6.4.2.2. Les autres indices d’occupation

Les autres indices d’occupation correspondent à des vestiges d’infrastructure et à ceux de carrières. Ils traduisent l’investissement dans l’aménagement, la mise en valeur et l’exploitation du territoire persépolitain1867.

La caractérisation des aménagements hydrauliques pose de multiples problèmes. Le premier est d’ordre chronologique : il s’agit de grands ouvrages, digues ou réseaux de canaux anciens, qu’il est difficile de dater. Ils ont certes pu être construits à l’époque achéménide et continuer à être utiliser bien après. Le second est que le remembrement moderne masque les éléments plus anciens du paysage, sur de grandes parties de la plaine. Enfin, la caractérisation précise des différents ouvrages hydrauliques conservés dans la plaine reste difficile. Par exemple, l’existence d’un large réservoir au nord-est du massif du Kuh-e Qaleh doit être remise en cause. Toutefois, la nature des sections de digues conservées pose des problèmes d’interprétation. Cette problématique de l’hydraulique achéménide fait l’objet du doctorat de T. De Schacht sur les plaines de Persépolis et Pasargades1868. Pour la plaine de Persépolis, les principaux résultats viennent de l’étude des images satellites anciennes, antérieures aux remembrements des années 1970 (Pl. 45). Cette étude de télédétection permet de retrouver la trace des anciens réseaux de canaux et d’en définir le plan. celui-ci pourrait constituer une image du parcellaire ancien, et permettre de définir les secteurs de la plaine qui ont fait l’objet d’une mise en valeur de leur potentiel agricole. Par conséquent, les informations ainsi obtenues pourraient avoir une grande importance dans la caractérisation de la dynamique d’occupation de la plaine de Persépolis. Les aménagements hydrauliques n’apparaissent pas sur la carte de l’occupation achéménide que nous proposons (Pl. 50). Cette absence n’est que temporaire, dans l’attente des résultats définitifs des travaux de T. De Schacht.

Parmi les indices d’aménagement du territoire, les routes constituent une seconde catégorie de vestiges prise en compte par W. Sumner. Sur la carte de l’occupation achéménide (Pl. 43), deux points correspondent à ce type de vestiges. L’un, au pied du Kuh-e Qaleh, correspond plus probablement à un ancien canal. Le second est une section de route pavée mise au jour au cours de fouilles. Il s’agit donc du seul indice fiable d’existence de route, mais sa datation achéménide n’est pas assurée. Pour cette problématique, l’étude de télédétection pourrait également apporter des informations nouvelles sur le tracé du réseau viaire ancien de la plaine. Nous avons par ailleurs suggéré que les différents sites achéménides de la plaine sont reliés par des routes ou des chemins. En particulier, le transport des blocs de pierre depuis les carrières jusqu’aux chantiers de construction de la zone d’occupation de Persépolis a nécessité la construction de routes carrossables pour le passage des charriots.

Cinq carrières ont été reportées sur la carte de W. Sumner (Pl. 44). Seule l’exploitation de Madjabad peut être datée de manière certaine, grâce à la présence de blocs inachevés correspondant à des éléments d’architecture typiquement achéménide. Parmi les quatre autres, deux seulement ont pu être prospectées1869. Une cinquième zone d’extraction a pu être repérée sur le piedmont oriental du massif du Kuh-e Gondashlu. Sur les trois carrières que nous avons visitées, l’utilisation de techniques d’extraction traditionnelles ne permet pas de les dater avec certitude de l’époque achéménide, et aucun bloc inachevé n’a pu être retrouvé. Ces techniques ont pu être utilisées jusqu’à l’apparition des engins d’extraction motorisés. Ces carrières, mis à part Madjabad1870, n’ont donc pas été exploitées de manière certaine à l’époque achéménide (Pl. 50).

Notes
1867.

Boucharlat 2003 : 264 propose d’en faire des indices de l’activité achéménide

1868.

Cf. § 6.2.5.1

1869.

Cf. § 6.2.4

1870.

ibid. : 262-fig.24-2 n’a par ailleurs également laissé que le point correspondant à la carrière de Madjabad sur sa carte, visant à illustrer sa tentative de réévaluation de l’occupation achéménide de la plaine de Persépolis.