A Babylone, la période d’occupation achéménide ne s’est pas traduite par un changement important de l’urbanisme1398. La seule construction nouvelle royale connue, entreprise par Artaxerxes II, correspond à un petit palais de style iranien1399, situé à l’ouest du palais néo-babylonien, et qui a été en partie remodelé1400. La domination achéménide n’a donc pas été marquée par d’importants changements culturels1401, et la structure de la ville n’a pas été remodelée par les souverains perses ; elle ne peut donc pas permettre de comparaison avec Persépolis.
Ecbatane présente une autre problématique : en effet, les quelques fouilles entreprises sur ce site ont permis de mettre au jour des éléments d’architecture achéménide, mais probablement aucun niveau d’occupation de cette période1402. Sous les couches d’occupation islamique, un plan hippodamien a été mis au jour, mais il est à dater de la période parthe1403. Il n’existe donc aucune information sur l’organisation de la ville aux époques antérieures, achéménide et encore moins mède1404.
Les fouilles de Suse ont permis de mettre en évidence une restructuration importante de la ville sous le règne de Darius1405, sur une surface de plus de 100 ha, délimitée par un glacis percé d’au moins une porte à l’est1406 (Fig. 5-89). Dans la partie nord de cette zone, le Palais de Dariusest construit sur une plateforme d’une quinzaine d’hectares. L’espace restant est peu construit ; les secteurs de la Ville Royale et de l’Acropole ont livré quelques témoins d’occupation achéménide mal caractérisés. Ceci est en partie lié à la pauvreté de la documentation des fouilles archéologiques entreprises1407. Vers l’ouest, à 200 m au pied du tepe, un palais érigé par Artaxerxes II, appelé « palais du Chaour » 1408 , correspond à l’unique implantation achéménide attestée en-dehors des 100 ha réaménagés par Darius1409. A l’est s’étend la vaste « ville des artisans » sur plusieurs centaines d’hectares ; elle aurait pu abriter les quartiers populaires ou les faubourgs de la ville1410, mais les différents sondages n’ont révélé que très peu de matériel achéménide1411. Ainsi, sur l’ensemble des tepes de Suse, il n’existe pas de trace avérée de la ville1412, et notre connaissance de l’occupation se résume aux différentes constructions royales.
Au travers de ce rapide exposé, on constate qu’il manque encore beaucoup d’éléments pour permettre une comparaison entre les plans d’occupation de Suse et de Persépolis. Elle ne peut se limiter qu’aux secteurs d’occupation royale. Les deux ensembles monumentaux ont été conçus de manière simultanée, leur construction ayant en effet été voulue par Darius. Les édifices royaux des deux sites présentent certes des similitudes architecturales importantes, mais également des différences d’organisation interne évidentes1413. D’un point de vue spatial, les points communs entre les deux sites sont manifestes. Tout d’abord, les surfaces aménagées, destinées à accueillir les différents édifices royaux, sont très importantes. Ainsi, à Suse, ce sont près de 100 ha qui ont été nivelés, le Palais de Darius ayant lui-même été construit sur une terrasse de 15 ha. A Persépolis, la terrasse royale et le secteur du Barzan-e Jonoubi, installé lui aussi sur des terrasses, couvrent une surface de 30 ha, l’ensemble du quartier royal mesurant 50 ha. Dans les deux cas, les travaux de terrassement ont donc été considérables, impliquant des surfaces plus vastes à Suse qu’à Persépolis. Dans le premier cas, les constructions royales se concentrent sur 15 ha, auxquels il faut également rajouter le Propylée sur la voie royale. Cette surface est certes comparable à celle de la terrasse de Persépolis, mais plus petite que l’ensemble de l’emprise de son quartier royal, qui apparaît plus densément construit. Suse, à l’intérieur des 100 ha protégés par le glacis, présente donc en majorité de vastes surfaces très probablement non-construites1414. Le quartier royal de Persépolis englobe également des zones apparemment vides de construction, mais de surface beaucoup plus limitée ; mis à part au nord-ouest de la terrasse royale, il n’existe cependant pas de preuve que ses abords immédiats soient densément bâtis. L’existence d’espaces non-construits à proximité des ensembles monumentaux semble donc définir un autre point commun entre les deux résidences royales. Enfin, le bloc d’occupation royal de Suse, pour reprendre la terminologie mise en place pour les environs de Persépolis, apparaît très isolé. Le palais du Chaour, très proche, pourrait toutefois définir un second bloc d’occupation royale de 4 ha seulement, qui correspondrait à un palais entouré d’un jardin1415.
Haerinck 1997 : 28 souligne juste quelques changements mineurs dans l’organisation de la ville, le plan du réseau de rues ne change guère durant la période achéménide et plusieurs maisons semblent avoir été abandonnées.
Haerinck 1973 ; Haerinck 1997 : 28-30
Kuhrt 2001 : 84-87 ; Gasche 2010
ibid. : 34 ; Boucharlat 1997a : 220-221
ibid. : 220 ; Boucharlat 2005a : 253-254 ; toutefois Biscione 2005 publie des résultats préliminaires d’un nouveau sondage entrepris en 2005 sur le site, dans lequel des couches présentent selon le fouilleur de nombreuses céramiques achéménides et mèdes, mais n’ont révélé aucune structure construite.
Sarraf 2003 après plusieurs années de fouille ne donne pas de datation précise pour ce plan hippodamien, il est daté entre les périodes séleucide et parthe par Biscione 2005, puis de manière définitive uniquement de la période parthe par Azarnoush 2007
Le constat dressé par Boucharlat 1998 : 185 reste donc largement vrai malgré les quelques données nouvelles depuis sa publication.
Perrot 1985 : 67 ; Potts 1999 : 325 ; Perrot 2010b
Les données sur l’occupation achéménide de Suse proviennent de Boucharlat 1990.
ibid. : 150-152 ; une réévaluation plus fouillée des données sur l’occupation achéménide de l’Acropole et de la ville Royale a été effectuée par Boucharlat 2010b : 375-383
Boucharlat 2010b : 385-409 pour la synthèse la plus récente des données des fouilles du palais du Chaour.
Boucharlat 1990 : 152
Perrot 1985 : 67
Boucharlat 1990 : 154
Boucharlat 2005a : 240
Stronach 2001 : 103-104 ; Boucharlat 2010a : 440-441
Boucharlat 1997a et b
Boucharlat 2010b : 405-407