6.3.2.2. Points d’observation archéologique correspondant à des indices d’habitat

Les différents points d’observation enregistrés (Table 5) permettent de constater une occupation ancienne des piedmonts nord du Kuh-e Ayyub, concentrée essentiellement autour de l’avancée du massif située à l’est de la zone prospectée (Pl. 47). L’ensemble des versants ouest et est de ce relief présente en effet des indices d’occupation sassanide/islamique ancien, sur une surface estimée à plus de 4 ha (MD071302). L’existence de ce site semble étroitement lié à la présence d’un ancien canal d’irrigation qui longe l’ensemble de la partie occidentale du piedmont jusqu’à ce secteur1780. A l’est de MD071302, au pied du versant, une zone d’occupation préhistorique a été détectée. Elle est très détruite par les terrassements agricoles récents. Elle est à associer à la présence d’une occupation chalcolithique et Age du Bronze située sur la colline naturelle qui se trouve à 200 m du piedmont, dans l’axe de l’avancée de la montagne (MD071312).

Dans ce même secteur, W. Sumner a relevé deux sites, enregistrés dans le Gazetteer. Un premier (KR0809) est situé au bas du versant ouest du grand site sassanide (MD071302), il note la présence de céramiques Lapui, et peut-être Banesh, sur une surface de 0,8 ha. Nous n’avons pas retrouvé de traces de ce site, certainement détruit à cause des terrassements récents liés à la rénovation et à l’élargissement de la route qui longe l’ensemble du piedmont. Le second point relevé par W. Sumner (KR0824) correspond au point MD071312 décrit précédemment. Notre identification des périodes d’occupation de ce site sont les mêmes que celles notées dans le Gazetteer dans lequel il est toutefois mentionné la présence de céramiques néolithiques, catégorie que nous n’avons pas retrouvée. Leur présence montrerait que l’occupation de cette zone pourrait être antérieure au chalcolithique. L’occupation préhistorique semble donc s’étendre sur tout le pourtour de cette avancée de la montagne (MD071303 à l’est et KR0809 à l’ouest) jusqu’à la colline naturelle située plus au nord, dans la plaine (MD071312/KR0824).

Dans les autres secteurs du piedmont, les indices d’occupation sont plus récents. Ils correspondent souvent à des fondations affleurantes de murs à alignement simple de gros blocs de pierre brute et de taille décimétrique (MD071293, MD071294, MD071302, MD071318, MD071320, MD071321). Sur le site MD071293, ces alignements encadrent de vastes fosses comblées de pierre provenant probablement de l’érosion des murs (Fig. 6-38). Les fosses sont de forme rectangulaire et mesurent pour les plus grandes 10 m de large par 20 m de long. Dans la plupart des cas, la céramique est très rare autour de ces vestiges de construction. Sa densité ne dépasse généralement guère celle observée sur l’ensemble du piedmont. Il s’agit de céramiques, souvent grossières et très érodées. De fait il est difficile de la dater avec précision, elle est très probablement islamique, les quelques tessons identifiables étaient plutôt de l’islamique ancien. Il paraît donc difficile de déterminer une contemporanéité de l’ensemble de ces occupations, du fait des incertitudes sur l’identification des céramiques.

Figure 6‑38 : MD071323, vue d’ensemble vers le nord-ouest, exemples de fondations affleurantes de gros blocs de calcaire entourant des fosses ovales (cliché SG, printemps 2007)
Figure 6‑38 : MD071323, vue d’ensemble vers le nord-ouest, exemples de fondations affleurantes de gros blocs de calcaire entourant des fosses ovales (cliché SG, printemps 2007)

Les techniques de construction employées pour les fondations affleurantes sont assez communes et ne permettent pas de caractériser la chronologie de ces occupations. Il s’agit d’alignements simples de gros blocs. Les murs étaient probablement construits avec un mélange de pierres et de terre, comme le démontrerait la nature du comblement des espaces délimités par les affleurements. Cette technique de construction est largement employée sur le site MD071323 (Fig. 6‑38), où l’érosion et le comblement des structures restent limités du fait de l’abandon, probablement assez récent, du site. Sur le site MD071293, des vestiges de fondation en gros blocs sont associés pour leur part à de la céramique présentant des décors typiques de la céramique d’Istakhr, ce qui la date l’occupation plutôt du début de la période islamique. La prise en compte de ces deux sites démontre la longévité de cette technique de construction, employée tout au long de la période islamique, et peut-être avant comme pourrait le démontrer la présence de deux vestiges du même type sur le versant occidental du grand site sassanide/islamique ancien MD071302.

Notes
1780.

Cf. § 6.3.2.4