, entre les sections 1 et 2. L’ensemble forme une courbe de 40 m de long dans les affleurements au sud du vallon (Pl. 35).

La section 1 mesure 10 m de long, elle correspond à une tranchée de 1,2 m de large, surcreusée au centre sur une largeur de 80 cm. Le sillon central, emboîté dans la tranchée plus large, est comblé de sédiments. L’altitude mesurée au nord de la section 1 est de 1620,7 m, une valeur légèrement plus élevée que celle de la section rupestre précédente CA3. La mesure a été prise dans le sillon central et il faut donc prendre en compte l’épaisseur du comblement que nous n’avons pas pu estimer. Cette valeur d’altitude pourrait également expliquer la nécessité de surcreuser la tranchée rupestre pour permettre la circulation de l’eau.

Les altitudes sur la section 2, de 3 m de long, ont été relevées sur la roche nue. Elles donnent une altitude moyenne de 1619,9 m. Les mesures de la pente du canal entre la section 2 et la section rupestre CA3, puis CA1 située à plus de 1 km au nord (Pl. 35), donnent respectivement une valeur de 1,2‰ et 1,7‰. La pente en amont est assez faible et la pente en aval, calculée par rapport à la section rupestre CA9 plus au sud, est beaucoup plus forte. L’altitude de la section 2 paraît donc trop élevée. Son aspect pourrait de plus le confirmer, elle est en effet travaillée très grossièrement au pic et sa surface n’est pas lissée ce qui pourrait indiquer son inachèvement. Le canal pourrait donc passer légèrement plus bas au niveau de la section 2.

A 5 m au-dessus de la section 2, un bloc parallélépipédique de 2 m de haut a été relevé et est posé sur son champ. Il ne porte pas de trace de taille mais le fait qu’il ait été relevé pourrait constituer un indice d’exploitation des bancs de calcaire fissurés. Cette hypothèse est renforcée par la présence en contrebas de la section 1, au bord de la route, d’un bloc cylindrique équarri, semi-circulaire, de plus de 2 m de diamètre. Bien qu’incomplet, c’est le second bloc de forme circulaire de cette taille rencontré sur les piedmonts nord-ouest du Kuh-e Rahmat avec celui situé au sud de Naqsh-e Rajab1172 (NR3).

Figure 5‑81 : Section rupestre CA9 du canal précédée de plusieurs blocs, constituant les vestiges de la section construite en amont (vue vers le sud-est, cliché SG, printemps 2005)
Figure 5‑81 : Section rupestre CA9 du canal précédée de plusieurs blocs, constituant les vestiges de la section construite en amont (vue vers le sud-est, cliché SG, printemps 2005)

Ce point correspond à une section rupestre du canal de 27 m de long (Pl. 35). Une tranchée de plus de 1 m de large a été creusée dans la roche puis surcreusée sur 80 cm de large le long de sa paroi occidentale (Fig. 5-81). Au nord, cette section rupestre est précédée d’une rangée de quatre blocs de calcaire qui s’alignent avec sa paroi orientale (Fig. 5-81). Ces blocs correspondent aux vestiges de la section construite du canal qui précédait la section rupestre. Il est nécessaire de restituer un second parement parallèle, aujourd’hui disparu, construit dans l’alignement de la paroi rupestre occidentale.

Le surcreusement étant comblé, il était impossible de prendre les mesures d’élévations sur la roche nue. Les altitudes mesurées le long de CA9, 1619,6 m en moyenne, témoignent d’une pente nulle. Toutefois le dénivelé de 0,3 m par rapport à la section rupestre CA8 (section 2), située à 60 m plus au nord, donnerait une pente du canal de 5‰. Cette pente, de valeur beaucoup plus élevée que celles mesurées jusqu’à présent, permet de supposer, un inachèvement, ou un abandon, de la partie rupestre CA8. La pente calculée depuis CA1, à 1,3 km au nord, est de 1,8‰. Au fur et à mesure des calculs de la pente du canal, il semblerait que, dans le secteur de Cheshmeh Ali, elle diminue par rapport à celles estimées sur le long du piedmont nord du Kuh-e Rahmat ou autour de Naqsh-e Rajab.

