6.2.7.2.1. Des sites à très faibles concentrations de tessons

L’étude des données du Gazetteer et nos réévaluations de l’occupation achéménide montrent que les concentrations de céramiques achéménide/LPW retrouvées sur le tepes sont souvent faibles1740.

C’est tout d’abord le cas pour les tepes où l’occupation achéménide n’est que supposée. Il s’agit des deux tepes sur lesquels n’ont été retrouvés, par W. Sumner, qu’un ou deux tessons, authentifiés comme achéménides (code S), et des six où un ensemble de céramiques probablement achéménide a été enregistré (code D). Au cours de nos prospections, seul un de ces sites (KR0214) a fourni des indices d’occupation achéménide, marquée par deux tessons dont l’identification achéménide/LPW n’est pas certaine. Sur les 7 sites restant, un n’a pas pu être visité, pour les autres aucune céramique achéménide/LPW n’a été retrouvée. Parmi ces 6 sites, trois ont été détruits (KR0956, KR0942, KR0524)ce qui peut en partie expliquer la difficulté à retrouver des tessons achéménide/LPW. Toutefois, dans les trois cas, des concentrations de céramiques ont été retrouvées dans les champs situés à l’emplacement des tepes disparus sans qu’aucun tesson achéménide/LPW n’ait été retrouvé. Donc, comme le fait W. Sumner dans son article1741, et comme le suggérait également R. Boucharlat1742, nous proposons, sur la base de ces observations, de sortir ces sites du corpus des sites achéménides de la plaine de Persépolis1743.

Pour les 26 autres tepes, où W. Sumner atteste la présence d’une occupation achéménide, bon nombre présentait, lors de ses prospections, de très faibles concentrations de céramiques achéménide/LPW. Cet aspect n’apparaît pas dans son article, mais est développé dans le fascicule accompagnant le Gazetteer 1744. Sur les 26 tepes, visités au cours de nos prospections, 12 présentent une surface d’occupation correspondant à une valeur conventionnelle, évaluée sur des bases ethnographiques. Il s’agit des 12 sites, soit plus du tiers des tepes visités, pour lesquels nous avons indiqué un code A ou B après la valeur de surface, codes qui correspondent respectivement à une valeur de surface de 0,8 ha et 1,2 ha.

7 de ces sites correspondent à de vastes tepes, des sites de référence, présentant des périodes d’occupation longue et continue sur plusieurs millénaires (KR0684-Tol-e Kamin, KR0520-Tol-e Qaleh, KR0269-Tol-e Shoga, KR0179-Tol-e Darvazeh, KR0149-Tol-e Teimuran, KR0558-Ak Tepe, KR0823-Tol-e Gap). Seuls deux de ces sites (KR0520-Tol-e Qaleh et KR0823-Tol-e Gap) ont fourni de la céramique achéménide/LPW au cours de nos prospections. Quatre de ces sites restants ont été prospectés finement par L. Jacobs, qui a procédé à des ramassages systématiques de tessons sur chacun d’entre eux. Or elle n’a retrouvé de la céramique achéménide/LPW que sur deux d’entre eux (Tol-e Kamin et Tol-e Shoga), et seulement sur des secteurs très limités. Pour les sites de Tol-e Teimuran et de Tol-e Darvazeh, les ramassages n’ayant pas concerné l’ensemble de la surface des tepes concernés, il est possible que les carrés, implantés de manière aléatoire, aient été situés hors des zones de concentrations de céramiques achéménide/LPW. Ces résultats prouvent bien en tout cas que les tessons achéménides sont très épars sur ces grands tepes multipériodes et peut expliquer, en partie, le fait que nos reconnaissances ont échoué à en retrouver la trace.

Le cas de Tol-e Gap, sur lequel nous avons mené une prospection magnétique, est également intéressant à considérer1745. Le site mesure 3,3 ha et la surface occupée à la période achéménide est estimée à 0,8 ha. A la surface, nous avons effectivement constaté que les concentrations de céramique achéménide/LPW étaient diffuses et peu denses. La quasi-absence de tessons islamiques laissait présager que l’occupation achéménide pouvait correspondre à la phase terminale d’occupation du tepe. Les résultats de la prospection géophysique n’ont pas permis de dégager un plan cohérent d’organisation des vestiges, qui aurait pu préciser l’organisation spatiale de l’occupation achéménide. Il est néanmoins possible que des restes architecturaux achéménides soient préservés dans le proche sous-sol mais la géophysique n’a pas été à même de les détecter. Que ce soit par les concentrations de céramiques ou par la géophysique, l’exemple de Tol-e Gap montre que les indices d’occupation achéménides sur ces vastes sites mutlipériodes préservés sont très difficiles à détecter.

Parmi les cinq derniers sites, pour lesquels une surface conventionnelle a été appliquée par W. Sumner, aucun n’a fourni de tessons achéménide/LPW, qu’ils soient préservés ou détruits. Cette constatation vient donc renforcer l’hypothèse selon laquelle l’occupation achéménide ne se signale souvent que par de faibles quantités de céramiques. Soulignons ici qu’un de ces cinq sites correspond à Bard-e Burideh I (KR1014). A.B. Tilia n’a pas publié l’ordre de grandeur de la surface couverte par les tessons mais affirme que les concentrations de céramiques sont importantes1746. W. Sumner a de ce fait probablement appliqué d’office au site une surface de 1,2 ha, sans pour autant l’avoir évaluée sur le terrain.

Notes
1740.

Cf. § 6.1.3.5

1741.

Sumner 1986a : 11

1742.

Boucharlat 2003

1743.

Ce constat se base également sur nos reconnaissances effectuées sur les sites de piedmont présentant une occupation achéménide supposée.

1744.

cf. § 6.1.3.4

1745.

Cf. § 6.2.6.2

1746.

Tilia 1978 : 90, cf. 6.2.3.5.2