Le bloc d’occupation de Persépolis Nord-Ouest (Pl. 41) a pu être défini à partir des résultats des différentes prospections magnétiques menées conjointement par notre équipe1353 et par la Persepolis Pasargadae Research Foundation1354. Parallèlement, nous avons procédé à diverses observations archéologiques en surface, prospections systématiques dans les champs et relevés de coupes, qui permettent de mieux caractériser l’occupation. Depuis, la série de sondages ouverts par une équipe irano-italienne1355 sur le tracé des différentes anomalies visibles sur les cartes magnétiques, a permis d’apporter des informations plus précises sur la nature des aménagements détectés grâce à la prospection géophysique. Ces recherches ont permis une étude assez détaillée des vestiges d’occupation dans le secteur, tout en constatant que l’activité agricole moderne a provoqué un arasement important des niveaux archéologiques. La caractérisation de l’occupation à Persépolis Nord-Ouest ayant déjà été traitée en conclusion de la partie consacrée à ce secteur1356, nous en reprendrons ici les points les plus importants, en nous attachant, comme pour les secteurs d’occupation royale et/ou aristocratique, à définir la structure et les limites de ce bloc d’occupation.
W. Sumner avait identifié un secteur d’occupation, concentrant habitats et activités commerciales ou artisanales, à l’emplacement d’un ensemble de tepes s’étendant sur une surface de 25 ha et appelé Persepolis West 1357 . Nos recherches ont d’abord permis d’étendre la zone d’occupation à l’ensemble du secteur, que nous avons alors renommé Persepolis Nord-Ouest, délimité à l’est par le piedmont du Kuh-e Rahmat, et incluant à l’ouest Persepolis West. Cette continuité de l’occupation se caractérise par la présence d’artefacts à la surface de l’ensemble du secteur. Il s’agit pour l’essentiel de concentrations de céramiques, de densité variable, mais aussi de quelques blocs taillés, déplacés et retrouvés au cours des labours ou du creusement des fossés d’irrigation. Comparé au quartier royal proche, la présence de quelques éléments épars d’architecture en pierre ne paraît pas suffisante pour déterminer une zone d’occupation royale et/ou aristocratique. L’existence de vastes surfaces de concentrations de tessons constitue de plus une caractéristique bien particulière du secteur de Persépolis Nord-Ouest.
Les prospections magnétiques ont été entreprises aussi bien à l’emplacement exact de Persepolis West, où tous les tepes sont aujourd’hui nivelés ou réoccupés, que plus à l’est dans des champs situés au nord du parking ouest. Elles ont permis de démontrer l’existence d’un schéma d’organisation commun. Il se matérialise par l’existence de longues lignes perpendiculaires de plusieurs centaines de mètres, qui dessinent un large carroyage irrégulier (Pl. 24). Ces anomalies, très probablement des fossés comme l’ont démontré les sondages récents, définissent les contours d’un ancien parcellaire, à dater très probablement de l’époque achéménide. Les vestiges de ce parcellaire ont pu être détectés sur l’ensemble des 17,5 ha prospectés dans le secteur de Persépolis Nord-Ouest, dont la surface totale peut être estimée à plus de 70 ha. Les prospections magnétiques, couplées aux prospections systématiques dans les champs au nord du parking, font apparaître des densités d’occupation très variables. Les zones d’occupation dense sont définies par la présence en surface d’importantes concentrations de tessons majoritairement achéménides/LPW, et correspondant sur les cartes magnétiques à des zones de plus fort magnétisme. Que ce soient les prospections géophysiques ou les sondages archéologiques récents, les différents résultats concourent à montrer que les vestiges de construction ont malheureusement été très largement arasés par la succession des labours mécanisés. Pour l’instant, nous ne possédons donc pas d’information sur le plan des habitats ou des installations de stockage qui pouvaient s’élever dans ce secteur. Il n’est donc pas possible de définir plus finement le plan d’organisation de Persépolis Nord-Ouest. Un des sondages ouverts par l’équipe irano-italienne a toutefois permis de mettre au jour les vestiges d’un four de potier, dont la datation reste à préciser, démontrant que ces zones de fort magnétisme pouvaient abriter, entre autres, des activités artisanales. Ces zones peuvent donc correspondre à des ateliers, mais peut-être aussi à des zones d’habitat dont les constructions ont complètement disparu, et où la forte concentration de céramiques reste le seul marqueur d’occupation en surface. Enfin, la présence de vestiges d’architecture en pierre, dispersés sur l’ensemble du secteur, pourrait également indiquer l’existence de quelques bâtiments plus luxueux ou d’édifices publics.
A l’intérieur de ce bloc d’occupation de Persépolis Nord-Ouest, des zones de vides alternent avec celles d’occupation plus dense. Dans certaines parties, si les cartes magnétiques démontrent nettement la continuité du parcellaire ancien, elles ne présentent que très peu d’anomalies pouvant être reliées à la présence de constructions. Sur les champs où nous avons pu pratiquer des prospections à vue, ce résultat est corroboré par de très faibles concentrations de céramiques en surface. Comme pour les blocs royaux et/ou aristocratiques, la fonction de ces zones apparemment vides est difficile à définir faute de vestiges décelables : il pourrait s’agir de zones cultivées ou de jardins. Le plan d’occupation défini par le réseau de longues anomalies magnétiques linéaires semble donc intégrer des zones d’occupations denses qui alternent avec des zones moins construites.
Cf. § 5.3.3
Cf. § 5.3.4
Cf. § 5.3.5.3
Cf. § 5.3.5
Sumner 1986a : 9