6.3.2.4. Les aménagements hydrauliques

Tout la partie occidentale du piedmont prospectée, depuis la pointe nord-ouest du Kuh-e Ayyub jusqu’au point MD071302, présente des vestiges d’un canal d’irrigation (Pl. 47). Au total ce sont plus d’une vingtaine de sections qui ont pu être relevées à l’aide d’un tachéomètre, sur une distance totale de 3 km. Les vestiges du canal sont assez diversement conservés et ont subit d’importantes destructions lors de l’élargissement de la route. Certaines sections sont cependant conservées sur plus de 200 m de long. Ce canal présente une structure assez classique, à double parement de gros blocs décimétriques non-taillés1781 (Fig. 6-41). Notons que la configuration générale du piedmont, où les affleurements rocheux sont situés assez hauts sur les versants, n’a pas rendu nécessaire le creusement de sections rupestres.

Le traitement des données topographiques n’est pas encore finalisé1782 mais une première analyse des données brutes montre que la pente du canal est orientée vers l’ouest. Son origine semble être située au niveau du vallon occidental, abritant la zone d’occupation sassanide/islamique ancien localisée autour du point d’observation MD071302. Deux sections d’alignements de blocs ont toutefois pu être repérées plus au nord-est ; l’analyse des données topographiques dira s’il peut s’agir d’un éventuel prolongement du canal ou du départ d’un autre canal vers l’est, dont toute trace aurait disparu. Au pied de MD071302, un embranchement du canal a été repéré. Un second canal devait donc partir du point MD071302 vers l’ouest, en direction de la plaine. Les vestiges de ce second canal sont probablement en grande partie détruits par l’activité agricole, une section seulement a été relevée à 200 m à l’ouest de MD071302. Il pouvait servir à irriguer les terrains situés le long du piedmont. Le long du canal que nous avons pu suivre depuis MD071302 jusqu’à la pointe nord-ouest du Kuh-e Ayyub, aucun autre embranchement n’a pu être détecté. Cette absence peut s’expliquer par les terrassements récents qui auraient fait disparaître de possibles canaux secondaires. Cela pourrait indiquer que ce canal servait à irriguer des terrains situés au-delà de la pointe nord-ouest du piedmont du Kuh-e Ayyub, c'est-à-dire à l’ouest du massif. Le vallon où se situe MD071302 pourrait donc constituer le départ d’un réseau de canaux permettant d’irriguer l’ensemble des terrains situés au nord-ouest du massif.

Figure 6‑41: Piedmont nord du Kuh-e Ayyub, vue vers l’est d’une section du canal à double parement, située à 900 m à l’ouest du point MD071302 (cliché TDS, printemps 2007)
Figure 6‑41: Piedmont nord du Kuh-e Ayyub, vue vers l’est d’une section du canal à double parement, située à 900 m à l’ouest du point MD071302 (cliché TDS, printemps 2007)

Au cours d’une prospection avec J.B. Rigot, ce dernier a reconnu dans le vallon, où se situe MD071302, l’emplacement d’une ancienne source, marquée, au printemps 2008, par une zone de végétation plus verdoyante. Cette source pouvait donc être captée et servir à alimenter le canal. Enfin, en première analyse, la mise en place de ce réseau d’irrigation semble très liée à l’occupation sassanide/islamique ancien, détectée autour du point MD071302, puisque ici se situe l’origine des canaux. La présence de cette source pourrait également expliquer la concentration d’occupation préhistorique que nous avons repérée sur cette partie du piedmont, autour de l’avancée de la montagne.

Concernant les aménagements hydrauliques, le point MD071319 (Pl. 47), situé à 250 m au sud-est de MD071302, correspond à une construction composée de gros blocs de pierre et de terre. Elle est située à une quarantaine de mètres au-dessus de la plaine et barre un talweg encaissé, orienté nord/sud. Cet aménagement correspond certainement à un barrage. En amont, un espace entièrement comblé de sédiments argileux, d’origine fluviatile, mélangés à des pierres, dessine les contours d’un bassin de rétention. Nous pensons qu’il pourrait d’abord s’agir d’un barrage de protection contre les crues du talweg, dont le bassin versant très vaste laisse présager des épisodes de crue importants et potentiellement destructeurs. Plusieurs indices d’occupation ancienne (la partie est de MD071302, MD071303, MD071318) ont pu être repérés, sur le piedmont en aval du talweg. Le barrage aurait été construit pour assurer la protection d’un ou de plusieurs de ces sites. L’un d’eux correspond à été occupé au Chalcolithique (MD071303), un autre à la période sassanide/islamique ancien (MD071302) et un troisième est islamique (MD071318). Donc, la présence de ce barrage peut-être relié à la présence d’un de ces trois sites et sa datation reste donc problématique. Les méthodes de construction de cet ouvrage n’apportent aucun indice chronologique. Enfin, la présence du bassin de rétention aujourd’hui comblé, indiquerait que le barrage servait de réservoir. L’eau stockée a pu servir à alimenter les occupations ou des parcelles agricoles en contrebas.

Notes
1781.

Cette technique de construction se retrouve par exemple sur certaines sections construites du canal du Kuh-e Rahmat, cf. § 5.5.4.1.5

1782.

Ils sont en cours de traitement par T. De Schacht