6.2.6.2. Prospections à Tol-e Gap

6.2.6.2.1. Présentation du site et données archéologiques

Figure 6‑23 : Tol-e Gap, vue d’ensemble du site vers l’ouest (cliché SG, automne 2005)
Figure 6‑23 : Tol-e Gap, vue d’ensemble du site vers l’ouest (cliché SG, automne 2005)

Le site de Tol-e Gap (Fig. 6-23) correspond à un tepe localisé à 800 m au nord du piedmont septentrional du massif du Kuh-e Ayyub (Pl. 43 et Pl. 47). Sa hauteur est légèrement supérieure à 5 m. Il présente une petite plateforme sommitale de 30 m de large par 60 m de long (Fig. 6-24). Il est de forme ovale, orienté nord-ouest/sud-est, et mesure environ 130 m de large pour 230 m de long, soit une surface totale estimée à 3,3 ha, qui correspond à celle enregistrée pour le site (KR0823) dans le Gazetteer. Il n’a donc pas connu de destructions majeures depuis les prospections menées par W. Sumner. Le creusement de canaux d’irrigation, tout autour du relief, a toutefois dû entraîner des destructions, limitées, des vestiges archéologiques (Fig. 6-24). Au-delà de ces canaux, la plaine est intensément cultivée et le site est entouré de champs. La partie sud-est du site, qui présente des pentes assez douces, est cultivée. Lors d’une première prospection au cours de l’automne 2005, nous avions pu en effet repérer des traces de labours et au printemps 2008, lorsque nous avons entrepris les prospections géophysiques, du blé avait été planté sur cette partie du tepe. Quelques fosses de pillage émaillent la surface du site, elles sont généralement de petites dimensions. La plus importante se situe à l’ouest du sommet, elle mesure à peu près 2 m de diamètre (Fig. 6-24).

Figure 6‑24 : Tol-e Gap, carte topographique du tepe
Figure 6‑24 : Tol-e Gap, carte topographique du tepe

Dans le Gazetteer, les céramiques enregistrées pour le site de Tol-e Gap correspondent aux catégories : Jari (1,2 ha – code B), Shamsabad (1,2 ha – code B), Bakun (3,3 ha), Achéménide (0,8 ha – code A), Islamique (code P). Lors de nos prospections, nous avons pu mesurer que la surface du site présente d’importantes concentrations de tessons de céramique. Elles ont été estimées à 1 tesson/m² dans la partie est du site, à 5 tessons/m² au sommet. Les plus faibles concentrations à l’est peuvent s’expliquer par la mise en culture de cette partie du site. Il était en effet plus difficile de repérer les céramiques sur ce terrain labouré. La céramique est majoritairement Bakun, vient ensuite un ensemble de céramiques néolithiques, dont un tesson avec des décors caractéristiques du Mushki. La période Bakun pourrait correspondre à la phase principale d’occupation du site comme aurait tendance à le démontrer les importantes densités de céramiques caractéristiques de cette période. Outre les céramiques préhistoriques, un ensemble de tessons de céramique commune, manifestement postérieure au Bakun, a pu être recensé. Parmi eux, quelques uns étaient sûrement islamiques. La plupart formait un ensemble assez homogène, présentant des qualités de pâte comparables, à dégraissant minéral souvent assez grossier mais avec une grande variété de couleur. Très peu de tessons diagnostiques ont pu être repérés, nous avons toutefois pu retrouver plusieurs formes achéménide/LPW. Par exemple, un bord de bol caréné de 22 cm de diamètre, légèrement recourbé vers l’extérieur, a été retrouvé (Fig. 6-25-A). Il présente une pâte de couleur grise, à dégraissant fin, sa surface n’est pas lissée. Les autres formes (Fig. 6-25-BetC) paraissent moins caractéristiques mais peuvent trouver des comparaisons avec celles publiées par W. Sumner1724. Il est donc possible qu’une grande partie de cette céramique, plus récente que la céramique Bakun, correspondent à un ensemble achéménide/LPW.

Figure 6‑25: Tol-e Gap, exemple de profils de tessons de céramique probablement achéménide/LPW
Figure 6‑25: Tol-e Gap, exemple de profils de tessons de céramique probablement achéménide/LPW

L’occupation islamique du site semble donc avoir été très limitée et correspond à une fréquentation du site plus qu’une occupation durable. La céramique achéménide/LPW est présente sur l’ensemble du site, elle paraît plus dense vers le sommet mais il est difficile de délimiter précisément une zone de concentration. La période achéménide doit donc correspondre à la dernière phase majeure d’occupation de Tol-e Gap.

Notes
1724.

Le profil C (Fig. 6-25) pourrait par exemple être comparé à Sumner 1986a : 6-Ill.2(P) (Pl. 14)