6.2.2.2. Site R

KR0387 : T; ht. 2 m; surf. 7,8 ha; Jar. 0,8; Shm. 0,8; Lap. 1,2; Bak. 7,8; Ach. 7,8 /UTM 39R E 657564m ; N 3311390m

Le site R (Pl. 42 et 43) est décrit de manière succincte par W. Sumner dans son article de 1986. Il s’agit d’un grand tepe de forme ovale, mesurant 420 m de long pour 185 m de large et s’élevant à 2 m au-dessus de la plaine. Il indique que de la céramique achéménide et préhistorique est présente. L’entrée correspondante dans le Gazetteer permet de préciser les occupations. Sur ce site de 7,8 ha, seule la céramique Bakun et achéménide sont indiquées comme couvrant l’ensemble du tepe. Des tessons néolithiques (Jari et Shamsabad) sont présents, une surface conventionnelle (code A) de 0,8 ha leur est appliquée. Les céramiques Lapui sont présentent en plus grand nombre puisqu’une surface de valeur conventionnelle 1,2 ha (code B) leur a été attribuée.

Figure 6‑4 : Emplacement des sites enregistrés dans la base de données des sites du « Kur River Basin » (le contour des sites a été repris sur les cartes au 1:5000 annotées par W. Sumner), replacé sur une photographie aérienne récente
Figure 6‑4 : Emplacement des sites enregistrés dans la base de données des sites du « Kur River Basin » (le contour des sites a été repris sur les cartes au 1:5000 annotées par W. Sumner), replacé sur une photographie aérienne récente

La plaine où se situe ce vaste tepe, entre les montagnes de Kuh-e Gondashlu à l’ouest et Kuh-e Sabz à l’est, a subi de profonds remembrements agricoles. Le nouveau parcellaire est très régulier, formé de grands champs rectangulaires parallèles aux différents canaux modernes d’irrigation en béton appartenant au réseau alimenté depuis le barrage de Dorudzan. L’ensemble des tepes que W. Sumner avait pu relever dans cette partie de la plaine de Persépolis a été arasé, le site R inclus. Dans un rayon de 2 km autour de ce grand tepe, ce ne sont pas moins de trois autres tepes de tailles plus modestes qui ont également été nivelés (KR0397, KR0378, KR0354, Fig. 6-4).

Nous avons procédé à une prospection à vue des champs, à l’emplacement précis indiqué par W. Sumner sur les cartes au 1:5000. Des épandages de tessons de céramiques ont pu être retrouvés, disséminés dans les champs. Les concentrations pouvaient être assez élevées, évaluées au maximum à 5 tessons/m². La majorité des tessons identifiables sont de type Bakun ; vient ensuite un ensemble de céramiques Lapui puis des tessons néolithiques à dégraissant végétal majoritairement sans décors dont l’un présente une pâte rouge, une surface lissée et un décor typique du style Mushki. Nous avons également noté la présence en grand nombre de fragments de lames de silex de couleurs et de qualités diverses. Un ensemble de céramiques tournées, bien cuites et à dégraissant sableux fins, correspond à une catégorie plus récente, probablement postérieure à l’Age du Bronze. Dans cet ensemble, aucun des tessons diagnostiques ne se rapporte clairement au type achéménide/LPW. En outre, à part un petit nombre de tessons probablement islamiques, la majorité de ces céramiques plus récentes n’a pu être identifié avec certitude.

Le spectre des catégories de céramique retrouvées recouvre à peu près les observations effectuées par W. Sumner : la zone visitée correspond donc à l’emplacement de l’ancien tepe de 7,2 ha aujourd’hui arasé. Les concentrations de céramiques éparses, repérées au cours de nos prospections, sont les derniers témoins de l’existence de ce site. Il existe quelques différences entre nos observations et celle de W. Sumner. Si les céramiques Bakun sont les plus présentes, des céramiques néolithiques et Lapui ont pu être repérées en grand nombre : nous les avons évalués à un quart des tessons repérés. W. Sumner signale les deux derniers types avec des valeurs de surface indiquant une présence plutôt éparse sur le tepe. Cette surreprésentation de la céramique Lapui pourrait être liée au fait que le site KR0378 (à 300 m au sud de KR0387 – Fig. 6-4) en présentait de fortes concentrations. Lors du nivellement des sites, il est possible que l’ensemble des artefacts des sites KR0397 (site R) et KR0378, ait été mélangé lors de l’étalement des sédiments des deux tepes.

Comparativement aux céramiques chalcolithiques, nous n’avons retrouvé que très peu de céramiques postérieures à l’Age du Bronze et n’avons pas pu détecter clairement de céramique achéménide/LPW. L’occupation achéménide étant l’occupation la plus tardive recensée par W. Sumner sur le site R, les niveaux achéménides devaient donc former le sommet du tepe. Lors des travaux de nivellement, il est possible que la terre du sommet du tepe ait été prélevée pour servir de remblais et transportée à un autre endroit. Une fois le tepe en partie arasé, les derniers vestiges ont probablement été nivelés sur place, la base du tepe devant correspondre aux niveaux préhistoriques : il est donc logique de retrouver une très grande majorité de tessons de ces périodes. Il est peut-être même possible que les niveaux d’occupation les plus anciens aient été préservés à condition que les travaux de terrassement ne se soient pas fait trop profondément et que les labours mécanisés n’aient pas complètement arasés les dépôts archéologiques. Il est toutefois exclu que les vestiges de l’occupation achéménide repérés par W. Sumner aient pu être préservés. Le remembrement a été si profond qu’il est même impossible d’effectuer la moindre réévaluation de l’occupation achéménide sur ce site : l’absence de céramique achéménide/LPW peut être tout à fait artificielle. Notons enfin la présence de quelques céramiques islamiques : le fait que W. Sumner n’en avait pas relevé sur le site R peut s’expliquer par la présence aux alentours de plusieurs sites, aujourd’hui disparus, d’occupation islamique (KR0397, KR0354, KR0398 – Fig. 6-4).