Il faut attendre la seconde moitié du XXe siècle pour voir l’épopée tardive sortir de l’ombre et du mépris dans lesquels la tenait, jusqu’à cette période, la critique littéraire. Se faisant pionnier dans la défense des poèmes tardifs pour lesquels il proposait la dénomination de « chansons d’aventure »1, William W. Kibler s’élève, en 1982, contre l’opinion de J.‑C. Payen qui « déplore la décadence de l’épopée [tardive] bourrée d’éléments romanesques »2, après avoir réalisé l’édition de Lion de Bourges en collaboration avec J.‑L. Picherit et Thelma S. Fenster3. En 1985, lors du Xe Congrès International de la Société Rencesvals, se faisant à nouveau l’ardent défenseur des chansons tardives, il proposait des « relectures de l’épopée », pour répondre aux critiques négatives émises par Paulin Paris, Léon Gautier et Edmond‑René Labande sur des textes comme Tristan de Nanteuil, Charles le Chauve ou bien encore Baudouin de Sebourc. C’était également une entreprise de réhabilitation, puisque ces épopées tardives étaient bien souvent passées sous silence dans les divers précis de littérature édités avant 19854, quand elles n’étaient pas tout simplement citées comme un sous‑genre. Dans les vingt dernières années du XXe siècle, les études sur l’épopée tardive se multiplient, grâce à l’élan insufflé par d’éminents médiévistes. En 1980, François Suard publie un article : « L’épopée française tardive (XIVe‑XVe siècles) », dans lequel il se propose de contrecarrer ces critiques négatives et de montrer que « ces poèmes tardifs restent des œuvres vivantes, où l’on découvre la persistance de traits initiaux et la présence de modifications qui attestent le pouvoir de renouvellement de la tradition épique »5. Dès 1982, les travaux de Claude Roussel6 apportent un nouveau regard sur La Belle Hélène de Constantinople, dont il publie une édition critique en 19957, à laquelle s’ajoutera en 1998 une étude détaillée : Conter de Geste au XIV e siècle 8 . « Le temps est venu de jeter un regard nouveau sur cette vaste production littéraire » conclut W. W. Kibler, et plusieurs poèmes sont édités pendant cette période9. Œuvre très proche de Lion de Bourges par sa thématique, la chanson de Tristan de Nanteuil, éditée dès 1971 par Keith V. Sinclair, a fait l’objet d’une étude complète par Alban Georges en 200610. Le regain d’intérêt suscité par l’épopée tardive est également attesté par de nombreux articles et communications parus depuis une trentaine d’années, dans lesquels les critiques se sont efforcés de mettre en lumière le jeu de l’intertextualité entre le genre romanesque et la matière épique, tandis que, dans les ouvrages généraux sur le genre épique, la chanson tardive n’est plus oubliée.
La majeure partie de ces travaux est consacrée à l’étude d’une thématique ou au traitement d’emprunts à d’autres genres, dans plusieurs poèmes proches les uns des autres. Il en va ainsi du récit, d’origine folklorique, de La Fille aux mains coupées, dont F. Suard s’est appliqué à restituer les différences de traitement dans La Belle Hélène de Constantinople, La Manekine et Lion de Bourges, oùla trame a servi de support à l’auteur pour construire l’histoire de Joïeuse, épouse d’Olivier11. L’adaptation de ce conte, dans La Belle Hélène de Constantinople et La Manekine, faisait l’objet de la communication de C. Roussel au IXe Congrès International de la Société Rencesvals, en 1982, évoquée précédemment12.
Les éditeurs de Lion de Bourges ont apporté de larges contributions à l’étude de points particuliers du poème, notamment le motif du mort reconnaissant et la dépossession du fief par J.‑L. Picherit13, le personnage de Charlemagne par W. W. Kibler14. La résurgence du motif du mort reconnaissant a également été étudiée par Danielle Régnier‑Bohler, dans les exempla et un corpus plus étendu, incluant notamment Richars li biaus et Lion de Bourges 15. Hormis les anciennes Dissertationen allemandes, notamment celles qu’avait dirigées E. Stengel, à l’Université de Greifswald, entre 1894 et 1912, qui donnent quelques résumés, des éditions partielles et leur étude16, il n’a pas été conduit jusqu’à présent de réflexion portant sur l’ensemble de Lion de Bourges. Les éditeurs du poème, qui ont établi des rapprochements avec Tristan de Nanteuil, pensent que ces deux œuvres ont été composées à des dates relativement similaires – vers 1350 – la composition de Tristan précédant de peu celle de Lion de Bourges.
