6.4.2.3. Les régions sans indice d’occupation achéménide

Sur de vastes secteurs de la plaine, l’occupation achéménide paraît très peu développée, marquée par une quasi-absence de points sur la carte (Pl. 50). Il s’agit des régions de Bayza et de Lapui, au nord-ouest de la plaine et où se situe le site de Tol-e Malyan, d’Olya, à l’est du massif du Kuh-e Hussein, et de toute la partie de la plaine située au sud de Band-e Amir. Ces différents secteurs correspondaient, surtout au nord-ouest et au sud de la plaine, à de vastes surfaces marécageuses. Il faut bien entendu rajouter l’intérieur des massifs, qui, mis à part sur les piedmonts, ne présentent aucune trace d’occupation achéménide. Pour W. Sumner, il s’agit de secteurs dédiés au pastoralisme1871. Ces différents secteurs ont en commun d’une part d’être considérés comme peu propices à l’installation durable de population sédentaire, d’autre part d’avoir fait l’objet de moins d’attention de la part des archéologues.

Concernant le premier point, W. Sumner étudie au cours de sa thèse l’influence des déterminants environnementaux sur les évolutions de l’occupation de la plaine de Persépolis depuis les périodes néolithiques1872. Pour les zones marécageuses, il note qu’elles paraissent plus occupées entre le Néolithique et le Chalcolithique qu’aux périodes postérieures. La mise en valeur de ces terrains par des travaux de drainage entrepris au cours de ces périodes pourrait, d’après lui, expliquer cette dynamique. Ces zones marécageuses sont de plus susceptibles de soutenir une pratique d’élevage extensive. Il est également possible que ces régions n’aient pas été toujours marécageuses ; leur étude géomorphologique pourrait donc faire apparaître des horizons de sols anciens témoignant d’un environnement plus propice à l’agriculture. Une meilleure connaissance de l’évolution des processus de salinisation pourrait également apporter des informations sur la qualité des sols et leur potentiel agricole1873. La mise en culture de ces régions et l’existence de sites ne sont donc pas complètement impossibles au cours de la période achéménide.

Concernant les massifs montagneux, ils ont probablement été parcourus par les populations de l’époque achéménide. Nos prospections sur les piedmonts n’ont toutefois pas permis de démontrer une importante occupation sur les versants, certaines carrières étant les seuls indices d’activité de l’époque achéménide. L’intérieur des massifs était quant à lui probablement dédié à l’élevage extensif. Nos prospections dans le massif du Kuh-e Gondashlu1874 (Pl. 48) ont permis de montrer que les vallons perchés peuvent révéler des vestiges de cabanes ou d’abris temporaires de bergers, mais ils sont difficilement datables. Une étude plus approfondie de ces sites pourrait toutefois apporter des informations sur les évolutions du pastoralisme. Nos prospections sur les piedmonts ont également permis de relever un grand nombre de sépultures, qu’il est impossible, pour la plupart, de dater avec précision. Le paysage funéraire à l’intérieur des massifs montagneux est également très riche et demande à être mieux caractérisé.

Enfin, l’absence de traces d’occupation dans ces régions peut s’expliquer par leur difficulté d’accès, qui ne facilite pas leur étude.

Ces régions montagneuses ou marécageuses ne sont que rarement considérées au cours des prospections archéologiques. La mise en place d’un programme spécialement dédié à leur étude pourrait éventuellement apporter de nouvelles données sur leur occupation ancienne.

Notes
1871.

Boucharlat 2003 : 265 estime que ces régions définissent la troisième zone d’occupation de la plaine de Persépolis, servant pour l’essentiel de pâturages.

1872.

Sumner 1972 : 240

1873.

Cf. § 2.2.3.2.2

1874.

Cf. § 6.3.3