6.1.3.2.5. Questions liées la typologie des sites employées par W. Sumner

Ce bilan des données archéologiques publiées par W. Sumner laissent en suspend beaucoup de questions quant à la nature précise des indices d’occupation achéménide pris en compte, dont l’exposé détaillé n’était pas l’objectif de son article. Ces questions se concentrent sur la morphologie des sites et sur la nature précise des indices occupation achéménide pris en compte.

La question des sites « doubtful » a été débattue par R. Boucharlat qui a effectué une relecture critique de la carte publiée par W. Sumner1511. Il propose par exemple de modifier la carte de W. Sumner et d’en extraire tous les sites dits « doubtful ». Il convient toutefois d’étudier plus précisément sur le terrain les sites de cette catégorie en prenant en compte la méthodologie mise en place par W. Sumner. R. Boucharlat insiste également sur le fait que les sites présentant uniquement des éléments architecturaux achéménides isolés pourraient tout à fait correspondent à des remplois ou des blocs abandonnés et non à des implantations1512. Par conséquent, il conclut à une réduction importante du nombre de points d’implantation attestés dans la plaine de Persépolis. Une première opération sur le terrain était donc de prospecter l’ensemble de ces sites de manière à évaluer s’ils doivent effectivement être retirés du corpus des sites achéménides.

Concernant les autres implantations achéménides, plusieurs questions se posent également suite à la lecture de l’article de W. Sumner.

La première concerne la forme que peuvent prendre les implantations achéménides. Le terme « mounds », employé par W. Sumner dans sa typologie, renvoie nécessairement au fait que la grande majorité correspond à des tepes. Ils peuvent être des fondations nouvelles achéménides ou des réoccupations de sites plus anciens. Concernant les réoccupations, W. Sumner a traité de cette question plus tard à propos de la transition entre des occupations de la plaine de Persépolis qualifiées d’élamites de l’Age du Bronze et celle perse de l’Age du Fer1513. D’après ces données de prospection, ce serait exactement la moitié des implantations achéménides qui réoccuperaient des sites d’occupation de l’Age du Bronze1514. Sur ces sites à période d’occupation longue, W. Sumner a toutefois indiqué que les réoccupations sur des tepes déjà existant se signalent uniquement par des concentrations de céramiques sur de petites surfaces1515. Mise à part ces quelques indices, on ne sait pas quelles formes peuvent prendre ces réoccupations. Les fondations nouvelles achéménides sont généralement des sites de petite surface présentant avec des tepes de moins de deux mètres1516. Nous verrons qu’il peut également s’agir de sites à la topographie plane situés dans la plaine ou sur des reliefs naturels.

Enfin, il faut s’arrêter sur la hiérarchisation des sites à partir des valeurs de surface. Une distinction est faite entre les hameaux et les villages. Les villages mesurent entre 1 et 2  ha. Les hameaux, dans lesquels est inclus l’ensemble des sites achéménides isolés présentant des vestiges architecturaux en pierre, ont une surface estimée de 0,6 ha (Table 2). Cette valeur de surface, appliquée de manière uniforme à 26 sites, pose la question de la construction et de la réalité archéologique que recouvre ce chiffre qui correspond manifestement à une valeur moyenne. Dans le tableau de synthèse, une distinction est faite également entre les villes. Firuzi et Persepolis West dont les surfaces estimées mesurent plus de 6 ha et sont mis à part des autres villes. Plus loin, ces deux secteurs sont considérés comme la ville de Matezzish1517. W. Sumner introduit donc une distinction au sein de la catégorie des « achaemenid towns » entre des petites villes mesurant en moyenne 6 ha et Matezzish. Pour W. Sumner, les premières sont en effet identifiées à des centres administratifs locaux ; Matezzish, associée à Parsa, correspond au grand centre économique et administratif de la plaine. Donc, le terme « towns » doit être traduit pour les sites de la plaine situé en-dehors de la zone d’occupation de Persépolis, non par ville, mais plutôt par petite ville.

Notes
1511.

Boucharlat 2003

1512.

Boucharlat 2003 : 263

1513.

Sumner 1994a

1514.

ibid. : 102 ; p. 102-Table1. Notons que W.Sumner dénombre 42 sites achéménides dans la plaine de Persépolis, ce qui diffère du nombre publié en 1986, soit 39 sites. Etant donné que dans l’article de 1994 il ne parle plus seulement d’habitat mais d’occupation en général, il est possible qu’il ait rajouté à la liste les sites de Persépolis et Naqsh-e Rustam, mis de côté dans la publication de 1986. Toutefois, cela donne un nombre de sites égal à 41, W. Sumner a donc rajouté un autre site, non identifié, à sa liste.

1515.

Sumner 1986a : 7

1516.

ibid.

1517.

Cf. 5.1.2.3