6.1.3.5. L’évaluation des surfaces d’occupation par période

Les ramassages de tessons n’étant pas systématiques, les variations possibles de concentrations entre les différentes périodes n’étaient pas quantifiées précisément. Une distinction a été faite toutefois entre les occupations qui ont laissé de nombreux tessons et celles où seuls quelques éléments ont été retrouvés. C’est donc sur ces bases qu’a d’abord été constituée la distinction entre les sites à occupation achéménide attestée de ceux où elle est sujette à caution.

Le Gazetteer apporte des détails quant à la classification finale des sites utilisée dans le cadre de la rédaction de l’article de 1986. Pour une période donnée, les tepes qui n’ont fourni que peu de céramiques caractéristiques peuvent être notés D ou S. Le code D est appliqué quand au moins un élément, dont la datation est peut-être de la période concernée, a été retrouvé. Le code S est attribué quand au moins un élément daté de manière certaine, un tesson diagnostique ou un fragment architectural, a été retrouvé. Finalement, les sites notés D et S ont tous été considérés comme « doubtful » par W. Sumner. Donc les sites D présentent non seulement de très faibles concentrations de céramiques pour la période considérée, mais de plus la datation des quelques éléments retrouvés est très hypothétique. Les occupations ainsi qualifiées ont donc très peu de chance d’avoir connu une occupation achéménide pérenne, comme le concède très honnêtement W. Sumner lui-même. Il faut enfin souligner que l’ensemble des carrières référencées porte un code D. Dans le Gazetteer, il existe également un code P qui n’est employé que pour les occupations sassanides et islamiques, lorsque ces dernières représentent le dernier niveau d’occupation d’un site et que le matériel recouvre l’ensemble ou une partie du site. En effet, pour ces périodes d’occupation plus récentes, les estimations de surface n’ont pas été effectuées de manière précise.

Pour les autres sites, c'est-à-dire ceux où l’occupation achéménide est attestée, des valeurs de surface sont reportées dans le Gazetteer. Ces valeurs de surface peuvent toutefois recouvrir des réalités très différentes. Dans le premier cas, la valeur est reportée de manière précise, à 0,1 ha près, et elle est égale à la surface totale du site et estimée à partir des cartes, des photographies aériennes ou sur le terrain. Dans le deuxième cas, la valeur indiquée correspond à 1,2 ha ou 0,8 ha et elle est inférieure à la surface totale du site. Il s’agit alors de sites à occupations multiples où la céramique caractéristique de la période considérée est présente seulement sur une partie du tepe ou sur l’ensemble de sa surface mais avec une fréquence assez peu élevée. Les valeurs de 1,2 et 0,8 ha correspondent alors à des valeurs conventionnelles spécifiques à la plaine de Persépolis et calculées à partir de l’expérience et des données de terrains de W. Sumner et son équipe. La distinction entre les deux catégories est définie de manière assez complexe et résulte de théories ethnographiques et d’une moyenne de la surface des sites de la plaine mesurant moins de 1,5 ha.

Pour résumer, dans la plaine de Persépolis, le chiffre de 0,8 ha correspond à la surface moyenne minimale d’occupation, quelle que soit la période considérée. La valeur de 1,2 ha correspond à la surface moyenne pour les sites de moins de 1,5 ha. La première est assignée aux sites présentant plusieurs époques d’occupation où les céramiques de la période considérée sont peu fréquentes : il est donc certain que l’occupation a existé mais elle a laissé peu de traces ; la surface d’occupation est alors ramenée à la valeur minimale de 0,8 ha (Pl. 43-sites marqués avec un code A). Lorsque les concentrations de tessons sont plus élevées, mais qu’elles ne sont toutefois pas comparables aux périodes qui ont laissé un matériel plus abondant, cette valeur passe alors à 1,2 ha1529 (Pl. 43-sites marqués avec un code B). Lorsqu’elles apparaissent, ces surfaces sont donc à considérer comme des valeurs conventionnelles et non comme une représentation du réel. Sur un site donné de 10 ha par exemple, une occupation achéménide enregistrée de 0,8 ha peut de ce fait correspondre à la présence de tessons achéménide/LPW sur l’ensemble des 10 ha mais en très faible quantité. Il faut noter que, dans le Gazetteer, pour toutes les occupations achéménides relevées sur un site à longue période d’occupation diachronique, où la valeur de surface d’occupation appliquée à la période achéménide est inférieure à celle du site, une valeur conventionnelle de surface a été appliquée. Cela pourrait se traduire par le fait que sur ce type de site, la présence de céramiques achéménide/LPW est toujours diffuse, en petite quantité, et qu’il est impossible de cerner une zone où elle est spécifiquement concentrée ce qui pourrait être un indice de réoccupation partielle. Notons enfin que les sites présentant seulement une occupation achéménide sont très peu nombreux. En prenant en compte la présence d’occupations postérieures et/ou antérieures, on en dénombre 6 sur l’ensemble de la plaine.

Dans son article, W. Sumner estime la surface des hameaux à 0,6 ha et estime qu’elle correspond à la valeur moyenne de la surface des sites achéménides d’une superficie inférieure à 1 ha. Il s’agit en fait de la moyenne des occupations dont la surface correspond à la valeur conventionnelle de 0,8 ha et de celles dont la surface est inférieure à 0,8 ha : en effet les plus petits sites achéménides du Gazetteer mesurent 0,2 ha. Cette valeur de 0,6 ha, assignée aux hameaux, est donc une valeur conventionnelle de surface d’occupation minimale pour la période achéménide, valeur, on le constate, plus faible que la valeur minimale toutes périodes confondues. Enfin, dans la catégorie village, mesurant entre 1 et 2 ha, sont inclus les sites présentant une occupation à laquelle est assignée une valeur conventionnelle de 1,2 ha.

Les conséquences de ces constations sont multiples quant à la possibilité sur le terrain de retrouver les indices d’occupation achéménide ou de procéder à des études plus poussées sur les sites repérés. La pertinence des différentes valeurs conventionnelles de surface sera rediscutée en conclusion de ce chapitre1530.

Notes
1529.

Sumner 1989 : 137 résume de manière concise ce que signifient ces valeurs conventionnelles.

1530.

Cf. § 6.2.7