A 5 m au-dessus du canal, un bloc de forme carré de 1,3 m de côté et 0,4 m d’épaisseur est posé de champ et témoigne, comme en CA8, de l’exploitation opportuniste de la dalle calcaire fracturée.

Au sud d’une chambre rupestre1173, au pied d’une petite falaise de 5 m de haut, deux sections rupestres du canal, de 1,5 m de long chacune, ont été creusées, elles sont espacées de 11 m. Elles présentent une profondeur de 80 cm. L’altitude moyenne au fond de ces deux tranchées est de 1619,5 m. La pente est de 1,8‰ par rapport à la section rupestre CA9 située 55m plus au nord. CA10 correspond à la dernière section rupestre relevé au nord de la terrasse de Persépolis.

Plusieurs sections de quelques blocs alignés dessinent un alignement simple et continu de 53 m de long qui pourrait correspondre une section construite du canal. L’altitude moyenne relevée à la surface des blocs est cependant situé à 1618,5 m de haut, ce qui est très bas par rapport à la section rupestre CA10 plus au nord. Il faudrait restituer une superstructure de 1 m de haut au-dessus des blocs pour rattraper la différence d’altitude. Les altitudes mesurées à la surface des blocs le long de l’alignement ne traduisent pas l’existence d’une pente vers le nord. Cet aménagement pourrait donc correspondre à une section construite du canal mais également délimiter une terrasse de toute autre fonction.

Au sommet des affleurements calcaires surplombant la plaine, on note la présence d’une fosse rupestre. Trois autres ont été relevées entre CA10 et CA12. Il s’agit de grandes fosses. L’une avait conservé une partie de son couvercle en pierre1174. Une autre est manifestement inachevée, les contours de la fosse sont restés grossièrement taillés et sans feuillure ni bourrelet. Cet ensemble de monuments funéraires1175 est à relier aux différentes niches, chambres et fosses rupestres publiées par W.Kleiss dans le vallon situé au nord de la terrasse de Persépolis1176. Au total, ce sont près d’une douzaine de monuments funéraires rupestres qui ont été relevés entre CA10 et CA12, ce qui, depuis le sud d’Istakhr, où le nombre d’aménagements funéraires rupestres est très élevé, représente la plus importante concentration de chambres et de fosses le long du versant nord-ouest du Kuh-e Rahmat.

Figure 5‑82 : CA13, relief rupestre sur un bloc situé à 750 m au nord de la terrasse de Persépolis
Figure 5‑82 : CA13, relief rupestre sur un bloc situé à 750 m au nord de la terrasse de Persépolis

Une vingtaine de mètres au sud de CA11, un bloc situé au pied de la paroi rocheuse présente un petit bas-relief1177 (Fig. 5-82). Il est taillé dans un panneau rectangulaire de 38 cm de hauteur pour 32 cm de large. Le motif paraît assez énigmatique, il ressemble à une porte, entourée de deux colonnes et surmonté d’un linteau en forme de corne. Il s’agit peut-être de la représentation figurée d’un bâtiment, peut-être librement inspirée des bâtiments ou des tombes royales de Persépolis. La présence de ce bas-relief pourrait également être mise en relation avec la niche et les différentes fosses funéraires situées à proximité, une des fosses étant située juste au-dessus. Le motif aurait alors une valeur symbolique en lien avec un ou des défunts inhumés à proximité.

Notes
1172.

Cf. § 5.5.3.5.2

1173.

Signalée par Boucharlat 1978 : fig.12 et fig.69 mais non décrite

1174.

Boucharlat 1991 : pl.25-fig.4d en publie une photographie

1175.

Boucharlat 1978 : fig. 69 publie une carte de l’ensemble des fosses et chambres sur la pente nord du vallon au nord de Persépolis.

1176.

Kleiss 1976 : 139

1177.

Carbone 1968 : 43 et 106-fig.120 a publié une photographie du bas-relief sans le décrire plus précisément.