Ce site, découvert fortuitement au cours de l’été 1968, a été publié par D. Whitcomb1650. Dans son article, il rassemble plusieurs observations effectuées dans les jardins au sud du village de Seidan, sur les piedmonts du massif de Kuh-e Siah. Plusieurs éléments architecturaux ont été retrouvés : des grandes dalles de pierre, deux fûts de colonnes cannelées et un bloc cubique taillé en escalier sur une de ses faces1651. L’auteur détaille les dimensions de quelques blocs et décrit précisément les fûts de colonne. Les découvertes de ces vestiges architecturaux sont anciennes puisque des fragments de colonnes ont été remployés dans des murs de jardins ou dans un bassin. Plus loin, au pied des affleurements rocheux calcaires du Kuh-e Siah, D. Whitcomb a également observé quelques blocs inachevés, l’un d’eux portant une série d’emboîtures de coin et un autre étant juste équarri. Ils témoignent donc d’une évidente activité d’extraction à cet endroit. Un plan schématique de l’ensemble a été dessiné par D. Whitcomb1652.
Nous avons pu retrouver l’endroit décrit par D. Whitcomb. En bas de la pente d’une colline, dont les versants sud-est et nord-ouest correspondent à des couches de calcaire de pendage vertical, des terrassements récents ont dégagé plusieurs blocs architecturaux (Fig. 6-11). La plupart ont été détériorés lors de ces travaux. Un groupe de trois blocs proches doit provenir d’un seul et même élément brisé en trois morceaux (Fig. 6-12). Ils sont taillés en trois degrés dans un calcaire noir. Chaque degré mesure environ 6 cm de haut. Sous cette partie soigneusement taillée, la pierre a été laissée brute pour le scellement des blocs dans le sol. Le plus grand des trois blocs est brisé à ses deux extrémités : il mesure 120 cm de long pour 50 cm de large et à chaque extrémité du bloc, les degrés amorcent un angle à 90° ; ce bloc constitue donc un des côtés d’un bloc rectangulaire ou carré plus large (Fig. 6-12-à droite). Un des angles de ce bloc est situé à côté (Fig. 6-12-à gauche). Les dimensions des arêtes extérieures de part et d’autre de l’angle sont de 90 cm et 65 cm. Il est à noter que l’intérieur de l’angle est ajouré. Le bloc architectural, dont cet angle devait faire partie, était donc probablement évidé en son centre. Enfin, un troisième bloc a été repéré entre les deux qui viennent d’être décrits. Il s’agit d’une simple dalle de calcaire noir, en grande partie enfouie, qui ne présente aucun degré. L’ensemble permet de restituer un bloc quadrangulaire, probablement carré, de 120 cm de côté. Outre ces trois fragments de blocs, non loin vers l’ouest, nous avons pu retrouver les deux fûts de colonne publiés par D. Whitcomb en partie enfouis sous les déblais des terrassements. Les autres blocs publiés n’ont pas été retrouvés. Autour des différents blocs décrits, nous avons retrouvé quelques céramiques éparses et très érodées, il s’agit de céramiques postérieures à l’Age du Bronze, sans pouvoir donner plus de précision quant à leur datation.
Dans un grand bassin situé en contrebas, au sud de la colline, un fragment de fût et une base de colonne, très érodés, ont été remployés dans la maçonnerie1653. Le fragment de fût ne dépasse pas les 30 cm de haut, il n’est pas cannelé. La base de colonne est très simple : il s’agit d’une dalle de calcaire blanc, de forme carrée, d’une cinquantaine de centimètres de côté, surmontée d’une base de fût cylindrique (Fig. 6-13). Sur le site de Seidan, il semble donc coexister des vestiges architecturaux de deux styles sans doute de périodes différentes, provenant donc peut-être de deux constructions distinctes.
Sur la base de la forme des fûts, cannelés comme à Persépolis, D. Whitcomb suppose à raison que les vestiges sont achéménides1654. La découverte des blocs de pierre noire permet de renforcer cette datation, les bâtisseurs achéménides, au début de la période, jouant souvent sur l’alternance de couleurs entre le calcaire noir et blanc. Cependant, la fonction du bloc à degrés est énigmatique, nous n’avons pas pu retrouver de comparaison possible avec d’autres éléments architecturaux existants sur les différents sites achéménides de la région. En outre, comme le prouvent les éléments architecturaux situés dans le bassin, une autre construction existait dans les environs, peut-être d’une autre époque, le style du fût et de la base de colonne n’étant pas très caractéristique.
L’emplacement de ce site a été choisi avec soin car, comme le prouve la pratique actuelle du maraîchage dans les environs de Seidan, les sources sont nombreuses dans la région1655 (Pl. 8) et permettent une mise en valeur agricole du piedmont. L’une d’elle jaillit juste au nord du site. La densité des jardins, entourés de hauts murs de terre, rend toute prospection plus poussée des environs impossible. Il est de ce fait difficile de déterminer si le site est isolé ou s’il s’insère dans un plus vaste espace aménagé. Seules les pentes du Kuh-e Siah, au nord, pourraient éventuellement faire l’objet de prospections qui peuvent avoir un intérêt pour repérer des traces de carrière, relevées par D. Whitcomb mais que nous n’avons pas retrouvées.
Whitcomb 1969
ibid. : 48 et 50-fig.2,3,4
ibid. : 51-Plan 1
Whitcomb 1969 : 48 évoque également la présence d’un fût dans un bassin.
ibid. : 48
Les sources de la région de Seidan pourraient avoir été captées à l’époque achéménide pour alimenter le canal construit le long du Kuh-e Rahmat, au nord de la terrasse de Persépolis, cf. § 5.5.4.1.4