6.2.3.3.2. Sites préservés

  • KR0149-Tol-e Teimuran : QT ; surf. 11,5 ha ; ht. 3 m ; Kaf; 0,8 ; Qal; 0,8 ; S-T; 11,5 ; Ach; 0,8 (code A)/UTM 39R : N 718288 m ; E 3292681 m

Nos visites sur ce site sont restées limitées à des reconnaissances sur sa moitié nord. Elles ne nous ont permis de reconnaître que des concentrations de céramiques Shoga/Teimuran ainsi que quelques tessons islamiques. Aucune zone de tessons achéménide/LPW n’a pu être délimitée.

Ce tepe a déjà été largement étudié : outre les prospections de W. Sumner, L. Vanden Berghe a effectué deux sondages sur le site1600, par la suite L. Jacobs a entrepris des ramassages systématiques des tessons sur certains secteurs1601. Un premier problème concerne l’identification même du point KR0149 au site de Tol-e Teimuran. Dans le Gazetteer, la surface du site est de 11,5 ha et sa hauteur 3 m. Or dans la description de L. Jacobs1602, et d’après ce que nous avons également pu observer au cours de nos prospections, le site mesure 8 ha et 8 m de haut. S’il est vrai que le point culminant du tepe doit être proche de 8 m, au niveau des ruines du qaleh qui a réoccupé la partie sud-ouest du site, la hauteur moyenne de la partie nord-est est moins élevée. En outre la différence de surface peut s’expliquer par le fait que W. Sumner effectuait ses mesures au pas ; la forme du tepe étant irrégulière, elle a pu induire des erreurs de calcul. Malgré ces différences morphologiques, il paraît presque certain que KR0149 corresponde à Tol-e Teimuran, d’autant que dans cette partie de la plaine, le secteur sud de plaine de Olya, aucun site ne présente une surface comparable à celle de Tol-e Teimuran. Pour ce qui est de l’occupation achéménide du site, les notes de terrain ainsi qu’une partie des objets retrouvés au cours des sondages effectués par L. Vanden Berghe ont été publiés assez récemment1603. Ils ont permis de mettre au jour essentiellement des tombes de la fin de l’âge du Bronze avec des céramiques correspondant à la culture de Shoga-Teimuran. En surface, plusieurs tombes islamiques ont été découvertes. Aucune couche d’occupation intermédiaire n’a pu être mise en évidence1604. Les données issues des ramassages systématiques effectués par L. Jacobs sont contradictoires. Aucun des lots ramassés ne semble avoir révélé de céramique achéménide/LPW1605 ; toutefois dans un tableau récapitulatif des périodes d’occupation de sites sur lesquelles elle a effectué des ramassages, elle en indique la présence1606. Il est possible qu’elle ait trouvé des tessons de céramique achéménide/LPW au cours de ses prospections non-systématiques du site, en-dehors des carrés de ramassage. Toutefois selon elle, le site constitue, dans la plaine de Persépolis, un des exemples dont l’unique période d’occupation principale est Shoga/Teimuran, donc pour les autres époques elle peut être considérée comme marginale.

  • KR0179-Darvazeh Tepe : T ; surf. 6,3 ha ht. 5 m ; Bak. 0,8 ; Lap. D ; Kaf. D ; Qal. 1,2 ; S-T. 6,3 ; Ach. 0,8 (code A)/UTM 39R : E 707765 m ; N 3285226 m

Le site n’a pas révélé de céramique achéménide/LPW au cours de nos prospections. Les concentrations de tessons, qui peuvent atteindre des valeurs très importantes estimées à 20 tessons/m², correspondent presque uniquement à de la céramique de catégorie Shoga Teimuran. La céramique à la surface du site est donc très uniforme. L’emplacement des divers sondages, en carré, qui ont été pratiqués dans le site sont encore visibles, on note également la présence de plusieurs fosses de pillage. Dans le cadre de nos recherches sur l’ensemble de la plaine, l’intérêt de ce site réside essentiellement dans son emplacement, à l’extrême sud-est de notre zone d’étude. Il se situe en plein dans la zone sud-est marécageuse et saumâtre1607. Cela prouve qu’au cours du IIe millénaire, ce secteur d’apparence inculte était occupé, Darvazeh se rangeant de plus par sa taille dans la catégorie des grands sites d’habitation de la plaine. Les données climatiques n’indiquent pas de différence marquante du climat par rapport à aujourd’hui. D’après les études palynologiques du lac Maharlou, les périodes de sécheresse apparaîtraient plutôt par la suite, au cours du Ier millénaire1608. Dans les conditions environnementales d’aujourd’hui, l’existence de ce site paraît difficilement explicable. Toutefois, les habitants ont pu développer des modes de subsistances adaptés. La végétation halophile, très clairsemée, permet d’assurer un élevage extensif. Le site se trouve de plus à 2 km au sud de la pointe sud-est du Kuh-e Rahmat. La zone de piedmont offre des terrains en pente sur lesquels il est a priori possible de développer une agriculture irriguée, la pente permettant un drainage suffisant. Elevage extensif dans les zones marécageuses alentours et culture de champs sur les pentes du Kuh-e Rahmat pouvaient donc être associés pour assurer la subsistance des habitants. L. Jacobs, qui a étudié le site de manière détaillée, souligne également que lors des pluies hivernales, le site se retrouve au milieu d’une vaste étendue boueuse1609. La vie sur le site devait alors être rendue très difficile, à moins que la morphologie du kevir, qui marque la limite nord de Darvazeh, ait été très différente au IIe millénaire1610. Une contraction des lacs, synonyme a priori de sécheresse, offrirait en effet une vaste étendue de terrain disponible pour l’élevage extensif. De plus, si les lacs sont en moyenne plus petits, cela signifie que lors des pluies hivernales, le site de Darvazeh peut rester à l’abri, l’extension des zones inondées étant peut-être plus réduite.