Œuvre complexe, d’une longueur de plus de trente quatre mille alexandrins, la chanson de Lion de Bourges ne se livre pas d’emblée. Le héros éponyme, dont la chanson retrace la vie entière, est au cœur du poème – dont la chronologie générale est calquée sur son parcours – mais autour de lui gravitent de nombreux personnages, qui font également l’objet de récits exhaustifs ; un tel projet entraîne donc l’entrecroisement incessant de schémas narratifs, dans lesquels l’aventure survenue à l’un des personnages peut avoir un retentissement sur le déroulement de la destinée d’autres membres de la famille17. Épopée familiale, la chanson s’intéresse à quatre générations, qui vont se trouver confrontées, à des degrés divers, aux mêmes situations. L’auteur, soucieux de respecter la chronologie de sa geste, emploie la technique de l’entrelacement pour s’intéresser simultanément à plusieurs personnages, et les récits de leurs exploits respectifs sont donc souvent interrompus pour permettre l’insertion d’un autre individu destiné à croiser la route de l’un des héros. Le nombre élevé de personnages a pour effet de générer une certaine impression de désordre. On peut cependant dessiner l’axe fondamental de la destinée de chacun, notamment celle de Lion qui est le sujet principal18 du poème.
La thématique générale de l’œuvre s’organise autour de la dispersion familiale qui a pour conséquence immédiate de priver le héros de son identité. La première cellule atteinte est celle des parents de Lion, le duc Herpin et la duchesse Alis, qui viennent d’être dépossédés de leur fief de Bourges et bannis du royaume de France par Charlemagne. Dès sa naissance en forêt de Lombardie, pendant l’exil de ses parents, Lion est séparé de ceux‑ci, puis adopté par un seigneur du voisinage (Bauduyn de Monclin) qui lui donne l’éducation de la classe aristocratique (v. 1‑615 et v. 891‑1413). À la seconde génération, c’est la cellule familiale de Lion qui se trouve dispersée du fait de rivalités entre lignages : Olivier, un de ses fils jumeaux, est enlevé sur ordre du duc Garnier de Calabre (ennemi de Lion), abandonné par son bourreau, puis recueilli par un vacher, Élie, et se trouve ainsi élevé comme un enfant de vilain(v. 14761‑15381 et 24113‑24182)19. Lion et Olivier sont donc appelés à suivre un parcours similaire ; quelques détails, cependant, les différencient, notamment leurs enfances qui ne se déroulent pas dans les mêmes conditions. Mais, à partir du moment où ils apprendront la vérité sur leur condition d’enfants adoptés, ils devront entreprendre la même quête. Coupés de leurs origines, il leur faut mettre tout en œuvre pour surmonter les handicaps qui les caractérisent et rassembler les éléments qui leur permettent de se faire reconnaître dans la classe chevaleresque à laquelle ils ont néanmoins le pressentiment d’appartenir. Ce parcours atypique, qui s’organise autour de deux axes essentiels – la recherche des origines et l’acquisition du statut héroïque – est enrichi par le développement d’autres thèmes, tels que l’exhérédation du fief, la reconquête de celui‑ci et des possessions familiales perdues. La vision du monde carolingien donnée par l’auteur de Lion de Bourges est celle d’une société où la relation de type féodo-vassalique se distend et n’est plus apte à construire autour du héros un entourage susceptible de donner une dimension à son désir d’accomplissement. Cela se vérifie également dans le parcours d’un personnage comme Herpin, qui se trouve dépossédé de son statut et traverse une très longue période d’errance20. La reprise de schémas propres à l’écriture épique fournit un cadre, mais l’idéologie développée ne réside pas dans les grandes causes guerrières dans lesquelles les personnages peuvent se trouver momentanément impliqués.
