5.7.3.2. Fonction et interrelation des blocs d’occupation

La nature des artefacts achéménides permet de différencier les occupations royales et/ou aristocratiques de celles qualifiées de plus communes. Toutefois, il convient de constater que dans l’ensemble, il est très difficile de définir plus précisément la nature des occupations.

Comme nous l’avons déjà évoqué1381, les blocs d’occupation commune pourraient abriter des quartiers résidentiels, ainsi que des activités économiques et administratives liées au pouvoir. Toutefois, que ce soit à Persépolis Nord-Ouest ou à Firuzi Sud (Pl. 41), nous manquons de données précises sur la nature des implantations. Les résultats des sondages irano-italiens récents permettent uniquement de suggérer la présence d’ateliers artisanaux. En ce qui concerne les différents bâtiments de prestige répartis sur les cinq blocs d’occupation royale et/ou aristocratique (Pl. 41), la plupart ont connu la mise en œuvre de fouilles. L’étude de ces vestiges permet de discuter plus précisément de leur fonction.

Ainsi, les différents édifices présentant une seule grande salle centrale hypostyle sont généralement identifiés, à raison, à des bâtiments officiels, et plus précisément sur la terrasse royale à des bâtiments royaux d’audience ou de réception. Néanmoins, le cas de la terrasse est intéressant à considérer, puisqu’ici, malgré les nombreuses campagnes de fouilles et la somme des études publiées à son sujet, la fonction précise des différents bâtiments fait encore débat. En-dehors de la terrasse royale et de Naqsh-e Rustam, les fouilles sont dans l’ensemble anciennes, partielles et souvent mal publiées. Les interprétations se limitent souvent à tenter de distinguer, hypothétiquement, les espaces publics des espaces privés. Il faudrait de plus distinguer, parmi ces constructions, celles qui sont destinées à l’usage exclusif du roi et de son entourage de celles réservées à l’élite. Si, au sein du quartier royal, la plupart des bâtiments peuvent être qualifiés de royaux, cette question serait particulièrement intéressante à étudier à Bagh-e Firuzi, où pour l’instant il est difficile d’en faire la distinction. La zone d’occupation de Persépolis contient de plus une nécropole, à Nasqh-e Rustam. Le secteur a donc pu concentrer d’autres installations, qui restent pour le moment largement inconnues. Cette nécropole n’était toutefois destinée qu’aux membres de la famille royale. L’emplacement des lieux d’inhumation de l’ensemble de la population, aristocratique incluse, reste donc encore énigmatique. Même si l’on considère que l’ensemble des aménagements funéraires rupestres connus sur les piedmonts est d’époque achéménide, le problème des lieux d’inhumation reste une question majeure, non résolue pour la période achéménide. Rappelons que certains d’entre eux sont assurément de la fin de la période sassanide.

Si la fonction précise des différents blocs d’occupation est donc difficile à préciser, il faut toutefois imaginer que les importantes surfaces aménagées abritaient l’ensemble des implantations nécessaires au fonctionnement de Persépolis. De plus, il est nécessaire de restituer une interconnexion de ces blocs, puisqu’aucun d’entre eux ne semble définir une occupation autonome et isolée. Prenons comme exemple la chaîne opératoire de construction des édifices de prestige dans les blocs aristocratiques. Au départ, les éléments architecturaux en pierre proviennent des carrières situées sur les pentes des massifs. L’activité d’extraction de la pierre n’est possible que si des carriers logent, peut-être avec leur famille, à proximité, donc dans des blocs d’occupation commune. Parallèlement, la gestion des chantiers d’extraction et de construction associés doit être assurée par des agents administratifs. Ces constructions ne peuvent donc être entreprises que si une élite est présente, avec des besoins spécifiques en édifices de prestige, concentrés dans des blocs d’occupation aristocratique. Enfin cette interconnexion doit être assurée par un réseau viaire dont nous ne connaissons pas le tracé ; pour le transport des blocs il devait nécessairement comporter des routes le long des massifs montagneux.

Notes
1381.

Cf. § 5.7.1