Le site de Darvazeh Tepe a fait l’objet de plusieurs campagnes de sondages et de fouilles. Durant l’hiver 1951-1952, L. Vanden Berghe a ouvert une tranchée de sondage mais a abandonné au bout de quelques jours du fait de l’isolement du site et des difficultés d’approvisionnement1611. Par la suite, en 1968 et en 1979, M.B. Nicol a procédé à deux campagnes de fouille, la surface totale fouillée atteignant près de 3000 m²1612. Sur la base de datation C14, il estime d’abord que l’occupation du site s’est étalée entre 1750 et 750 av. J.-C.1613, par la suite il élargit ces bornes chronologiques à 2100 et 650 av. J.-C. à laquelle il ajoute une petite période d’occupation plus récente comprise entre 1700 et 1800 ap. J.-C.1614. D’après lui, l’occupation du site aurait ainsi couvert l’ensemble du IIe millénaire et une partie de la première moitié du Ier millénaire. Il estime donc que les populations qui ont vécu à Darvazeh pourraient constituer les premières populations perses de la région. Les résultats des fouilles n’ont cependant pas été publiés précisément.

L. Jacobs a repris une partie des archives pour tenter d’effectuer une analyse plus fine de la stratigraphie et de l’organisation spatiale des parties fouillées du site. Elle remet aussi en cause en grande partie la stratigraphie mise en place par M.B. Nicol ainsi que la chronologie d’occupation. Une étude plus détaillée des datations radiocarbones, faites sur des échantillons peu précisément localisés dans la stratigraphie, montre que l’occupation du site se concentre sur 1000 ans, entre 1800 et 865 av.J.-C.1615. S’il y a eu un déplacement du secteur d’habitat de la partie sud à la partie nord du tepe aux environs de 1300 av.J.-C., il ne correspond apparemment pas à un changement du matériel archéologique. L’occupation du site semble donc très homogène, caractérisée essentiellement par des céramiques de catégories Shoga et dans une moindre mesure Teimuran1616. La possibilité d’une occupation du site à partir au cours du Ier millénaire n’est que rapidement évoquée par L. Jacobs, elle pourrait se traduire par la présence possible de trois céramiques de type Djalabad1617. L. Jacobs n’a retrouvé aucun tesson achéménide/LPW mais elle suggère une contemporanéité de cette catégorie avec la céramique Djalabad1618. Etant donné la faiblesse des données matérielles et les incertitudes existantes quant à la définition typo-chronologique de la céramique Djalalabad1619 et au fait que les types retrouvés à Darvazeh correspondent effectivement à cette céramique1620, il faut pour le moment considérer l’occupation de Darvazeh, postérieure à la période Shoga/Teimuran, comme peu probable.

  • KR0269 – Shoga Bozorg ; T ; surf. 6,2 ha ; ht. 7 m ; Bak. 1,2 ; Lap. D ; Kaf. 1,2 ; Qal. 1,2 ; S-T. 6,2 ; Ach. 1,2 (code B)/UTM 39R : E 687326 m ; N 3304294 m

La surface du tepe présente des concentrations de tessons estimées jusqu’à 10 tessons au m². La visite du site de Tol-e Shoga ne nous a pas permis de reconnaître de manière certaine des tessons diagnostiques achéménide/LPW. Seuls quelques tessons épars pourraient éventuellement se rattacher à cet ensemble, mais aucune concentration bien délimitée n’a pu être reconnue. Outre la présence de tessons pré-achéménides, essentiellement de type Shoga-Teimuran, nous avons retrouvé un ensemble de céramiques probablement postérieures à l’Age du Bronze, indéterminé.