Les deux héros principaux partagent également un sentiment très fort de leur prédestination, que la croix royale qu’ils portent à l’épaule gauche leur insuffle. Cela se traduit, chez Olivier, par une série d’actions qu’il entreprend avant même de savoir qu’Élie n’est pas son père, mettant en évidence la contradiction entre nature et norreture. Un armement complet, un cheval et quelques leçons de chevalerie contre la vente du troupeau de vaches d’Élie, un tournoi et la couronne d’or : Olivier se projette déjà dans la vie d’un héros (v. 24183‑24639). La révélation de la vérité par Bauduyn de Monclin, pour Lion, et par Élie, pour Olivier, marque la fin de l’enfance (respectivement : v. 3598‑4162, v. 24660‑24815). Désormais, la volonté de prouver la valeur de leur sang, dont ils ont une connaissance innée, et celle de se faire admettre dans la classe chevaleresque entraînent une série d’épreuves. Pour Lion, c’est le tournoi de Monlusant, qui lui permettra de conquérir son épouse, la princesse Florantine, et la couronne de Sicile, au décès du roi Henry. C’est une étape fondamentale dans la genèse du héros, pendant laquelle vont se conclure des alliances et se nouer des conflits dont les répercussions s’étendront à l’ensemble du lignage (v. 4163‑8363). C’est également à cette période que le Blanc Chevalier, créature merveilleuse envoyée par Dieu21, entre dans la destinée de Lion. Pour Olivier, cette épreuve traditionnelle prend le visage d’un pacte à dominante féodale avec le roi Anseïs de Carthage, dont il épouse la fille, Galienne, et dont la couronne lui revient au décès de celui‑ci (v. 24816‑25352).
On remarque que, pendant ce temps de genèse, la recherche des origines est momentanément différée par Lion, mais l’épreuve initiatique du tournoi n’en est pas la seule raison. À peine est‑il parvenu à faire reconnaître sa qualité, qu’il doit affronter la coalition conduite par le duc de Calabre. Ce conflit, impliquant Siciliens et Calabrais, prend une réelle ampleur et la défaite de ces derniers (à laquelle le Blanc Chevalier contribue fortement) ne résout rien de façon durable. C’est une guerre sans fin, dont les répercussions atteindront la cellule nucléaire formée par Lion et Florantine, et se concrétiseront par la perte du royaume de Sicile et une dispersion familiale de dix-sept années. Ce n’est qu’après avoir accompli sa vengeance contre l’un des traîtres de la coalition, que Lion pourra réellement entreprendre sa quête, mais son absence fragilise sa cellule familiale qui se trouve ainsi exposée (v. 8364‑16418).
Pour Lion, la recherche de son identité est indissociable de la revendication du fief, – ce qui témoigne de l’importance de la terra paterna dans l’accomplissement de l’idéal héroïque. Cette reconquête entraîne une succession d’affrontements avec le monde carolingien, tandis que la recherche de son père va le conduire jusqu’au Proche Orient qui devient le théâtre de nouvelles aventures et de confrontations avec des créatures magiques, représentatives de toutes formes du mal (v. 16421‑17262, 19051‑19678). Lorsque Lion retrouve ses parents à Tolède, le récit semble vouloir marquer une légère pause, comme pour souligner combien la reconnaissance par Herpin et Alis et la réintégration dans le lignage constituent une étape significative. Mais il lui reste à se faire reconnaître comme héritier légitime du fief de Bourges (v. 19679‑20643). C’est alors que s’insère dans le parcours de ce héros un épisode très particulier – le séjour au Royaume de Féerie – qui atteste déjà l’emprise du merveilleux. Ce séjour dans le château d’Auberon qui dure six ans (alors que Lion croit n’y avoir passé que six jours), est interrompu par le Blanc Chevalier qui remet le héros sur la route de Bourges (v. 20848‑21017).
Après la restitution de son fief et son rétablissement en qualité d’héritier légitime par Charlemagne, dont le portrait se trouve fortement altéré dans le poème, Lion ne choisit pas de mettre son engagement au service d’un pouvoir royal qui se révèle incapable de protéger son vassal (v. 21018‑23103). Il a vengé son père, mais d’autres engagements l’appellent, car les rivalités entre lignages mettent en péril l’harmonie familiale (v. 23104‑23204, v. 23630‑23752). Ce sont les liens du sang qui requièrent l’engagement héroïque, comme en témoigne le nombre d’actions accomplies pour reconstituer la cellule familiale et rétablir l’harmonie au sein du lignage.
