6.2. Prospections des sites achéménides de la plaine de Persépolis

6.2.1. Objectifs des prospections

Le réexamen des points d’occupation achéménide recensés et publiés par W. Sumner répond à trois objectifs :

  • Le premier est d’ordre patrimonial. Depuis la fin des années 1970, la restructuration du paysage a été profonde, du fait entre autre de la mécanisation de l’agriculture et des remembrements1532. Les vestiges archéologiques ont payé un lourd tribut à ces transformations, auxquelles s’ajoutent les nombreux actes de pillage. Nos repérages avaient donc pour but dans un premier temps de constater, à 20 ans d’intervalle, la préservation ou non des différents sites présentant une occupation achéménide. Pour chacune des catégories morphologiques de sites définies par W. Sumner, nous avons séparé les descriptions des sites détruits, des sites préservés ou en partie préservés.
  • Le second objectif est archéologique. La céramique achéménide/LPW est d’une part difficilement indentifiable car elle présente souvent des formes ou des pâtes peu caractéristiques1533 ; d’autre part, elle n’est souvent présente sur les sites que de manière très diffuse. Il paraît donc important d’évaluer sur le terrain comment ces occupations achéménides se caractérisent d’un point de vue archéologique, en termes de concentration de céramiques en surface et de capacité à détecter les tessons achéménide/LPW. De plus, W. Sumner a utilisé un système d’enregistrement particulier combinant pour les estimations de surfaces occupées, surfaces réelles d’occupation et valeurs conventionnelles. Sur cette base, il a mis en place une hiérarchie des sites d’occupation achéménide à trois niveaux : les petites villes, les villages et les hameaux. Il paraît nécessaire de confronter ce système à la réalité du terrain. Pour chacun des sites retrouvés, nous avons donc tenté de caractériser la part de céramique achéménide/LPW au sein de l’ensemble des artefacts présents en surface.
  • Troisième et dernier objectif de ces visites, la mise en place d’études plus approfondies sur les sites d’occupation achéménide préservés. Elles correspondent d’abord à la mise en place de prospections géophysiques à l’aide de la méthode magnétique, mais également à la réalisation de prospections systématiques de certaines zones sélectionnées. Pour la géophysique, de manière à caractériser les différents types d’occupation achéménide, nous avons d’abord souhaité prospecter plus finement un site présentant une succession de périodes d’occupation, dont la dernière paraît être achéménide. La prospection magnétique ne permettant de détecter que les vestiges du niveau archéologique le plus récent, cette dernière condition est en effet indispensable. La prospection d’un tel site permettrait a priori d’obtenir des informations plus précises sur l’importance et les plans de réoccupation des sites d’habitation anciens à l’époque achéménide. Parallèlement, la prospection d’un site dont la seule période d’occupation correspond à la période achéménide est essentielle pour une bonne caractérisation des modes d’occupation dans un environnement vierge. Des prospections ont pu être effectuées sur deux sites, Tol-e Gap au nord du massif du Kuh-e Ayyub et Dawlatabad dans la banlieue sud de Marvdasht (Pl. 44), correspondant respectivement à un site à occupation longue avec une phase terminale achéménide et à un site d’occupation uniquement achéménide. Les résultats des prospections magnétiques seront étudiés à part, à la suite de l’exposé des visites sur le terrain des implantations achéménides1534. Les prospections systématiques à vue sur sol nu n’ont été testées qu’aux alentours de Band-e Amir (Pl. 43) : la localisation des sites d’occupation achéménide n’étant pas très précise dans ce secteur, cela paraissait être la seule manière de pouvoir retrouver et caractériser de manière plus détaillée l’occupation achéménide. Band-e Amir qui serait, d’après W. Sumner, une possible petite ville achéménide1535.

En introduction de la présentation des données de nos prospections sur chaque site, nous indiquons : le nom du site dans le Gazetteer, et éventuellement sa toponymie vernaculaire ; le code morphologique appliqué au site dans le Gazetteer (Table 3), la surface totale du site, sa hauteur, la surface d’occupation par période ou le code s’il s’agit d’un site où la céramique est peu présente ou s’il s’agit d’une valeur conventionnelle1536 (voir légende Pl. 43). Les périodes correspondent à la chronologie du Kur River Basin mise en place par W. Sumner (Table 1). Elles sont indiquées avec les abréviations reprises du Gazetteer : Msk. pour Mushki, Jar. pour Jari, Shm. pour Bakun/Shamasabad, Bak. pour Bakun, Lap. pour Lapui, Ba. pour Banesh, Kaf. pour Kaftari, Qal. pour Qaleh, S-T. pour Shoga/Teimuran, Ach. pour achéménide, Sas. pour sassanide, Isl. pour islamique suivi de 1, 2 ou 3 dans le cas ou une distinction a pu être faite. Pour les périodes sassanide et islamique, un code P est appliqué pour la surface, signifiant qu’ils sont présents sans précision de surface, W. Sumner n’ayant pas cherché à évaluer la superficie des occupations de cette période. Ces informations tirées du Gazetteer sont suivies des coordonnées géographiques du site. Il s’agit du point GPS que nous avons pris sur le site quand il était préservé ou à l’emplacement supposé du site lorsqu’il était détruit. Parfois, nous avons pu retrouver à l’emplacement des sites détruits de la céramique résiduelle, la localisation relevée doit être correcte. Dans les cas où la localisation est trop incertaine, nous avons fait suivre les coordonnées par un point d’interrogation. Enfin, pour les trois sites non visités, nous avons indiqué à titre indicatif les coordonnées estimées d’après le Gazetteer. La plupart des sites font ensuite l’objet d’une rapide description ; elle est plus détaillée pour les quelques grands tepes de la plaine de Persépolis sur lesquels ont été retrouvés des preuves d’occupation achéménide et qui ont pu faire l’objet de fouilles ou de sondages. L’ensemble des sites est reporté sur la carte des sites prospectés (Pl. 43).

Notes
1532.

Cf. § 2.6

1533.

Cf. § 4.2.3

1534.

Cf.§ 6.2.6

1535.

Cf. 6.2.2.3

1536.

cf. § 6.1.3.5