1/ - Réseaux de parentèles à l’œuvre dans Lion de Bourges

Réseaux fictifs ? Assurément, car les relations de parenté que nous voudrions évoquer concernent des personnages illustres de la littérature épique, et leur présence dans le poème vient tout naturellement s’ajouter à une composition soigneusement mise en ordre : pouvoir royal, entourage royal, seigneurs féodaux. L’insistance avec laquelle la notion de parenté est évoquée dans le poème tend à dessiner autour du héros un cercle de relations entrecroisées, une sorte de maillage très serré – de personnes vivantes et partageant des positions données comme latérales dans le lignage. Un rapide inventaire des noms associés à la notion de lignaige, lignie, parent ou colsin permet de mieux définir ce cercle : Naimes de Bavière, Ogier de Danemark, Estous (fils d’Eudon), Richart (ou Richier) de Normandie, Salmon (ou Psalmon) de Bretaingne, les quatre fils d’Aymon, Gui de Nanteuil, Girard de Roussillon, Aymeri de Narbonne (et son père Hernaut de Baulande), Doon de Mayence, Guillaume d’Orange, l’archevêque Turpin307 – autant de noms connus dans la tradition poétique, qu’ils soient proches de la figure royale ou qu’ils soient attachés à une certaine idéologie de révolte. Images différentes, donc, mais cet entourage, plus ou moins fictif, conserve une unité qui lui est conférée par la similitude des circonstances dans lesquelles les protagonistes et autres personnages du poème font référence à leur lignaige. On est plutôt tenté de voir ici l’évocation d’une parentèle, au sens que lui confère l’anthropologie, qui « oppose le lignage, qui remonte à un ancêtre commun, à la parentèle, qui réunit, à partir d’un individu, l’ensemble de ses consanguins »308.

En ce sens, le terme lignaige, qui revient fréquemment dans certains dialogues, doit se comprendre dans une dimension principalement synchronique. Il désigne un ensemble de relations susceptibles d’agir, dans un contexte essentiellement guerrier. Il recouvre cette signification lorsque Naimes de Bavière l’emploie pour prendre la défense du duc Herpin : « Des lignaige de France il en est chief et flour »309. Cela laisse supposer qu’il existe un potentiel d’entraide et de solidarité, par rapport à l’individu cité310. L’importance de ce fait est attestée, à de nombreuses reprises, dans les différentes occurrences où les noms des membres du lignage sont rappelés par les héros du poème, soit pour constituer autour d’eux une sorte de protection, soit pour les aider à trouver leur identité et à se faire reconnaître, les deux fonctions n’étant d’ailleurs pas incompatibles car, à double reprise, la périlleuse reconnaissance du fils par le père, précédée d’un combat, nécessite le recours à ce type de bouclier311. Dans ce dernier cas, on entend bien que le lignage constitue une valeur de référence dotée d’un profil – social et moral – reconnu. Citons, pour premier exemple de cette supposée valeur, un dialogue entre Lion et l’écuyer Ganor, qu’il vient de rencontrer312 ; Lion essaie de recueillir auprès de celui-ci les premiers indices concernant ses parents :

‘Lions li damoisialz demande a l’escuier :
« Amis, de queil lignaige ne de confait princier
Est li duc et la damme c’ons fait dechaissier ?
Sire, la damme est niepce a Naymon de Bawier,
Et li duc atenoit au bon Dannois Ogier,
Estous le filz Eudon, Normandie Richier,
Salmon de Bretaingne que tant fait a prisier,
Et tous les douze per de France l’iretier.
Moult sont de hault lignaige, bien le pués témoingner. » (v. 4796-804)’

Si l’on replace cette citation dans le contexte, le jeune homme traverse alors une période de doutes : il sait qu’il n’est pas le fils de Bauduyn de Monclin313, mais commence seulement à espérer qu’il puisse être celui du duc Herpin de Bourges314. La réponse de Ganor a une fonction rassurante ; elle souligne l’importance que prend le fait de pouvoir se rattacher à un lignage prestigieux, et cette notion jouera un rôle non négligeable dans la constitution de l’identité héroïque représentée dans Lion de Bourges. On retrouve l’écho de cette préoccupation dans les deux déclarations préludant à la reconnaissance du fils par le père ; Lion proclame : « Je sus du grant lignaige de France le roion »,315 après avoir énuméré les noms de Naimes, d’Ogier, de Richard de Normandie, etc. Quant au bâtard Girart, il ne craint pas la surenchère, puisqu’il ajoute même l’archevêque Turpin et bien d’autres bons chevaliers du royaume316… Dans toutes ces occurrences, seuls les noms de Naimes et d’Ogier occupent de façon constante une place prioritaire – ce qui s’explique par le fait que leur relation avec les héros des poèmes est plus étroite – mais il n’apparaît aucune réelle tentative de classement par degré de parenté. Le lignage est bien considéré comme un ensemble de relations nées des liens du sang et appelées à interférer, directement ou indirectement, dans le parcours héroïque317.