La réunification de la famille au pied des murs de Palerme semble vouloir marquer une nouvelle pause dans le récit : Lion retrouve Florantine, Olivier et son frère jumeau Guillaume, et aussi un fils bâtard, Girart, dont il ignorait l’existence… – oubliant qu’il avait connu Clarisse, sœur de Garnier de Calabre, quelques dix-sept années auparavant. La paix est revenue, le fief et les autres royaumes sont reconquis (v. 25431‑26807). Lion a réalisé l’idéal chevaleresque qu’il s’était fixé, mais il lui reste à donner une dimension supérieure à son existence et à tenter de s’approcher de la connaissance du monde surnaturel, dont il a reçu maints témoignages pendant ses engagements. Le Blanc Chevalier lui a appris à vouloir dépasser une finalité purement terrestre et à désirer la perfection.
Cette recherche et les devoirs temporels du chevalier ne peuvent s’accomplir simultanément ; pour tenter de parvenir à la compréhension des volontés divines, il faut quitter toute forme de possession, qu’elle soit matérielle ou non. Lion répartit ses terres entre ses enfants, prononce des vœux de renoncement aux armes, et se retire dans un ermitage, près de Rome, où le Blanc Chevalier vient quotidiennement le visiter (v. 26849‑26967, 30495‑30555). Cependant, cette nouvelle pause, consacrée à la prière, n’est pas appelée à durer ; la destinée de Lion ne s’inscrit pas dans une ultime tentative pour se hisser vers la perfection et s’approcher de la connaissance du mystère divin. À partir du moment où il va choisir de rompre ses vœux et de ne plus suivre les conseils du Blanc Chevalier, Lion ne pourra plus poursuivre sa quête du sacré, car l’attraction exercée par la défense de son lignage l’en éloigne définitivement. Si la volonté de Dieu se manifeste encore, ce n’est plus en faveur du héros, mais en faveur du mort reconnaissant, dont la mission sur terre est arrivée à son terme. Obéissant au commandement divin, le Blanc Chevalier rejoint les cieux ; désormais, son âme peut gagner le paradis.
Les derniers combats sont livrés, le fief de Bourges est reconquis, les Sarrasins sont chassés de Palerme et les fils de Lion sont rétablis dans leurs droits ; il est temps, désormais, pour le héros éponyme de se rendre au mystérieux rendez-vous que lui avait fixé la fée Clariande, alors qu’il quittait l’ermitage, un an auparavant. Lion disparaît pour se fondre dans le merveilleux. « Ci se taist l’istoire de Lion a parrler », et l’auteur referme son récit (v. 30495‑30975, v. 31763‑34090)22.
L’œuvre trouve ainsi son unité en décrivant un itinéraire personnel modelé par la recherche d’un ordre politique et féodal, au sein duquel Lion tente d’inscrire son action, par celle d’un ordre familial (au travers du lignage et de la parentèle) dans lequel se joue la destinée collective de la famille, et par la quête d’un ordre personnel, qui le conduit progressivement face à la question essentielle de son identité, car la quête de l’identité se joue aussi à travers celle du père. L’instabilité des structures politiques et sociales, les menaces qui pèsent sur la permanence du lignage suscitent une volonté d’engagement, mais l’inachèvement des actions entreprises et la constante réapparition du mal font que cette quête de l’ordre reste imparfaite. Le déplacement du centre d’intérêt vers l’individu, que l’on observe dans l’épopée tardive, suscite un regard nouveau sur le destin personnel qui ne se définit plus, désormais, par un engagement au service d’une action collective, comme c’était le cas dans les premières épopées, mais par une recherche d’accomplissement individuel. Cela implique une certaine part d’aventure, qui peut revêtir de multiples formes, notamment celle de la rencontre avec les forces du mal (car la lutte contre elles permet de révéler la nécessaire sollicitude du pouvoir divin), et qui est susceptible de définir les limites du désir d’accomplissement héroïque. Dès lors que ce mouvement vers la perfection ne peut apporter une réponse telle que la glorification dans une mort martyre, il doit être dépassé, et cela explique l’ultime tentative, entreprise par Lion, pour s’approcher du sacré. Cependant, l’abondance des éléments merveilleux qui marquent le héros dès son enfance et l’entourent pendant sa vie d’adulte, ainsi que la position privilégiée du Blanc Chevalier en qualité d’intermédiaire entre le monde surnaturel et l’humanité, tendent à mettre en évidence une nouvelle impossibilité en ce domaine.
