Chapitre premier
La parentèle large ou la puissance inutile

Le poème offre, à la fois, une représentation d’une vaste parentèle – fictive – constituant autour des protagonistes une sorte de réseau de solidarité, et une conception beaucoup plus intime d’un système de parenté, dans lequel la volonté d’engagement tend à se faire de plus en plus pressante. Pour l’heure, c’est à ce premier réseau que nous voudrions nous intéresser. Son importance n’est pas des moindres, car l’intrigue montre volontiers qu’il constitue une sorte de jonction entre le monde politique – l’extérieur – et un espace plus intime – la famille restreinte – qui requiert l’engagement du héros. Il occupe dans Lion de Bourges une place prépondérante et confère au développement narratif une dynamique particulière.

Il importe donc de définir les contours de cet entourage étendu, puis de s’interroger sur le rôle qu’il joue dans le parcours dessiné dans l’œuvre. Ce réseau, caractérisé par l’existence de liens du sang306, est-il apte à répondre à l’attente du héros ? Est-il susceptible d’apporter une protection contre un monde extérieur menaçant, voire décevant, et se révéler en même temps propre à générer de nouvelles actions ?

Notes
306.

La notion d’appartenance à un groupe de parenté se définit par les liens du sang : Cf. A. Guerreau‑Jalabert, article « Sang », Dictionnaire du Moyen Âge, dir. C. Gauvard, A. de Libera et M. Zink, Paris, P.U.F., 2002, p. 1280-81 : « (…) à ce titre, [le sang] est susceptible de symboliser l’individu ou une relation entre individus, en particulier la relation de parenté. (…) ».