6.2.7.3. Des problèmes d’ordre méthodologique

Notre difficulté à retrouver les concentrations de tessons achéménide/LPW peut aussi avoir pour origine la fragilité de nos outils d’analyse. Cette difficulté est liée d’abord à la définition même des formes et des types ainsi qu’à la faiblesse des densités de céramique. Nos visites des sites achéménides de la plaine de Persépolis ont été vues avant tout comme des reconnaissances, destinées à mettre en place d’éventuelles recherches plus approfondies, essentiellement des prospections géophysiques. Ces prospections ont été conduites sans ramassage systématique des tessons et une estimation de leur datation a été effectuée in situ.

Les formes et les types de céramiques achéménide/LPW sont assez mal définis du fait de du peu de données de fouilles stratigraphiques publiées, où elles auraient été bien identifiées1749. Sur les différents sites visités, et même sur les sites qui n’auraient été occupés qu’à la période achéménide, cette céramique a souvent été difficile à reconnaître avec précision. Les poteries étaient souvent très érodées et généralement nous n’avons retrouvé que très peu tessons diagnostiques. De ce fait, il est possible que l’identification effectuée uniquement sur le terrain montre ici ses limites, des ramassages auraient peut-être permis une identification plus précise.

Deux exemples, tirés des recherches archéologiques antérieures, permettent toutefois de nuancer ce constat. W. Kleiss base en effet ses datations de sites KR0743 et KR09601750 sur un ensemble de tessons qui n’a que très peu de points communs avec la céramique achéménide/LPW telle qu’elle a été publiée par W. Sumner. J.R. Alden n’aborde pas spécifiquement le problème de la reconnaissance de la céramique achéménide au cours de sa thèse consacrée à la période Banesh. Toutefois les descriptions des sites KR0899 et KR09011751 apportent un éclairage intéressant sur ce qu’il considérait éventuellement comme de la céramique achéménide/LPW. Sur l’un des sites, KR0899, il indique explicitement la présence de céramique achéménide/LPW. Pour l’autre, KR0901, classé dans les sites achéménides supposés, la céramique achéménide/LPW n’est pas précisément indiquée dans la description et doit faire partie de l’ensemble de tessons difficilement identifiables que J.R. Alden retrouve souvent sur les différents sites prospectés1752. Cet ensemble pourrait correspondre à ce que nous appelons la céramique postérieure à l’Age du Bronze1753. Or J.R. Alden collectait les tessons et effectuait donc ses identifications au bureau. Ces deux exemples montrent que la céramique achéménide/LPW est mal définie et difficilement reconnaissable. Même en effectuant un ramassage des tessons, sa détermination resterait délicate.

La faiblesse des concentrations de céramiques, constatée au cours de nos reconnaissances, aurait pu nous inciter à effectuer des prospections plus fines, systématiques, avec ramassage. Au cours des différentes descriptions de nos visites des sites achéménides de la plaine, nous avons toutefois pris soin de prospecter le plus finement possible les sites concernés. Pour l’ensemble des sites détruits, et pour certains encore préservés, nous avons effectué des prospections à vue, en ligne, dans les champs, de manière à reconnaître de manière précise d’éventuelles concentrations de céramiques. L’exemple des ramassages par carrés menés par L. Jacob, sur certains grands sites de référence qui devraient selon W. Sumner, présenter une occupation achéménide, montre de plus que la mise en œuvre de méthode de prospection plus fine peut donner des résultats mitigés concernant la céramique achéménide/LPW1754. Sur les deux tepes, il est néanmoins possible qu’un ramassage sur l’ensemble du site ait pu fournir des tessons achéménide/LPW. Cette méthode demande cependant un investissement en temps important ainsi qu’une infrastructure adéquate pour stocker les tessons ainsi qu’une personne à temps plein pour dessiner et étudier la céramique, possibilités dont nous ne disposions pas au cours de nos missions dans la plaine de Persépolis.

Notes
1749.

Cf. 4.2.2 et 4.2.3

1750.

Kleiss 1980 ; Cf. § 6.2.3.5.4

1751.

Alden 1979 : 193-194, sites 7G13 et 7G14 ; Cf. § 6.2.3.1.2

1752.

ibid. : 194, décrit comme suit les différentes céramiques reconnues sur ce site « The very light sherd scatter included a Bakun, several Banesh, and a number of Islamic and modern sherds, plus the usual collection of unidentifiable material »

1753.

Cf. § 4.1.2.2

1754.

Cf. § 6.2.7.2.1