6.4.1.2. Caractérisation archéologique des sites achéménides

6.4.1.2.1. Dans la plaine de Persépolis

Comme nous l’avons vu précédemment, les seuls sites achéménides de la plaine de Persépolis que nous avons pu retrouver correspondraient essentiellement à des occupations de petite surface, le plus souvent inférieure à 1 ha.

Les réoccupations de sites plus anciens, de vastes tepes multipériodes, sont très limitées et ont laissé peu de traces. Il est même parfois permis de douter de l’existence même de cette occupation, du fait de l’absence de tessons achéménide/LPW. Pour les sites sur lesquels nous avons pu retrouver de la céramique achéménide/LPW, elle est généralement peu dense et couvre de petites surfaces. Il est souvent périlleux de tenter des analogies entre la quantité de céramique retrouvée en surface et l’importance de l’occupation pour la période correspondante. Par exemple, l’existence d’un seul four de potier sur un site engendre la présence de nombreux tessons, caractéristiques de la période pendant laquelle il a fonctionné. Ainsi, nous nous limiterons à dire que la période d’occupation achéménide n’a laissé que peu de traces visibles à la surface des sites multipériodes.

Il faut donc se baser sur les sites occupés uniquement à la période achéménide pour tenter une caractérisation archéologique des occupations achéménides de la plaine. Les trois sites que nous avons pu retrouver au cours de nos prospections parmi ceux publiés par W. Sumner sont tous de petite taille, et présentent de faibles concentrations de tessons probablement achéménide/LPW1827. Le long du piedmont nord du Kuh-e Ayyub (Pl. 47), les deux points d’observation sur lesquels ont été repérés des tessons achéménide/LPW1828 correspondent également à cette description. Les superficies couvertes par la céramique ont été estimées à 200 m² dans un cas, et 7500 m² pour le second. Le nombre de tessons de céramiques retrouvé dans les deux cas est faible.

Ces données viennent donc confirmer un sentiment également partagé par W. Sumner1829 : la majorité des sites achéménides de la plaine de Persépolis correspondent à des occupations de petite surface et présentant une topographie plane ou des tepes peu élevés.

Ajoutons que l’occupation achéménide est difficilement identifiable, car dans l’ensemble elle n’a laissé que très peu de céramique. Concernant ce dernier point, il paraît difficile de proposer une explication définitive au fait que des occupations aient laissé si peu de traces visibles. S’agit-il d’occupations de très courte durée, des installations nouvelles d’époque achéménide qui n’auraient connu qu’une seule phase de construction ? Plus prosaïquement, est-ce que les habitants de la région utilisaient beaucoup d’ustensiles ou de vaisselles en céramiques ? Pour cette dernière hypothèse, il faudrait donc envisager que la plupart des témoins matériels de l’occupation achéménide ont aujourd’hui disparu. Pour répondre à cette deuxième question, il serait nécessaire de pouvoir se baser sur une typo-chronologie de la céramique achéménide, afin d’identifier un éventuel manque de certaines catégories. Pour ce que nous avons pu observer, il est par exemple très rare de retrouver de la céramique de cuisson. Faut-il de ce fait imaginer une prédominance de l’utilisation d’ustensiles en métal ? Nous n’en avons pour l’instant aucune preuve archéologique.

Notes
1827.

Cf. § 6.2.3.4

1828.

Cf. § 6.3.2.3

1829.

Sumner 1986a : 7 « These sites (les tepes présentant une occupation achéménide – nda) are generally very small mounds less than 1 ha. in area, seldom more than 2 m. in height, or they are terminal components on larger multi-component mounds, often clearly limited in extent to only a portion of the earlier mound. » ; Alizadeh 2003 : 88 note également que les sites achéménides repérés au cours de ses prospections présentent de petites superficies mais correspondent à des tepes plutôt élevés, il conclut alors, un peu vite, que ces sites sont des forteresses et non des occupations ordinaires, pour un bilan de nos visites sur les sites achéménides publiés par A. Alizadeh, cf. § 6.2.7.5.