6.2.7.2.2. Des sites mal conservés et de petite taille

A l’intérieur de l’ensemble de 26 tepes, sur lesquels W. Sumner a trouvé de la céramique achéménide/LPW, il reste 14 sites à considérer. Il s’agit des sites où, dans le Gazetteer, la surface d’occupation achéménide est égale à la surface totale du site. Sur ces sites, les concentrations de céramiques devraient donc normalement être plus importantes et donc plus facilement reconnaissables. Or seul le site KR0263-Dawlatabad a montré des concentrations suffisantes de tessons achéménide/LPW pour attester, à nos yeux, d’une occupation achéménide. Les sites KR0192, KR0647 et KR0737 n’ont fourni que quelques tessons pouvant éventuellement être identifiés comme achéménide/LPW. Comme pour les tepes décrits auparavant, les grands sites multipériodes, cet état de fait peut être lié à de faibles concentrations de céramiques.

Sur les sites préservés, les concentrations enregistrées étaient effectivement très faibles. A Dawlatabad1747, les concentrations de céramiques achéménide/LPW ne dépassent pas 1 tesson/2 m². Sur le site KR0192, la densité de céramique est encore plus faible puisque sur une zone de 1 ha, incluant le tepe, seul 200 tessons ont pu être dénombrés. La rareté de la céramique achéménide/LPW semble donc être un point commun à la majorité des sites achéménides visités.

Les deux petites villes achéménides ont disparu du fait de travaux de terrassement de grande ampleur. La disparition du KR0387-site R, plus grand, est liée à la construction du réseau de canaux modernes et aux remembrements consécutifs dans la partie de la plaine située entre les massifs du Kuh-e Sabz et du Kuh-e Gondashlu. Le site KR0697-site M a disparu du fait d’importants travaux de terrassement sur le piedmont nord-ouest du massif du Kuh-e Qaleh. Ces destructions sont probablement la cause de l’absence totale de tessons achéménide/LPW.

Sur les 14 sites considérés ici, 12 ont été détruits, soit 85 % des sites. Si l’on met de côté les sites R et M, les surfaces de ces tepes sont petites, toutes inférieures à 2 ha, 9 mesurant moins de 1 ha, et ils ne s’élèvent pas à plus de 2 m au-dessus de la plaine, 7 tepes à 1 m ou moins. Ils sont donc en effet particulièrement vulnérables aux nivellements liés aux travaux agricoles. Le cas des 4 tepes occupés uniquement au cours de la période achéménide et que nous avons pu visiter, est particulièrement éclairant. Ils mesurent en moyenne 0,5 ha, s’élèvent à moins de 1 m au-dessus du niveau de la plaine, de ce fait trois d’entre eux ont été arasés. Une activité agricole normale et la succession des labours peuvent suffire à faire disparaître ces petits sites. Il est également plus facile et rapide de niveler un petit tepe dont la présence peut gêner l’irrigation d’un champ.

Du fait de ces destructions, les céramiques ont été dispersées dans les champs lors de l’étalement des tepes. Lorsque nous avons essayé de retrouver les sites, il a été difficile de localiser précisément leur emplacement. Dans la plupart des cas, les points étant indiqués précisément sur la carte au 1:5000 utilisée par W. Sumner, il a été tout de même possible de les retrouver. Néanmoins, une fois sur place, il fallait retrouver dans un champ de plusieurs hectares, les concentrations de céramiques correspondant à l’ancien emplacement d’un tepe de moins de 1 ha, qui était recouvert probablement d’assez peu de céramiques achéménide/LPW. Par exemple, les champs situés à l’emplacement de KR0737 ou de KR0215 se sont révélés stériles, ou presque. Pour KR0232, la prospection des champs a permis de détecter de nombreux tessons uniquement Kaftari, qui ne correspondaient de plus à aucune des périodes d’occupation enregistrées dans le Gazetteer. Les destructions des tepes ont aussi pu s’accompagner d’un étalement de la terre du tepe loin de son emplacement original voire d’un arasement du tepe afin de récupérer de la terre pour amender un autre champ. Il paraît toutefois étonnant que dans la plupart des cas, aucun tesson n’ait pu être retrouvé. Cette observation doit avoir une explication archéologique liée, à nouveau, à la faible densité des céramiques achéménide/LPW sur ces tepes détruits.

Les prospections magnétiques menées à Dawlatabad1748 suggèrent une conclusion un peu plus positive. Le site correspondait, lors des prospections de W. Sumner, à un groupe de tepes de 0,6 ha, mesurant moins de 1 m de haut. Aujourd’hui ces reliefs sont encore en place, bien qu’érodés probablement par l’agriculture. Les anomalies détectées grâce à la géophysique pourraient indiquer que l’occupation achéménide du site a pu s’étendre, sur 1,5 ha, bien au-delà du seul secteur de tepes. Il est donc possible que ces petits tepes, présentant une occupation achéménide, ne soient que la partie visible de sites plus vastes. Les vestiges des quelques sites occupés essentiellement au cours de la seconde moitié du Ier millénaire, ne se signaleraient donc que par des tepes de taille limitée, du fait de la relative brièveté de l’occupation. A partir de là, il est possible que plus de 2000 ans d’agriculture et d’érosion aient progressivement érodé les tepes, les réduisant à des sites de petite surface et peu élevés. Les résultats géophysiques sur le site de Dawlatabad, qui demandent évidemment à être réinterprétés en fonction des résultats des fouilles de sauvetage entreprises, pourraient montrer que l’objet tepe ne refléterait que très imparfaitement les surfaces d’occupation réelle de site à période d’occupation unique. Ces résultats demanderaient bien entendu à être confirmés par d’autres prospections géophysiques sur ce type de sites, à condition d’en trouver d’autres préservés.

Notes
1747.

Cf. § 6.2.6.3

1748.

Cf. § 6.2.6.3