6.4.2.1. La carte des implantations achéménides

Parmi les 511861 implantations ayant pu être habitées, et reportées par W. Sumner sur la carte de la plaine de Persépolis, nous avons vu que 16 n’ont été datées de la période achéménide que sur la base de l’identification d’un très petit nombre d’artefacts mal caractérisés. Au cours de nos prospections, nous n’avons repéré que deux tessons de céramique éventuellement achéménide/LPW sur un seul de ces sites. Il se confirme donc que ces implantations peuvent être ôtées de la carte, faute de preuves suffisantes de l’existence d’une occupation achéménide1862.Il reste donc 35 sites répartis dans la plaine.

Sur certains de ces sites, l’existence d’une occupation achéménide doit manifestement être réévaluée. Pour ne prendre que les sites préservés, les deux haltes routières, publiées par W. Kleiss, le long du versant oriental du Kuh-e Hussein, ne présentent aucune preuve convaincante d’occupation achéménide. Nous avons également vu que l’existence d’une occupation achéménide sur certains grands tepes multipériodes de la plaine doit probablement être révisée. En effet, tous sont préservés, au moins en partie, et seuls deux d’entre eux ont montré des artefacts d’occupation achéménide. Sur trois de ces sites : Tol-e Kamin, Tol-e Shoga et Tol-e Darvazeh (Pl. 50), trois sites de référence, W. Sumner est le seul, parmi les nombreux archéologues qui les ont étudiés, dont nous-mêmes, à avoir reconnu de la céramique achéménide/LPW. Enfin, comme le signale W. Sumner1863, l’existence d’une petite ville achéménide à Band-e Amir n’est qu’une hypothèse basée sur des observations anciennes d’E. Herzfeld, et que nous n’avons pas pu confirmer. En attendant les résultats d’éventuelles recherches plus approfondies, l’existence d’une occupation achéménide dans ces six sites ne peut donc pas être considérée comme certaine.

Ce ne sont donc que 29 sites qui peuvent être considérés comme probablement occupés à la période achéménide. Nous n’avons cependant retrouvé des céramiques achéménide/LPW que sur 5 d’entre eux. Le bilan est maigre, mais ne permet toutefois pas de remettre en cause l’existence d’une occupation sur les 24 autres sites. En effet, trois de ces sites n’ont pas pu être visités, et sur les 21 autres, les destructions et notre méthodologie, basée sur des reconnaissances de surfaces non systématiques, peuvent expliquer notre difficulté à retrouver des tessons achéménide/LPW. Seuls ces 29 sites pourraient donc éventuellement être pris en compte dans l’analyse de l’occupation achéménide de la plaine de Persépolis, qui de ce fait paraît encore moins occupée que ce que la carte de W. Sumner suggérait.

Nos prospections de certains piedmonts ont toutefois permis d’ajouter deux sites achéménides sur la carte de la plaine de Persépolis (Pl. 50), sur le piedmont nord du Kuh-e Ayyub (Pl. 47). De ce fait, ce sont une dizaine d’implantations qui se répartissent autour de ce massif, pouvant dépendre d’après W. Sumner du site R, identifié à la ville de Rakkan apparaissant dans les tablettes1864. Ce secteur, la région de Kuh-e Qaleh1865 et celle au nord de Band-e Amir1866 paraissent de ce fait correspondre à trois zones plus occupées à l’époque achéménide que le reste de la plaine, où les sites sont très dispersés. Comme l’avait par ailleurs suggéré W. Sumner pour les environs de Band-e Amir et ceux du Kuh-e Qaleh, ces zones pourraient délimiter différents secteurs administratifs connus d’après les tablettes. Ce dernier point ne peut être discuté ici, faute de données suffisantes.

Notes
1861.

Nous avons vu que sur la carte 50 « settlements » ont été reportés, la prise en compte des données du Gazetteer nous a toutefois permis de rajouter un site au corpus.

1862.

Comme l’a déjà fait par ailleurs Boucharlat 2003 : 262-fig.24-2 ; Sumner 1986a reste toutefois très prudent sur la prise en compte de ces différents site qualifiés de « doubtful » et ne les prend jamais en compte dans le cadre de son analyse de l’occupation ; cf. § 6.7.2.2.1.

1863.

Sumner 1986a : 10

1864.

ibid. : 23-25

1865.

ibid. : 23

1866.

ibid. : 25-26