5.5.4.3. Le nord du Kuh-e Rahmat : une nécropole ?

5.5.4.3.1. Répartition des aménagements funéraires rupestres

Sur l’ensemble de la zone prospectée, 82 aménagements funéraires rupestres ont pu être relevés (Pl. 38). Parmi eux, on compte, sans distinction de sous-catégories, 62 fosses et 20 niches : les fosses représentent donc plus des trois quarts des monuments funéraires. Concernant leur répartition, les affleurements rocheux au sud d’Istakhr concentrent la grande majorité de ces aménagements, 65 fosses ou niches ont été relevées (Pl. 31). Vient ensuite le vallon au sud de Naqsh-e Rajab (NR6) avec 4 niches (Pl. 33) et les reliefs au sud de la source de Cheshmeh Ali (Pl. 35) avec 4 fosses (CA12) et une niche (CA10). Les 8 aménagements restants sont disséminés entre Istakhr et Persépolis et le plus souvent isolés. Pour compléter cet aperçu, il faut également ajouter : les deux tombes royales à l’est de la terrasse de Persépolis, la tombe royale inachevée au sud du Barzan-e Jonoubi (Pl. 19) et la trentaine d’inhumations en pleine terre retrouvée à proximité de la source de Cheshmeh Ali (Persepolis Spring Cemetery – Pl. 35).

Il ne s’agit aucunement d’un relevé exhaustif de l’ensemble des aménagements funéraires rupestres de la partie nord du massif du Kuh-e Rahmat, les prospections s’étant limitées aux pieds des versants. Il est certain que, plus en altitude, les pentes du Kuh-e Rahmat recèlent d’autres fosses ou niches, et de nombreux cairns1223. Ce dernier type de tombe, très présent sur les différents massifs de la plaine, n’a pas été relevé au pied des versants nord-ouest du Kuh-e Rahmat, les cairns étant cependant bien présents plus en altitude comme nous avons pu l’observer au cours de différentes incursions à l’intérieur du massif1224. L’intérêt du corpus réuni ici réside essentiellement dans la démarche systématique de relevé des différentes niches et fosses situées en bas des piedmonts nord-ouest du Kuh-e Rahmat. Jusqu’à présent, les différentes publications se focalisaient plutôt sur certains secteurs remarquables : le relevé cartographique de l’ensemble permet ici de donner une image plus complète du paysage funéraire entre Istakhr et Persépolis (Pl. 38). La question de la typologie, voire de la typochronologie, des fosses et des niches ne sera pas débattue ici. Cette question est trop complexe pour être abordée à partir de la prise en compte des seules données du Kuh-e Rahmat. Ces aspects ont été abordés, à l’échelle de la Perse, par diverses publications1225, desquelles découlent des divergences de vue qui seront rapidement mentionnées uniquement à propos de la datation des aménagements funéraires rupestres. Concernant la typologie, nos prospections apportent toutefois quelques éléments nouveaux. Ainsi au sud d’Istakhr, deux fosses reliées à des chambres souterraines creusées sous la dalle calcaire représentent un nouveau type de sépulture (Fig. 5-72b).

Notes
1223.

En 2007, l’étude exhaustive des monuments funéraires dans le massif du Kuh-e Rahmat, au nord de Persépolis, a fait l’objet d’une recherche conduite par A. Jafari, archéologue au P.P.R.F. Nous ne disposons pas du résultat détaillé de ses recherches mais ce dernier nous a lui aussi confirmé la présence de nombreuses fosses et cairns plus en altitude.

1224.

Lors d’une marche jusqu’au sommet de la montagne qui domine la terrasse de Persépolis à une altitude de 2221m, la présence de nombreux cairns a pu être constaté sur les pentes jusqu’au sommet. Huff 1991 : 200, fig.2 indique par exemple, sur une carte de répartition des monuments funéraires aux alentours de la terrasse de Persépolis, la présence d’un cairn au sommet du relief qui domine le groupe de fosses situées au nord du vallon nord.

1225.

Boucharlat 1978, 1991 ; Huff 1988, 1992, 2004 ; Trümplemann 1984