Les différentes installations de la zone d’occupation de Persépolis devaient être également soutenues par des infrastructures nécessaires à leur bon fonctionnement. L’implantation d’un réseau viaire paraît ainsi nécessaire pour relier entre eux des secteurs d’occupation et d’activité dispersés sur l’ensemble de la zone. La mise en valeur des terrains et l’approvisionnement en eau, pour l’irrigation ou pour la consommation humaine, devaient également être assurés par l’existence d’un réseau de canaux.
L’existence de nombreuses carrières, et de ce fait la nécessité de déplacer des blocs de plusieurs tonnes jusqu’aux différents chantiers de construction situés à plusieurs kilomètres des lieux d’extraction, nécessitent par exemple de restituer un important réseau de chemins carrossables pour permettre l’acheminement des blocs, probablement à l’aide de charriots. Très localement, dans le secteur de Persépolis Nord-Ouest1366, les prospections magnétiques ont permis de relever des anomalies, des doubles fossés, qui pourraient correspondre au tracé d’anciens chemins (Pl. 24).
Concernant les ressources en eau, la zone d’occupation de Persépolis ne comprend qu’une seule source répertoriée, Cheshmeh Ali, située à 1,5 km au nord de la terrasse de Persépolis. Cette source, très incisée dans la plaine, a pu servir à subvenir en partie aux besoins en eau du secteur de Persépolis Nord-Ouest. Il faudrait toutefois pouvoir déterminer si elle fonctionnait à l’époque achéménide. Le reste de la zone d’occupation de Persépolis a dû être alimenté par un réseau de canaux. A nouveau, les prospections magnétiques entreprises à Persépolis Nord-Ouest révèlent l’existence d’un réseau de fossés, dessinant les contours d’un parcellaire ancien. Etant donné que nous n’avons pas de vision du plan d’ensemble de ce réseau, il n’est pas possible de déterminer si ces fossés correspondaient à des canaux reliés à un système plus vaste d’apport en eau, ou s’ils servaient au drainage des terrains du secteur de Persépolis Nord-Ouest.
Les données les plus intéressantes sur le réseau d’adduction d’eau proviennent de l’étude des sections préservées du canal longeant le Kuh-e Rahmat, entre Istakhr et le vallon situé au nord du quartier royal 1367 (Pl. 36). Les sections les mieux préservées correspondent aux sections rupestres : les parties construites, qui représentent la grande majorité du tracé du canal, ont pour la plupart disparu. Le relevé topographique de ce canal a non seulement permis de repérer précisément son tracé, mais surtout de déterminer son profil et sa pente. Ces études ont démontré que le canal devait déboucher au pied de la terrasse de Persépolis, et non sur celle-ci. Le canal n’était donc pas en mesure d’alimenter en eau directement les différents édifices de la terrasse. L’approvisionnement de celle-ci devait être, au moins en partie, assuré par une grande citerne située au pied des pentes du Kuh-e Rahmat, et alimentée par un réseau de collecte des eaux de pluie1368. La construction de ce canal a donc été entreprise pour permettre l’approvisionnement en eau des terrains situés à l’ouest et au nord-ouest de la terrasse. Il est également possible qu’il ait été connecté au réseau de canalisations situé au pied de la terrasse, et dont des éléments, en particulier des tuyaux de céramiques encastrés, ont été mis au jour au cours de sondages1369. Par leur intermédiaire, l’eau aurait alors pu être transportée plus au sud que la terrasse, par exemple en direction du large réservoir d’eau en pierre situé au sud du Barzan-e Jonoubi (Pl. 19). Au cours de nos prospections le long du canal, nous n’avons pas pu détecter de dérivation en direction de la plaine. Il faut toutefois envisager que ce canal pouvait servir à irriguer l’ensemble des terrains situés en amont du quartier royal, alimentant ainsi un plus vaste réseau secondaire s’étendant dans la plaine et dont les fossés, détectés dans le secteur de Persépolis Nord-Ouest au cours des prospections magnétiques, pourraient peut-être constituer les vestiges. La gestion de la ressource en eau a donc demandé des investissements importants et variés, conçus à l’échelle de l’ensemble de la zone d’occupation de Persépolis.
Cf. § 5.3.5.2.2
Cf. § 5.5.4.1
Cf. § 5.2.2.2
Cf. § 5.5.4.1.2