6.3.4.2. Points d’observation archéologique correspondant à des indices d’habitat

Les prospections systématiques le long du piedmont nord-ouest du Kuh-e Rahmat ont permis d’enregistrer 18 points d’observations (Pl. 49, Table 9) correspondant essentiellement à des fondations affleurantes de constructions isolées, ou en groupe de deux à huit. Un seul point d’observation, situé à la périphérie sud d’Esmaelabad, se signale par la présence de concentrations de céramiques islamique ancien (MD071269). La quasi-totalité des autres points se distinguent par une absence de concentrations de céramiques à proximité des aménagements affleurants. Seuls les points MD071214 et MD071249 ont fourni quelques tessons très épars et érodés qui ont toutefois pu être datés de la période islamique ancien pour le premier et islamique, sans pouvoir être plus précis sur la datation, pour le second. Cette absence de céramique rend la datation de la plupart des occupations très difficile.

Différents éléments peuvent toutefois fournir des arguments pour tenter une estimation de la chronologie de ces occupations. L’ensemble de la surface prospectée présente en effet un bruit de fond de céramiques généralement très érodées et donc difficilement datables. Dans l’ensemble, elles semblent correspondre à de la céramique commune de période islamique. L’état de conservation des différents vestiges peut également apporter des indices quant à la datation de leur abandon. Si certaines structures affleurantes sont très érodées et ont dû être abandonnée depuis longtemps, en deux points (MD071229 et MD071212) les vestiges présentent encore une élévation. Il s’agit de talus de terre mélangés à un cailloutis irréguliers et parfois surmontés par des alignements de gros blocs bruts, de taille décimétrique. Le fait que ces structures mixtes de terre et de cailloux ne soient pas complètement érodées peut être un indice d’abandon assez récent. Au point MD071212, nous avons de plus retrouvé des déchets en plastique pris dans un de ces talus, ce qui prouve qu’à cet endroit les bâtiments étaient encore récemment occupés.

Figure 6‑45  : Piedmont sud-ouest du Kuh-e Rahmat, exemples des différents types de construction des fondations affleurantes ; à gauche, vue vers l’ouest au point MD071201 d’un alignement à double parement de blocs percés d’un seuil au premier plan ; à droite vue vers le sud au point MD071223 des fondations d’un bâtiment rectangulaire à alignement simple (clichés TDS, printemps 2007)
Figure 6‑45  : Piedmont sud-ouest du Kuh-e Rahmat, exemples des différents types de construction des fondations affleurantes ; à gauche, vue vers l’ouest au point MD071201 d’un alignement à double parement de blocs percés d’un seuil au premier plan ; à droite vue vers le sud au point MD071223 des fondations d’un bâtiment rectangulaire à alignement simple (clichés TDS, printemps 2007)

Les techniques de construction des fondations de mur affleurantes sont de deux types (Fig. 6-45). Elles peuvent présenter un double alignement de blocs de taille décimétriques, avec un blocage interne de cailloutis. Cette technique est la plus employée, elle a pu être observée sur neuf points d’observation (MD071193, MD071195, MD071196, MD071201, MD071214, MD071221, MD071232, MD071249). La largeur de ce double alignement est variable, comprise entre 60 et 80 cm. L’autre technique employée correspond à des alignements de gros blocs, peu profondément scellés dans le sol, voir posés sur la surface. Ce type de structures a été enregistré sur sept points d’observation (MD071195, MD071196, MD071200, MD071216, MD071217, MD071223, MD071275). Ces alignements de gros blocs pourraient constituer un stade plus avancé d’érosion des constructions récemment abandonnées, présentant des talus en terre surmontés d’alignements de gros blocs, et décrites précédemment (MD071229 et MD071212). Comme pour ces deux points, la plupart des alignements simples de gros blocs encadrent une fosse, souvent en grande partie comblée. Il faut souligner ici que deux points d’observation associent des bâtiments présentant pour certains des fondations à double parement et pour d’autres à alignement simple (MD071195, MD071196). Donc l’emploi de ces techniques a pu être simultané et ne peut pas constituer un indice de chronologie relative pertinent.

La fonction de ces différentes constructions est difficile à déterminer à partir des seuls plans des structures affleurantes. Si la grande majorité des constructions doit correspondre à des bâtiments, des habitations ou des bâtiments agricoles, de tailles variables, il est possible que les plus grandes correspondent à des enclos pour le bétail. Par exemple, le point d’observation MD071232 associe par exemple un petit bâtiment (6,5x4 m) à un plus vaste espace clos (25x21,5 m) délimité par des arases de murs à double parement. Des fouilles seulement pourraient permettre de déterminer plus précisément la fonction de ces vestiges, et parallèlement permettre d’obtenir des éléments matériels permettant de préciser leur datation.