6.4.3. La plaine de Persépolis à l’époque achéménide : bilan et perspectives

Confrontée à la carte de l’occupation achéménide, la plaine paraît donc largement inoccupée, ce qui laisse libre cours aux hypothèses faisant des Perses une population essentiellement nomade. A notre avis, la faible densité de sites permet uniquement de conclure que le réseau très développé d’établissements de fonctions diverses, connus d’après les archives de Persépolis, n’a laissé que très peu de vestiges de son existence. Une des principales conclusions concernant la caractérisation des sites achéménides a été de supposer que la plupart des implantations achéménides sont de petite taille, et donc difficilement décelables par des prospections à vue non systématiques. La carte de l’occupation achéménide correspondrait donc plutôt à la carte des sites achéménides que les différents archéologues ayant prospecté la plaine ont été capables d’identifier.

Il est donc très difficile de développer une analyse des dynamiques d’occupation à partir d’un corpus aussi réduit1885. Il est possible que le territoire de la plaine de Persépolis ait été exploité sur le même modèle que celui du Tang-e Bulaghi. Il faudrait dès lors restituer l’ensemble de petites installations, à vocation agricole, disséminées sur toute la superficie de la plaine. Nos prospections sur les piedmonts montrent que ces secteurs ne paraissent pas particulièrement occupés durant la période achéménide, et ceci même dans des secteurs de la plaine présentant de plus fortes densités d’implantations. Les sites sont donc plutôt à chercher dans la plaine sédimentaire, c'est-à-dire à proximité immédiate des terres arables.

Or comment pouvoir retrouver des petits sites, qui laissent peu de traces visibles, dans une région aussi vaste que la plaine de Persépolis ? La grande majorité des sites achéménides n’a probablement pas été retrouvée, et la densité de points sur la carte doit être considérée comme étant en réalité beaucoup plus importante. Rappelons ici que W. Sumner estime à 30% le taux de sites achéménides découverts, ce taux étant probablement à réévaluer à la baisse du fait de la morphologie des sites achéménides. L’intensification de l’agriculture et les remembrements successifs ont de plus certainement détruit un grand nombre de ces sites.

Il faut donc probablement se résoudre à ce que, dans un futur proche, la problématique de la caractérisation archéologique de l’occupation achéménide de la plaine reste non résolue. La mise en place de prospections systématique à l’échelle de la plaine, associée à des fouilles des sites connus et préservés, ou encore le développement d’une archéologie préventive1886 pourraient toutefois générer des données nouvelles. Un élargissement des recherches aux secteurs voisins, le bassin de Shiraz ou les piedmonts du kevir de Neyriz, serait également susceptible d’apporter des informations intéressantes sur deux régions gérées par l’administration de Persépolis.

Notes
1885.

Pour Boucharlat 2003 : 264 la carte de l’occupation achéménide de la plaine de Persépolis témoigne avant tout de l’existence d’une activité à cette période.

1886.

Ainsi en France de nombreuses problématiques archéologiques ont pu être renouvelées grâce aux fouilles préventives, cf. Demoule 2004