6.1.3.3. Méthodologie des prospections menées par W. Sumner

Les réponses aux questions formulées précédemment trouveront une réponse a posteriori, suite à nos propres visites sur le terrain, mais également a priori en détaillant la méthodologie de prospection et d’enregistrement adoptée par W. Sumner. Cette méthodologie est détaillée dans un des chapitres de sa thèse1518.

W. Sumner a conduit ses prospections sur deux années, entre les mois de septembre 1967 et septembre 1969, totalisant une centaine de jours de travail sur le terrain. Il a entrepris ses prospections muni de la carte des sites relevée par E.F. Schmidt au cours de ses reconnaissances aériennes1519, des cartes archéologiques issues des recherches menées par L. Vanden Berghe1520 et des données communiquées par P. Gotch qui avait déjà effectué plusieurs prospections autour de Persépolis et de Shiraz1521. Il disposait en outre de photographies aériennes effectuées par les services cartographiques iraniens ainsi que, pour la région allant de Dorudzan à Band-e Amir, d’un jeu de cartes à l’échelle 1 :5000, levées pour la mise en place du réseau de canalisation alimenté par le barrage de Dorudzan, alors en cours de construction. Ces documents sont suffisamment précis : les cartes ont été levées avec une ligne de niveau tous les mètres, pour permettre d’enregistrer la présence de petits reliefs comme les tepes.

W. Sumner centra donc ses recherches sur la reconnaissance des tepes, élément central du paysage archéologique iranien, qui forment des reliefs facilement repérables dans la topographie plane de la plaine de Persépolis. Du fait de l’étendue de la zone prise en compte, le fait de focaliser les prospections sur la recherche des tepes, présente donc d’abord un aspect pratique. W. Sumner disposait en effet d’une équipe réduite, le plus souvent il n’était accompagné que d’une personne. Pour pouvoir couvrir le maximum de surface, il a donc effectué ses prospections en voiture en empruntant tous les chemins carrossables de la plaine. Dans ses conditions, les tepes constituent des points plus ou moins bien visibles, présents sur l’ensemble de la plaine et lui permettant donc d’obtenir de l’information archéologique sur tous les secteurs de la région étudiée. Les tepes sont de plus formés par l’érosion des constructions en brique crue qui se sont succédés sur des périodes d’occupation potentiellement longues et continues, pouvant s’étendre depuis les périodes préhistoriques jusqu’à aujourd’hui. W. Sumner s’intéressant aux dynamiques de peuplement de la région, le fait de focaliser ses recherches sur ce type de site était donc tout à fait pertinent par rapport à ses objectifs de recherche.

Une fois sur le site, en compagnie des différentes personnes qui l’accompagnaient, il circulait sur le tepe en prenant soin de couvrir le sommet et les pentes du relief. La consigne était de ramasser tous les tessons diagnostiques (bords, fonds, tessons décorés) de l’ensemble des types de céramiques présents en surface. Lorsqu’il y avait un terrier ou un trou de pillage, les tessons présents dans les déblais étaient systématiquement collectés, car ils pouvaient effectivement témoigner de la présence de niveaux plus anciens recouverts par les vestiges de la dernière phase d’occupation. Enfin, sur le site, une sélection des formes les mieux conservées était effectuée, leur dessin était réalisé plus tard, en bureau. Lorsque les sites repérés figuraient sur les cartes ou les photographies aériennes, les mesures de surface étaient calculées sur celles-ci ; dans le cas contraire, elles étaient effectuées au pas sur le terrain. Si la distribution des céramiques présentait des concentrations par type bien définies, une estimation des surfaces couvertes par chaque type était effectuée. Le cas ne se présentait que pour les grands sites de plusieurs hectares.

Notes
1518.

Sumner 1972 : 19-27

1519.

Schmidt 1939

1520.

Vaden Berghe 1952, 1954

1521.

Gotch 1968, 1969