6.3.2. Les prospections sur le piedmont nord du Kuh-e Ayyub

6.3.2.1. Présentation de la zone prospectée

Dans la littérature, le massif du Kuh-e Ayyub est essentiellement connu pour la grande tombe rupestre située au sud du massif, publiée une première fois par L. Vanden Berghe1772 et étudiée de manière plus détaillée par D. Huff1773. Il s’agit d’une chambre rupestre simple dont l’ouverture est située à l’intersection de deux grands panneaux, aux parois régulières, taillés dans la roche en forme de « T » inversé. Si L. Vanden Berghe remarque une certaine similitude avec les tombes royales de Persépolis et Naqsh-e Rustam, D. Huff estime qu’il s’agit uniquement d’une tentative d’appliquer le modèle achéménide, largement postérieure puisqu’il date ce monument de l’époque sassanide. Plus au nord, sur le piedmont occidental du Kuh-e Ayyub, W. Kleiss a également publié un site qu’il a interprété comme une forteresse, associée à des vestiges d’habitats1774.

Le secteur que nous avons prospecté correspond à la partie occidentale du piedmont nord du Kuh-e Ayyub (Pl. 46 et 47), depuis sa pointe nord-ouest jusqu’à la limite occidentale du village de Chamani. Cette région a d’abord été choisie car elle présente quelques indices d’occupation achéménide. Il s’agit, à la pointe ouest du massif, du site KR0800 découvert lors des prospections de J.R. Alden le long du piedmont ouest du Kuh-e Ayyub1775. Il faut néanmoins rappeler que nous n’avons pas pu retrouver d’indices d’occupation achéménide, ils ont probablement disparu du fait du nivellement du piedmont à cet endroit1776. D’après le Gazetteer, ce site présentait une petite surface d’occupation de 0,2 ha. Le second site correspond à KR0823 – Tol-e Gap, situé à 800 m au nord de la base du piedmont. Si, lors de nos visites sur ce site, nous avons pu détecter la présence de céramiques achéménide/LPW à la surface de ce tepe, les prospections géophysiques n’ont permis de préciser ni le plan d’organisation, ni l’extension de cette occupation1777. D’après les données de W. Sumner, le massif du Kuh-e Ayyub est également entouré de plusieurs autres sites achéménides. Mis à part KR0558-Ak Tepe1778, les autres sites (KR0647, KR0612, KR0580, KR0642) ont aujourd’hui tous disparu.

Un des objectifs de notre prospection du piedmont nord du Kuh-e Ayyub est donc de chercher à enrichir la carte archéologique de l’occupation achéménide autour du massif, d’autant plus que la majorité des sites publiés par W. Sumner ont aujourd’hui disparu. L’étude de cette région s’est également faite en lien avec la prospection géophysique menée à Tol-e Gap pour croiser les différentes données de prospection. Parmi les critères archéologiques expliquant le choix de ce piedmont, la présence d’un ancien canal, plutôt bien préservé, a été déterminant. Le relevé topographique de l’ensemble des sections préservées rentre dans le cadre de l’étude plus générale des aménagements hydrauliques anciens de la plaine de Persépolis, menée par T. De Schacht1779 (Pl. 45).

Le piedmont nord du Kuh-e Ayyub présente une morphologie assez différente entre la moitié occidentale et orientale du secteur prospecté. A l’ouest, depuis la pointe nord-ouest jusqu’à la grande courbe qu’effectue le piedmont à environ 2 km de là (Pl. 47), le piedmont est étroit : il mesure une centaine de mètres de large. Il est très escarpé et rocailleux, des blocs provenant des versants rocheux situés au-dessus. Plus à l’est, le piedmont s’élargit pour mesurer près de 300 m ; les pentes deviennent plus douces et les sols sont moins rocailleux. Dans cette partie orientale, le massif présente une avancée dans la plaine qui correspond à des affleurements de bancs de calcaire assez escarpés. Lors de nos prospections (printemps 2007) le piedmont était très endommagé. Des travaux d’élargissement de la route, qui longe le piedmont, étaient en cours et se sont traduits par d’importants travaux de terrassement. La base de l’ensemble du piedmont a également été nivelée pour permettre sa mise en culture. Ces nivellements ont été particulièrement importants dans la partie orientale de la zone prospectée, où le large piedmont présente deux étages de champs en terrasse. Sur l’ensemble de la zone prospectée, seule la partie haute du piedmont, située entre la route et les affleurements calcaires, était préservée.

Notes
1772.

Vanden Berghe 1953 : 7, plaate VI-11 ; Vanden Berghe 1959 : 45, pl.62(f)

1773.

Huff 1988 : 156, Taf.45,2 ; Huff 1991 : 198-199

1774.

Kleiss 1993b date l’occupation de la période achéménide. Ce site n’a pas été visité au cours de nos prospections des sites achéménides connus de la plaine. Une visite du piedmont occidental du Kuh-e Ayyub, à la recherche des sites KR0800 et KR0784 (Pl. 43 et 44), a montré que ce secteur est aujourd’hui très détruit. Le site publié par W. Kleiss se trouve à l’est d’un grand village, Zargaran, dont l’expansion s’est faite en partie sur les pentes du Kuh-e Ayyub. Nous n’avons donc pas tenté de retrouver ce site, ce dernier étant probablement détruit. Il faut néanmoins souligner que la céramique retrouvée sur ce site, (ibid. : 334-Abb.4 et 335-Abb.6) ne paraît pas clairement achéménide/LPW. ibid. : 336 base de plus sa datation de l’occupation sur le fait que les vestiges de murs ne montrent pas d’utilisation du mortier. L’argument paraît faible, beaucoup de constructions en pierre postérieures à l’achéménide n’utilisent pas de mortier.

1775.

Les prospections systématiques menées par J.R. Alden lui ont permis de couvrir une section de près de 4 km du piedmont occidental du Kuh-e Ayyub, à partir de la pointe nord-ouest du massif, pour la localisation de cette prospection cf. Alden 1979 : 40-fig.5.

1776.

Cf. § 6.2.3.2.1 pour une description de nos prospections sur ce site.

1777.

Cf. § 6.2.6.2

1778.

Cf. § 6.2.3.2

1779.

Cf. § 6.3.2.4