6.3.3.2. Points d’observation archéologique correspondant à des indices d’habitat

Sur les 10 km de piedmont prospectés, ce sont en tout 18 points d’observation archéologique qui ont apporté des preuves de présence d’habitats (Pl. 48, Table 7).

Trois de ces points correspondent à des tepes (MD052097, MD061019, MD061024) qui avaient été prospectés auparavant par W. Sumner et enregistrés dans le Gazetteer. Le point MD052097 correspond au site KR0259 et présente une période d’occupation unique, caractérisée par de la céramique Lapui. Sur ce tepe, nous avons également détecté deux tessons probablement Bakun et, sans disposer de tessons diagnostiques bien indentifiables, peut-être quelques céramiques Kaftari. Le point MD061019 correspond au site KR0337. Ce site était composé de deux tepes très proches. Depuis les prospections de W. Sumner, celui situé au sud a été nivelé. A cet emplacement, la surface de la plaine conserve de fortes concentrations de céramiques, jusqu’à 5 tessons/m², soit des densités plus fortes qu’à la surface du tepe préservé. Pour W. Sumner, et pour nous également, il s’agit d’un site uniquement Bakun. Enfin le point MD061024 correspond au site KR0345. Pour W. Sumner, de la céramique Kaftari et islamique a été retrouvée. Lors de nos prospections sur ce tepe, nous n’avons pu constater qu’une très faible concentration de céramiques, 1 tesson tous les 5 m. Aucun des tessons n’a pu être daté avec précision. Notons toutefois qu’ils semblaient pouvoir être islamiques. A 400 m au sud-ouest, au point MD061023, une zone de concentration de céramiques Kaftari et islamiques a été repérée. Il est alors possible que les deux sites se confondent. Le Gazetteer indique deux autres sites, prospectés par W. Sumner, situés en contrebas du piedmont du Kuh-e Gondashlu. L’un se situe entre le point MD061037 et le point MD061039, il s’agit d’un qaleh aujourd’hui disparu du fait de l’exploitation agricole moderne. L’autre devait se situer à environ 400 m au nord-est du point MD061035, il s’agissait d’un petit tepe islamique de 0,3 ha, aujourd’hui nivelé.

Un des principaux résultats de cette prospection est donc de permettre d’enrichir notre connaissance de l’archéologie de la région située au nord-est du Kuh-e Gondashlu. Alors que le Gazetteer comporte 5 entrées pour le secteur prospecté, nous avons pour notre part enregistré 18 points correspondant à des concentrations de tessons ou des fondations affleurantes de constructions, auxquelles s’ajoute 10 cairns et un bloc portant des traces d’emboîtures de coins. Les périodes d’occupation sont globalement identiques à celle détectées par W. Sumner ; s’ajoute toutefois une petite zone d’occupation néolithique très détruite au point MD061041.

La partie basse du nord-est du Kuh-e Gondashlu, comme l’ensemble des piedmonts prospectés dans la plaine, abrite donc de nombreux indices d’occupation ancienne. Entre les points MD052111 et MD052115, à la faveur d’une large combe parallèle au piedmont, nous avons effectué une incursion plus en hauteur sur les pentes du massif. Le point culminant de cette combe se trouve à plus de 100 m au-dessus la plaine. Dans ce secteur montagnard, la présence du point MD052118 prouve que la découverte de sites plus en altitude est possible. Il s’agit d’un petit bâtiment circulaire, isolé, et probablement réoccupé récemment par des bergers. Autour, nous avons retrouvé quelques céramiques éparses et très érodées, inidentifiables, mais qui ne sont pas de facture moderne. La découverte de ce site montre que l’intérieur des massifs peut révéler des vestiges d’occupation ancienne, isolés et de petite taille, qui peuvent avoir un intérêt dans l’étude des modes de subsistance des populations anciennes. Les secteurs montagneux correspondent en effet à de vastes zones de pâturages, permettant d’assurer un élevage extensif. Une étude archéologique de ces espaces pourrait avoir un intérêt pour l’étude archéologique de l’évolution du pastoralisme, tout en considérant que les constructions modestes (de possibles cabanes de bergers) retrouvées dans ce type de milieux sont souvent difficile à dater avec précision, comme le montrent nos observations au point MD052118.

Figure 6‑42 : Piedmont nord-est du Kuh-e Gondashlu, point d’observation MD061055, vue vers le sud d’une coupe créée par des terrassements récents présentant à sa base des concentrations de céramiques Kaftari (cliché SG, printemps 2006)
Figure 6‑42 : Piedmont nord-est du Kuh-e Gondashlu, point d’observation MD061055, vue vers le sud d’une coupe créée par des terrassements récents présentant à sa base des concentrations de céramiques Kaftari (cliché SG, printemps 2006)

Nos données de prospections montrent que l’occupation de la région est ancienne. Elle se caractérise par la présence de tepes (MD052097, MD061019 et peut-être MD061024) mais aussi de sites ne présentant aucun relief, situés sur les piedmonts (MD052107, MD061023, MD061041, MD061042, MD061055). Il s’agit toutefois de sites de petite surface, situés dans des environnements très terrassés où la configuration originelle du terrain a complètement été bouleversée (Fig. 6-42). Si des indices d’occupation de l’Age du Bronze ont été retrouvés (céramiques Kaftari et peut-être Shoga Teimuran au point MD052107, et céramiques Kaftari aux points MD061023 et MD061042), il semble que le Chalcolithique a été une phase importante d’occupation de la région (céramiques Bakun au point MD061019 et peut-être au point MD052097, et céramiques Lapui aux points MD052097 et MD061042 et peut-être aux points MD052105 et MD061056).

Pour les périodes plus récentes, comme sur l’ensemble des piedmonts prospectés, on relève une importante occupation située entre l’islamique ancien et récent, voire subactuelle. Le point MD061028 correspond aux vestiges d’un village peut-être islamique ancien. Les points d’occupation MD061035, MD061036 et MD061037 pourraient lui être associés. L’ensemble de la zone présente en effet de très faibles concentrations de tessons (1 tesson tous les 10 m), mais de manière continue et avec des valeurs supérieures au bruit de fond de céramique. Les tessons sont souvent très érodés mais paraissent pouvoir être datés pour certains de la période islamique ancien, voire de l’époque sassanide. Ces occupations se signalent surtout par des vestiges de constructions, c'est-à-dire à des fondations de mur affleurantes en gros blocs décimétriques, à alignement simple ou double, ou à des amas de pierres entourant des fosses oblongues pouvant atteindre une dizaine de mètres de long pour 5 m de large. L’ensemble de ces observations pourrait dessiner l’existence d’une zone d’occupation homogène s’étendant sur près d’un kilomètre de long, à dater plutôt du début de l’ère islamique. Si au point MD061028, les vestiges de constructions sont denses, ils le sont beaucoup moins en direction du nord-ouest. Les points MD061035, MD061036 et MD061037 pourraient être des occupations contemporaines au village mais correspondant à des occupations périphériques, peut-être à vocation agricole.

Pour les périodes intermédiaires, incluant donc la période achéménide, la prospection n’a pas révélé d’indices d’occupation.