6.2.6.2.2. La prospection magnétique

La prospection magnétique effectuée à Tol-e Gap s’étend une surface de 2 ha, soit un peu plus que 60 % de la surface totale du site (Fig. 6-26). Le versant nord-ouest du tepe n’a pas pu être prospecté car les pentes étaient trop raides pour permettre une progression régulière de l’opérateur. La surface du tepe ne présentait pas d’obstacle à la prospection magnétique. Le versant est du tepe, à peu près jusqu’à la ligne de niveau des 1613 m, était en culture. La prospection ayant eu lieu au début du printemps, le blé était encore jeune et ne mesurait qu’une trentaine de centimètres de haut. Les cultures n’ont donc pas gêné la mise en œuvre des prospections.

La carte du gradient magnétique obtenue à Tol-e Gap présente une réponse magnétique assez complexe (Fig. 6-26). Avant de décrire les résultats, il faut souligner que des problèmes de connectique avec l’un des capteurs du gradiomètre a produit des artefacts au début de chaque profil, ainsi qu’une instabilité des mesures le long des profils. Les contours des carrés de prospections sont de ce fait visibles sur la carte du gradient magnétique et des effets de profil, orientés nord-ouest/sud-est, apparaissent fréquemment, en particulier au centre la zone prospectée (Fig. 6-27-en jaune). Ces anomalies ne sont pas à prendre en compte dans l’interprétation de la carte.

Figure 6‑26 : Tol-e Gap, carte du gradient magnétique
Figure 6‑26 : Tol-e Gap, carte du gradient magnétique

Le gradient magnétique montre sur l’ensemble de la carte des variations qui pourraient être liée à l’occupation ancienne du site et à la présence de sédiments anthropogènes. Il est toutefois difficile de distinguer des anomalies organisées qui pourraient correspondre à la présence de vestiges construits. Les couches archéologiques semblent assez remaniées du fait, à l’est, de la mise en culture, et, sur l’ensemble du tepe, de l’érosion ou des pillages. Le résultat s’apparente à une sorte de bruit de fond magnétique où il est difficile de déterminer un plan d’organisation des anomalies.

Seul le sommet du tepe pourrait présenter des anomalies correspondant à la présence de vestiges archéologiques. La plateforme sommitale est marquée par une série d’anomalies dont les contours dessinent une zone de forme à peu près rectangulaire (Fig. 6-27- tiret violet). Sa limite orientale correspond à peu près à la ligne de niveau des 1613 m, au-delà de laquelle la surface du site est cultivée. Elle est marquée par la présence d’une anomalie linéaire de faible amplitude (moins de 1 nT/m) qu’il est difficile de suivre précisément. A l’ouest, ce secteur englobe les deux tiers de la surface de la plateforme sommitale, sa limite pourrait correspondre à une anomalie positive de très faible amplitude. Sa limite sud pourrait coïncider avec une série d’anomalies linéaire positives qui semblent s’aligner à la limite de la plateforme. Au nord, sa limite est bien moins nette : pour la tracer nous avons arbitrairement suivi la ligne de niveau des 1613 m. L’existence de ces anomalies pourraient s’expliquer par la présence de structures archéologiques entourant une zone d’occupation ancienne située au sommet du tepe. Les vestiges de cette occupation pourraient correspondre aux quelques anomalies linéaires présentes à l’intérieur. Elles présentent un gradient très faible, d’une valeur proche de +/- 1 nT/m (Fig. 6-27-tiret rouge) et sont de ce fait difficilement visibles. Deux de ces anomalies, à l’est du secteur délimité, présentent des formes circulaires imbriquées. D’autres anomalies rectilignes apparaissent mais elles sont isolées les unes des autres. Ces différentes anomalies pourraient correspondre au tracé de structures très mal conservées. En l’absence d’un plan d’organisation cohérent, il est toutefois difficile de relier de manière certaine ces anomalies à la présence de vestiges archéologiques.

Figure 6‑27 : Tol-e Gap, schéma d’interprétation de la carte du gradient magnétique
Figure 6‑27 : Tol-e Gap, schéma d’interprétation de la carte du gradient magnétique

La principale information à retenir est que les couches superficielles du site paraissent fortement perturbées. Sur ce site où plusieurs périodes d’occupation se sont succédées, nous aurions pu espérer détecter des plans d’organisation différents, sur des secteurs bien délimités du site, ce qui n’est pas absolument pas le cas à Tol-e Gap. Ce n’est qu’à cette condition qu’il aurait été possible de déterminer une phase d’occupation finale achéménide. La carte permet tout de même de supposer la présence de quelques vestiges dont l’existence demanderait à être confirmée par des sondages archéologiques.