En 1951, L. Vanden Berghe a procédé à des sondages sur le site, deux au sommet et un au pied du versant oriental du tepe1621. Les emplacements de ces différents sondages sont encore bien visibles aujourd’hui, surtout la grande tranchée du flanc est : ils se distinguent surtout par la présence des tas de déblais issus des fouilles. Les différents sondages ont mis au jour d’épaisses couches d’occupation Shoga/Teimuran ainsi que des tombes de la même période, sur le versant est du site. L. Jacobs, au cours de ses prospections, a quant à elle procédé à des ramassages systématiques sur six carrés de 10x10 m1622. Si la grande majorité des tessons récoltés sont de catégorie Shoga/Teimuran, un des carrés a révélé une forte proportion de céramiques achéménide/LPW1623. Ce carré est situé au nord de la plateforme sommitale du tepe et chevauche un des tas de remblais provenant des sondages. A cet endroit, ce sont 29 tessons achéménide/LPW qui ont été ramassés, ce qui représente plus de 40% du total des tessons identifiables récoltés1624. Les données de L. Jacobs pourraient donc traduire une occupation achéménide du site, limitée à la partie nord du tepe. Elle viendrait de ce fait corroborer les données de W. Sumner où un code B a été appliqué à la surface d’occupation achéménide. Toutefois cet exemple paraît intéressant pour nuancer les valeurs des surfaces conventionnelles d’occupation mise en place par W. Sumner. Un des carrés de prospection de L. Jacobs se trouve à peu près à 20 m de celui qui a fourni des céramiques achéménide/LPW, ce second carré n’a pas fourni un seul tesson de ce type. L’occupation achéménide n’est donc attestée de manière certaine que sur une surface maximale de 100 m², valeur bien inférieure à celle de 1,2 ha avancée par W. Sumner. La provenance des céramiques du lot qui a fourni les 29 tessons achéménide/LPW peut également poser question, puisque manifestement, d’après le plan de localisation de L. Jacobs, le carré se trouve en partie sur un tas de déblais. La question se pose donc de savoir s’ils proviennent de la surface du tepe ou du tas de déblais. Dans le second cas, cela voudrait dire que les tessons viennent d’un des sondages pratiqués au sommet du tepe, sondage qui aurait de ce fait atteint un niveau d’occupation achéménide.

  • KR0558 – Ak Tepe : LT ; surf. 8 ha ; ht. 39 m ; Msk. 0,8 ; Jar. 0,8 ; Shm. D ; Bak. 0,8 ; Lap. 0,8 ; Ban. 0,8 ; Kaf. 1,2 ; S-T. 0,8 ; Ach. 0,8 (code A)/ UTM 39R : N 660704 m ; E 3318700 m

Le site de Ak Tepe correspond à une occupation localisée sur les pentes raides d’une colline de 35 m de haut située au niveau de la pointe sud du Kuh-e Ayyub. La partie sud de ce relief présente des affleurements rocheux ; les autres versants présentent des concentrations de céramiques. Les dépôts archéologiques sont plutôt bien préservés ainsi que les environs immédiats du site. Nous avons repéré de nombreux tessons pré-achéménides, mais aucun tesson diagnostique achéménide/LPW. L. Vanden Berghe a ouvert trois sondages sur le site, l’un d’entre eux a fourni de la céramique Shoga/Teimuran, un autre de la céramique néolithique et Bakun1625. Au cours de la courte description de ses sondages, il n’indique pas de couches d’occupation achéménide.

Notes
1600.

Vanden Berghe 1954 : 399

1601.

ibid. : 151-153, site 11N5

1602.

ibid. : 151

1603.

Overlaet 1997

1604.

ibid. : 5, tableau synthétique des niveaux archéologiques dégagés.

1605.

Jacobs 1980 : 216, lots 154 à 162

1606.

Jacobs 1980 : 132-Table 11

1607.

Cf. § 2.5.1.

1608.

2.4.2.1.1

1609.

ibid.: 19

1610.

Cf. 2.2.4.2.3

1611.

Vanden Berghe 1954 : 398-399 ; Jacobs 1980 : 16 sur les difficultés rencontrées par L. Vanden Berghe

1612.

Nicol 1969 et 1971 ; Jacobs 1980 : 20-21 estime quant à elle les surfaces fouillées à 2600 m².

1613.

Nicol 1969

1614.

Nicol 1971

1615.

Jacobs 1980 : 115-119 ; cf. § 4.2.1.1

1616.

ibid. : 153-155, site 12M1, la mise en place de ramassages sur deux carrés de 100 m² sur le site de Darvazeh a permis de montrer que 80% de la céramique est de type Shoga, 10% de type Teimuran, le reste des tessons comprenant des céramiques Qaleh et d’autres non-identifiés.

1617.

ibid. : 83-84 et 277-278-fig.28(9-11)

1618.

ibid. : 14-Table 1

1619.

Cf. § 4.2.1.2

1620.

ibid. : 59-60 ; cf. § 4.2.1.2

1621.

Vanden Berghe 1952 : 215-217

1622.

Localisation des différents carrés Jacobs 1980 : 301-fig.44

1623.

ibid. : 148

1624.

ibid. : 215-Appendix D, lot 144

1625.

Vanden Berghe 1954 : 396-397