6.2.6.3.2. Les données archéologiques

Figure 6‑29 : Dawlatabad, carte topographique superposée à la carte de situation de la parcelle
Figure 6‑29 : Dawlatabad, carte topographique superposée à la carte de situation de la parcelle

Le site correspond au point KR0263 dans le Gazetteer. D’après les indications rentrées dans la base de données, il correspond à un groupe de tepes de 0,6 ha sur l’ensemble duquel de la céramique achéménide/LPW a été retrouvée et où la présence de tessons islamiques a également été signalée. La hauteur des tepes n’est pas précisée, ce qui signifie probablement qu’elle était inférieure au mètre1725. Nous ne disposions d’aucune autre donnée plus précise avant de prospecter le site.

Aujourd’hui, la parcelle présente une topographie presque plane (Fig. 6-29). La partie nord-ouest, le long du canal qui longe le terrain à l’est, semble présenter au moins deux petits reliefs, très bas, aux pentes très douces. Ils sont difficiles à distinguer à l’œil nu car en grande partie recouverts de végétation. La carte topographique du site, levée pour aider à l’interprétation des anomalies géophysiques, permet de visualiser plus précisément cette zone de reliefs (Fig. 6-29). Elle mesure environ 1 ha et est marquée par trois petites buttes de terre circulaires, mesurant pour la plus grande 30 m de diamètre et 50 cm de hauteur. Il s’agit peut-être des vestiges du groupe de tepes qui a été érodé à cause de l’exploitation agricole de la parcelle. Vers le sud, et ce jusqu’aux murs du complexe d’entrepôts, le terrain est presque plat (Fig. 6-30).

Figure 6‑30: Dawlatabad, vue d’ensemble vers le sud de la parcelle, délimitée au sud par les longs murs du complexe d’entrepôts (cliché SG, automne 2005)
Figure 6‑30: Dawlatabad, vue d’ensemble vers le sud de la parcelle, délimitée au sud par les longs murs du complexe d’entrepôts (cliché SG, automne 2005)

Une prospection fine de ce vaste terrain vague a permis de retrouver des concentrations de tessons, essentiellement achéménide/LPW, dans la partie nord-ouest de la parcelle. La surface couverte par cette céramique a été estimée à 2 ha. Elle englobe la zone de petits reliefs décrite précédemment et s’étend vers l’ouest et le nord. Les concentrations sont assez faibles, environ 1 tesson/m², mais significatives. Elles sont en tout cas largement supérieures au bruit de fond céramique, tel que nous avions pu l’évaluer sur l’ensemble des sites prospectés et plus précisément lors des prospections systématiques des champs autour de Band-e Amir1726. Vers le sud, au-delà de la zone de reliefs, ces concentrations diminuent pour devenir nulles au niveau du complexe d’entrepôts.

Figure 6‑31 : Dawlatabad, exemples de profils de tessons de céramique achéménide/LPW
Figure 6‑31 : Dawlatabad, exemples de profils de tessons de céramique achéménide/LPW

La plupart des tessons diagnostiques de céramique achéménide/LPW correspondent à des petits bols ouverts (Fig. 6-31-A à F et I), de diamètre compris entre 10 et 20 cm. Aucun profil complet n’a pu être retrouvé, le mieux conservé présente une hauteur de 4 cm (Fig. 6-31-H). Des fragments de poterie de plus grande dimension ont également été retrouvés, en nombre plus réduit. L’un d’eux, de presque 2 cm d’épaisseur, présente des côtes de 2 cm de large, espacées de 1,5 cm. Il pourrait correspondre à un tesson de grosse jarre. La partie supérieure d’une anse verticale simple a également été retrouvée1727 (Fig. 6-31-G). Les pâtes sont bien cuites et les dégraissants utilisés sont souvent grossiers. Le tesson possédant un profil légèrement caréné (Fig. 6-31-A) présentait toutefois une pâte rouge sombre à dégraissant fin. Les autres tessons montrent une très grande variété de couleurs de pâte et de traitements de surface. Si les pâtes sont majoritairement de couleur rouge claire à rouge sombre voire brune, des tessons à pâte grise ont également été retrouvés. Plusieurs présentent des pâtes à cœur gris et surface rouge témoignant d’une cuisson réductrice. Le traitement de surface est très inégal, la surface de certains tessons est laissée brute alors que pour d’autres elle a été légèrement lissée. Parmi les tessons retrouvés, il faut enfin souligner la présence de quelques tessons de céramiques islamiques très dispersés. Enfin, une dizaine de fragments très épars de pierre de couleur noire ont été retrouvés. Toutefois, leur faible concentration ne permet pas de supposer la présence de vestiges architecturaux en pierre.

Nos reconnaissances sur le site de Dawlatabad ont donc permis de déterminer l’existence d’une très probable occupation achéménide sur la partie nord-ouest du terrain. D’après la seule céramique, la surface d’occupation est estimée à 2 ha environ ; nous verrons que la prospection géophysique a permis d’affiner cette estimation. Les réoccupations postérieures sont manifestement très réduites, seuls quelques tessons épars témoignent d’une réoccupation islamique limitée du site. Les fouilles de sauvetage ont en effet apparemment mis au jour quelques tombes islamiques disséminées sur le site1728 dont le nombre exact et la localisation précise ne nous sont pas connus. Le site KR0257, enregistré dans le Gazetteer, est situé de l’autre côté de la route menant de Marvdasht à Dawlatabad, à environ 500 m de la zone de concentration de céramiques achéménide/LPW. Il correspond à un groupe de tepes islamiques de 4,5 ha de surface. Un des tepes est aujourd’hui encore en place. La proximité de ce site pourrait expliquer la présence de tessons et tombes islamiques à Dawlatabad.

Notes
1725.

Cf. § 6.1.3.6

1726.

Cf. § 6.2.2.3

1727.

Sumner 1986a : 5-Ill.1(V) ne publie qu’une seule anse et il s’agit d’une anse double retrouvée à Persepolis West parmi la céramique de surface, Schmidt 1957 : Plate 72(10) publie également le dessin d’une cruche à anse double, toutefois ibid. : Plate 71(6-7) correspondent à deux photographies de cruches à anse simple. Il est donc possible que des anses simples aient été utilisées durant la période achéménide.

1728.

A. Assadi, communication personnelle