Ainsi, la chanson de Lion de Bourges, révélant son originalité dans une vision sans doute plus réaliste de la destinée héroïque, ne doit peut‑être pas se lire comme la simple célébration d’actes héroïques accomplis par une geste, mais plutôt comme le témoignage de l’évolution qui s’opère dans la mentalité du Moyen Âge finissant. Notre étude se proposera donc de comprendre comment peut se définir, au XIVe siècle, et plus particulièrement dans ce poème, l’idéal humain, déterminé par la recherche de l’ordre à ces trois niveaux.
À l’ouverture d’un Colloque tenu à Clermont‑Ferrand en 1997, F. Suard rappelait les éditions récentes des poèmes tardifs et citait notamment « l’édition de Lion de Bourges, qui fit figure de pionnière en 1980 », cf. L’Épopée tardive. Études réunies et présentées par F. Suard, Paris –Nanterre, Centre des Sciences de la Littérature, Université Paris X – Nanterre, 1998, p. 5.
W. W. Kibler, « La chanson d’aventures », Essor et fortune de la chanson de geste dans l’Europe et l’Orient latin, Actes du IX e Congrès International de la Société Rencevals (Padoue‑Venise 1982), Modène, Mucchi Editore, 1984, t. II, p. 509‑515 (p. 510).
Cette édition, la seule qui existe, est celle que nous utilisons : Lion de Bourges, poème épique du XIV e siècle, éd. W. W. Kibler, J.‑L. Picherit et T. S. Fenster, Genève, Droz, 1980.
W. W. Kibler, « Relectures de l’épopée », Au carrefour des routes d’Europe : la chanson de geste, Actes du X e Congrès International de la Société Rencevals (Strasbourg 1985), Aix‑en‑Provence, CUER MA, 1987, t. 1, p. 103‑140.
F. Suard, « L’Épopée française tardive (XIVe‑XVe s.) », Études de Philologie Romane et d’Histoire Littéraire offertes à J. Horrent, éd. par J.‑M. d’Heur et N. Cherubini, Liège, 1980, p. 449‑460, repris dans Chanson de geste et tradition épique en France au Moyen Âge, Caen, Paradigme, 1994, p. 243‑254 (p. 243).
C. Roussel, « Chanson de geste et roman : remarques sur deux adaptations littéraires du conte de La fille aux mains coupées », Essor et Fortune de la Chanson de geste dans l’Europe et l’Orient latin, op. cit., t. II, p. 565‑582.
La Belle Hélène de Constantinople, chanson de geste du XIV e siècle, Genève, Droz, 1995.
C. Roussel, Conter de geste au XIV e siècle. Inspiration folklorique et écriture épique dans La Belle Hélène de Constantinople, Genève, Droz, 1998.
Rappelons également : Florent et Octavien en 1991 et Hugues Capet en 1997, par Noëlle Laborderie.
A. Georges, Tristan de Nanteuil. Écriture et imaginaires épiques au XIV e siècle, Paris, Champion, 2006.
F. Suard, « Chanson de geste et roman devant le matériau folklorique : le conte de La Fille aux mains coupées dans La Belle Hélène de Constantinople, Lion de Bourges et La Manekine », dans Mittelalterbilder aus neuer Perspektive, Würzburger Kolloquium, 1985, Wilhelm Fink, Munich, 1985, p. 364‑379, repris dans Chanson de geste et tradition épique en France au Moyen Âge, Caen, Paradigme, 1984, p. 373‑386.
Cf. communication citée ci-dessus, parue dans Essor et Fortune de la chanson de geste dans l’Europe et l’Orient latin, op. cit.
J.‑L. Picherit, « Le merveilleux chrétien et le motif du mort reconnaissant dans la chanson de Lion de Bourges », Annuale Mediaevale, t. 16, 1974, p. 41‑51 ; « L’évolution de quelques thèmes épiques : la dépossession, l’exhérédation et la reconquête du fief », Olifant, vol. 11, n° 2, 1986, p. 115‑128.