Malgré l’imprécision des contours de cette vaste parentèle, une sorte de hiérarchie préside à l’organisation de celle-ci dans le poème. Il faut distinguer, en premier lieu, le groupe formé par les barons illustres que nous avons déjà cités, tels que Girart de Roussillon, Gui de Nanteuil, Aymeri de Narbonne, ou encore, Doon de Maïence, Salmon de Bretagne, etc., et, en second lieu, le groupe formé par Naimes de Bavière et Ogier de Danemark. Cette distinction s’appuie à la fois sur la nature de la relation de parenté et sur le rôle accordé à ces personnages, car les diverses occurrences dans lesquelles ils sont cités montrent qu’il existe une corrélation entre ces deux éléments.

En ce qui concerne le premier groupe, les liens créés entre les seigneurs de Bourges et certains personnages illustres du cycle des vassaux rebelles, tels que Girart de Roussillon ou Guy de Nanteuil, attestent la volonté de l’auteur de rattacher son poème à un courant littéraire, dans lequel la figure royale subit une forte altération318. Loin d’être fortuit, ce choix s’harmonise avec le développement des motifs du bannissement et du vassal rebelle. On se souvient que, dans la scène initiale, le traître Clariant ne néglige pas de rappeler à Charlemagne une entente probable entre Girart de Roussillon et Herpin de Bourges319. Plus tard, lorsque Charlemagne se retrouvera confronté à Lion, lors du siège de Bourges, cette parenté sera rappelée par Ogier320, ce qui ne manque pas de renforcer la colère de l’empereur321. L’évocation de certains liens de parenté a donc pour effet d’accentuer la scission entre le pouvoir royal et le vassal, dans les séquences où ce pouvoir est représenté par Charlemagne. Il n’en est pas de même dans l’ensemble de l’œuvre, comme le montrent les séquences consacrées à la deuxième reconquête du fief de Bourges. Répondant à la demande de Lion, le roi Louis apporte son aide, mais il n’est pas seul :

‘Tant avoit fait Lion, signour, dont je vous dis,
Qu’il avoit amenér le boin roy Loys,
Et Guillaume d’Orange, Buevon de Commerci,
Et s’i estoit venus Aymer li chetis,
Aymery de Narbonne qui tant fuit signory,
Et cez riche lignaige qui tant fuit herdis. (v. 31763-768)’

Cité pour « rehausser la gloire [des] héros » – selon J.-L. Picherit322 – le lignage des Aymerides joue ici un rôle sensiblement différent323. Contrairement aux situations d’opposition qui semblent plutôt marquer l’ensemble des séquences dans lesquelles les alliances entre lignages exercent un contrepoids au pouvoir impérial, on note dans cette occurrence qu’il peut y avoir fusion entre lignages et autorité royale. Cela n’est pas tout à fait surprenant en fin de poème et ne nuit pas, si cela était encore à faire, à une démonstration supplémentaire : il est de l’intérêt des rois de s’assurer l’alliance des seigneurs, plutôt que leur opposition.

Cela revient à placer, sur le parcours héroïque proposé dans la chanson, des points de repère. Cette démarche répond à une nécessité première : il importait à l’auteur que ses personnages, notamment Lion, soient crédibles. Il fallait donc les intégrer dans un système – de fiction, certes, puisqu’il s’agit de création littéraire – identifiable par un public lecteur. Ainsi, les relations de parenté évoquées dès la scène initiale entre Herpin de Bourges et les barons les plus prestigieux de la littérature épique, favorisent dans un premier temps l’intégration de ce personnage à la mémoire collective de l’épopée, et lui confèrent d’emblée un certain statut social. Non seulement, ce sont des éléments de caractérisation du personnage, qui ont pour intérêt de garantir, aux yeux du lecteur, sa qualité, mais ils donnent, à l’aspect politique particulièrement présent, une teinture de vérité. L’intertexte entre ici en jeu pour situer le poème dans une échelle de valeurs sociales et morales ; il confère une assise au développement de l’intrigue. Au même titre que le rappel du passé carolingien, la création de ces liens de parenté participe d’une vision globale que le poète entend restituer de la société médiévale. C’est un aspect plus longuement développé avec les personnages de Naimes de Bavière et d’Ogier de Danemark, qui constituent le second groupe auquel nous nous intéresserons.

