5.5.4. Bilan des prospections

5.5.4.1. Le canal entre Istakhr et Persépolis

5.5.4.1.1. La pente du canal

Des sections du canal, qui longe le piedmont nord-ouest du massif du Kuh-e Rahmat, ont pu être repérées sur environ 7 km (Pl. 36). Cette distance est une estimation prenant en compte les formes du relief et non pas une distance linéaire prise entre la section la plus en amont (IS4) et celle la plus en aval (CA10). La majeure partie du tracé du canal a aujourd’hui disparu et seuls les vestiges de 16 sections ont pu être repérés, représentant au total une longueur préservée d’un peu plus de 500 m, soit moins de 10% de la longueur totale estimée. Ici, nous ne prenons en compte que les sections qui correspondent de manière attestée au canal. Parmi ces sections préservées, 12 correspondent à des traces rupestres du canal et seulement 4 à des sections construites. Les parties construites du canal, qui représentaient la majorité de son tracé, ont donc disparu, du fait des recouvrements sédimentaires, de l’érosion des versants ou plus globalement des destructions modernes. Ces dernières sont liées aux nivellements agricoles, à la construction de bâtiments dans les vallons et des routes asphaltées qui longent le piedmont.

La pente générale du canal est de 2‰. Elle est calculée entre la section rupestre du canal la plus en amont (IS4 – altitude moyenne de 1634,5 m), située le long de la construction en pierre au sud d’Istakhr, et la section rupestre la plus en aval (CA10 – altitude moyenne de 1619,5 m), située à près d’un kilomètre au nord de la terrasse de Persépolis. La pente du canal est plus forte sur le versant nord du Kuh-e Rahmat. Dans les secteurs d’Istakhr Sud et Sud-Ouest, elle est généralement supérieure à 2‰ et peut atteindre 2,5‰. Sur le versant ouest, dans les secteurs de Naqsh-e Rajab et Cheshmeh Ali, elle est comprise entre 1,5‰ et 2‰1178.

Seules les sections rupestres ont été considérées pour effectuer les calculs car elles permettent de mesurer les élévations à un niveau proche de celui du fond du canal. Le niveau de circulation de l’eau n’étant pas connu pour les sections construites et les alignements de blocs ayant pu bouger, les altitudes mesurées sur ces quelques parties ont été écartées. Les altitudes mesurées sur les sections construites permettent toutefois de déterminer une trop grande différence d’altitudes entre un alignement de blocs et les sections rupestres proches. Par exemple au nord-ouest du grand vallon situé au sud-ouest d’Istakhr (ISO8), nos mesures ont permis d’affirmer qu’un alignement de blocs, qui auraient pu constituer les vestiges d’une section construite, correspondait en fait à une construction de toute autre nature.

Malgré nos prospections, deux caractéristiques essentielles de ce canal restent inconnues : vers le nord la localisation du captage de l’eau et vers le sud la destination du canal. L’estimation de la pente associée à l’étude hydrologique et géomorphologique de la région permet d’étudier différentes hypothèses.

Notes
1178.

Les aqueducs romains présentent souvent ce type de profil irrégulier ; bien qu’assez éloignés d’un point de vue géographique et chronologique, les aqueducs romains correspondent aux réseaux d’irrigation antiques les mieux étudiés. Dans une monographie traitant en grande partie d’une étude technique de ces aménagements hydrauliques Hodge 1992 : 172-197 consacre un chapitre à la question de la pente des aqueducs romains, il lie les différences de pentes à des contraintes topographiques, à des erreurs dans le calcul des pentes ou à la construction de plusieurs tronçons de manière simultanée par des équipes différentes.