W. W. Kibler, « Les derniers avatars du personnage de Charlemagne dans l’épopée française », Charlemagne et l’épopée romane, Actes du VII e Congrès International de la Société Rencesvals (Liège, 1976), Paris, Les Belles Lettres, 1978, t. I, p. 281‑290. Cf., pour les autres articles, la bibliographie donnée en fin de thèse.
D. Régnier‑Bohler, « La largesse du mort et l’éthique chevaleresque : le motif du mort reconnaissant dans les fictions médiévales du XIIIe au XVe siècle », Réception et identification du conte depuis le Moyen Âge, Actes du Colloque de Toulouse, 1986, Publ. de l’Université de Toulouse‑Le Mirail, 1986, p. 51‑63.
Le détail de ces Dissertationen allemandes a été donné par les éditeurs de la chanson, dans leur introduction à l’édition (p. xi) et dans leur bibliographie (p. 1229 sq.).
Cf. F. Suard, « L’Épopée française tardive (XIVe‑XVe s.) », Études de Philologie Romane et d’Histoire Littéraire offertes à J. Horrent, éd. par J.‑M. d’Heur et N. Cherubini, Liège, 1980, p. 449-460, repris dans Chanson de geste et tradition épique en France au Moyen Âge, Caen, Paradigme, 1994, p. 243‑254 : « La récurrence de schémas de ce genre provoque une incroyable complexité de la trame narrative, dans la mesure où elle multiplie épisodes et personnages : chaque mise en œuvre du système génère de nouveaux héros, appelés à devenir le centre d’aventures qui tantôt les rapprochent, tantôt les éloignent les uns des autres » (p. 245). Cf. également J.‑L. Picherit, « Chronologie et temps dans la chanson d’aventures », Olifant, 19, 1994, p. 20.
Cf. D. Maddox, « Les figures romanesques du discours épique et la confluence générique », Essor et fortune de la chanson de geste dans l’Europe et l’Orient latin, Modène, Mucchi Editore, 1984, t. II, p. 517‑527 : « Les héros des premiers poèmes épiques (…) sont souvent perçus comme des auxiliaires d’un suzerain ou d’un souverain. Par contre, les héros du roman chevaleresque, comme ceux de la chanson tardive, passent du statut d’auxiliaire à celui de sujet principal » (p. 519).
La troisième dispersion familiale se produit dans un cadre totalement différent. L’auteur ayant repris la trame du conte folklorique La fille aux mains coupées, il construit sur cette base un récit complet pour dépeindre les effets de la dispersion familiale sur l’identité individuelle. Les longs développements qui sont consacrés au personnage de Joïeuse, épouse d’Olivier, reprennent des motifs courants dans ce type de récit, notamment le désir incestueux du roi, l’automutilation, la jalousie et la fausse accusation de la belle-mère, l’exil de la princesse et sa navigation placée sous le signe protecteur de Dieu, pour aboutir à terme à la reconstitution de la cellule nucléaire et à l’élection de l’héroïne au rang des personnages exceptionnels par le miracle de la main ressoudée (v. 27815‑28252, 29632‑29995, 30064‑30155, 30983‑31757, 34091‑34121 et 34173‑34270).
De la Lombardie à Tolède, où il sera tué par le magicien Gombaut de Cologne, Herpin effectue un long périple, d’environ dix-sept années, pendant lesquelles il est, successivement, ermite près de Rome, chevalier défenseur de la chrétienté à Rome, victime d’une trahison, prisonnier à Chypre, puis donné comme cadeau à l’émir de Tolède. Son dernier engagement en faveur de la chrétienté à Tolède ne lui permet pas de retrouver sa liberté, ni son statut (v. 794‑890, 2885‑3572, 17265‑18131).
Le Blanc Chevalier – ou Mort Reconnaissant – est le revenant d’un chevalier dont Lion, par sa générosité, a permis la sépulture en des lieux chrétiens, lors de son arrivée à Monlusant.
Pour plus de détails sur les repères chronologiques et les personnages secondaires, nous renvoyons au résumé très détaillé que les éditeurs de la chanson ont donné dans l’introduction (p. xx à liv).