D’un point de vue archéologique, la majorité des sites achéménides correspondrait donc à de petits sites d’une superficie souvent inférieure à un hectare. Si l’on accepte cette hypothèse, elle a de multiples conséquences, et elle doit plus particulièrement nous questionner sur notre capacité à restituer le mode d’occupation du territoire de Persépolis à l’époque achéménide.
Le travail de W. Sumner s’est surtout concentré sur les tepes qu’il pouvait repérer de loin lors de ses trajets à travers la plaine de Persépolis1837. Il est donc probable qu’un grand nombre de sites de petite taille n’a pas été repéré au cours de ses recherches. Ce biais est pris lucidement en compte par W. Sumner au cours de son analyse. Il reconnaît en effet que les petits sites, présentant peu de relief, sont probablement sous-représentés dans son corpus du fait de la méthodologie adoptée1838. Toutes périodes confondues, il suppose qu’il a pu retrouver au cours de ses prospections entre 30 et 50% des sites seulement, ceci en comparant ses résultats avec ceux des prospections systématiques entreprises plus tard par J. Alden sur certaines parties de la plaine1839. Lorsqu’il s’essaie à une estimation de la population de la plaine de Persépolis à l’époque achéménide, W. Sumner décide toutefois de prendre la valeur basse de cette estimation du pourcentage de découverte des sites. Une conclusion logique de ces différentes remarques serait donc la suivante : si les petits tepes peu élevés sont des vestiges d’occupation caractéristiques de la période achéménide, une grande partie des sites achéménides de la plaine n’ont donc pas encore été reconnus.
Si nous considérons désormais la situation actuelle, le fait que l’occupation achéménide se distingue par l’existence de petits sites nous oblige à une conclusion assez pessimiste quant à la préservation des sites achéménides dans la plaine de Persépolis. Au cours de notre bilan des prospections des sites publiés par W. Sumner, nous avons estimé le taux de destruction de ces petits sites à plus de 80% entre les années 1960 et aujourd’hui. Ces petits tepes, situés dans la plaine, sont particulièrement vulnérables au nivellement lié à la succession des labours, et aux destructions dues aux travaux de remembrement. L’intensification de l’exploitation agricole dans la plaine de Persépolis a probablement fait disparaître la grande majorité de ces sites. Il est donc possible qu’une grande partie des sites achéménides de la plaine soient aujourd’hui détruits.
Cf. § 6.1.3.3
Sumner 1986a : 4 « It is known that small single-component sites, typical of the Achaemenid period, are underrepresented in the site inventory », voir aussi p.10
ibid. : 4-n.9