6. L’occupation achéménide dans la plaine de Persépolis

6.1. La carte de l’occupation achéménide : un état des lieux

6.1.1. Introduction

Ce que nous avons appelé la zone d’occupation de Persépolis vient d’être étudiée en détail. La synthèse des données anciennes, augmentée des résultats de nos prospections récentes, dessine une occupation achéménide organisée en blocs de fonctions bien différenciées établissant un maillage territorial. A l’échelle de la plaine, la zone d’occupation de Persépolis représente une concentration d’occupation achéménide qui s’explique du fait de l’activité engendrée par la présence interdépendante de la résidence royale et du centre administratif de la satrapie perse. Si les textes montrent que la gestion de l’ensemble de la région était assurée depuis Persépolis, la question du modèle de développement de l’occupation achéménide de la région mérite d’être approfondie. Les archives des Fortifications permettent en effet d’illustrer une partie du fonctionnement administratif constitué de Persépolis et d’un réseau satellite destiné à assurer la gestion du territoire et surtout la collecte des impôts ou des produits sous contrôle des domaines royaux1454. D’un point de vue archéologique, la question est simple et consiste à tenter de trouver sur le terrain des traces matérielles de cette organisation. Les résultats obtenus dans la zone d’occupation de Persépolis dessinent l’ébauche d’un modèle de développement qui peut s’étendre bien au-delà ou au contraire être limité au seul secteur d’aménagement royal.

Dans un premier temps, les prospections dans la plaine de Persépolis ont été mises en œuvre avec deux objectifs principaux. Le premier consistait en une meilleure caractérisation archéologique des vestiges connus laissés par l’occupation achéménide1455. Le second, par l’intermédiaire de prospections géophysiques, était d’étudier le plan d’organisation et d’estimer les surfaces d’occupation de ces sites1456. Il s’agissait donc de rester à l’échelle du site et de s’intéresser à l’organisation et à la fonction des occupations. W. Sumner définit en effet tout site autre que les vestiges d’infrastructures ou les carrières par le terme de « settlement » et les classe suivant leur surface1457. C’est la superficie des sites qui lui permet de proposer une hiérarchisation des occupations, autorisant dès lors une comparaison avec la hiérarchie déduite du contenu des tablettes. Or, il s’agit du seul critère retenu par W. Sumner pour différencier les sites. L’ampleur des destructions des sites archéologiques de la plaine de Persépolis, depuis que W. Sumner a effectué ses prospections à la fin des années 1960, nous a obligés, dans un second temps, à essayer de découvrir de nouveaux sites achéménides préservés vers les zones de piedmonts moins touchées par l’intensification de l’occupation moderne1458. Ensemble, ces diverses prospections permettent d’aborder le sujet de l’organisation du territoire de Persépolis, à l’échelle de la plaine.

Notes
1454.

Briant 1996 : 456-462 ; Kuhrt 2007 : 767, Henkelman 2008 : 120-121 ; cf. § 6.4.1.3.2

1455.

Cf. § 6.2

1456.

Cf. § 6.2.6

1457.

Cf. § 6.1.3

1458.

Cf. § 6.3