Le lien de parenté existant entre Herpin de Bourges et Naimes de Bavière est particulièrement proche : « li duc Herpin (…) est filz de ma serour »324 affirme­ Naimes dès sa première intervention en faveur du duc Herpin, affirmation qu’il n’aura de cesse de rappeler à Charlemagne lorsque ce dernier voudra combattre Lion : « Filz est de m’entain, on l’appelle Lion »325. Le terme antain, habituellement utilisé pour désigner la sœur du père326, apporte ici une certaine confusion dans les générations, puisque Herpin est nommé comme le fils de la sœur de Naimes ; il serait donc le neveu de ce dernier, et Lion serait le fils du neveu. Incohérence volontaire ? Cette hypothèse ne doit pas être exclue. D’ailleurs, pour assurer la défense de Lion face à Charlemagne, Ogier évoque une parenté aussi proche, mais il s’agit alors de la mère du héros, la duchesse Alis : « Niece est au duc Naymon, suer au signour de Brie »327. L’écuyer Ganor mentionne également cette parenté, lorsqu’il rencontre Lion, avant le tournoi de Monlusant328. Il faudrait donc conclure que le lien de parenté est double, mais la confusion entretenue par le poète ne permet pas d’en distinguer avec certitude les degrés. Bis repetita placent… A la lecture des différentes occurrences où le lignage est soigneusement décliné, il apparaît de légères nuances : tandis que l’évocation de la généalogie de la duchesse fait toujours référence à la noblesse de ses origines329, l’accent est mis, en ce qui concerne Herpin, sur la notion d’appartenance à une classe chevaleresque réputée pour ses engagements guerriers, – habile procédé de l’auteur pour donner à son héros éponyme les meilleures origines et lui conférer d’emblée une valeur chevaleresque, les deux se réunissant dans la même idéologie de classe.

On pourra surtout retenir de cette insistance une première leçon : l’importance que l’auteur entend donner aux liens lignagers. Suivant l’exemple de ses prédécesseurs, il reprend un procédé habituellement utilisé, qui consiste à créer des « liens familiaux entre [les] personnages [du poème] et ceux d’autres chansons de geste célèbres, (…) pour légitimer sa matière » selon J.‑L. Picherit330. Si le personnage de Herpin jouit déjà d’une certaine renommée littéraire grâce aux épopées de la Croisade331, celle-ci n’atteint cependant pas l’ampleur de celle prêtée habituellement par la tradition épique à Ogier de Danemark ou à Naimes de Bavière. L’étroite relation de parenté avec ce dernier apporte donc un point d’ancrage supplémentaire à Herpin, et contribue d’une certaine manière à l’enrichissement du rôle de Naimes, car il lui appartient de protéger son neveu. Le devoir de protection qui incombe à l’oncle, par le sang ou par alliance, est largement attesté dans les premiers textes épiques et, si l’oncle lui-même ne peut assurer la protection de son neveu, il confère à un autre ce devoir. C’est ainsi que Charlemagne demande à l’archevêque Turpin de veiller sur Roland encore enfant, dans la Chanson d’Aspremont 332. G. Duby soulignait, dans des documents issus de la littérature généalogique de familles nobles du XIIe siècle , le rôle particulier de l’oncle maternel : « Il est pour [les enfants mâles] le soutien naturel, le protecteur, (…) et l’on trouve ici l’illustration concrète de la position privilégiée qu’occupaient alors les liens entre neveu et oncle maternel dans le réseau des relations de parenté333 ». D’autre part, le poète de Lion de Bourges ne prête aucune descendance directe à Naimes, alors que d’autres poèmes évoquent son fils Bertrand, notamment Gui de Bourgogne, Doon de Nanteuil, Huon de Bordeaux et Gaydon 334. Gaston Paris cite également Richer, connu dans ce dernier poème et dans Richer, où il subit, avec son frère Bertrand, les méfaits des traîtres Guion et Alori335. Dans Huon de Bordeaux également, le héros éponyme serait le fils de la sœur de Naimes336. M. Rossi voyait, dans ce type de parenté, un « artifice littéraire » : « Huon devient le fils de la sœur de Naimes ; ainsi l’intérêt qu’il prend au héros est plus logique et plus marqué »337. De son côté, Reto R. Bezzola constate l’affluence de neveux dans la littérature épique et courtoise : « les fils sont remplacés très souvent par les neveux (…). Dans les chansons de geste et dans les romans courtois, les neveux pullulent »338, – sans doute pour combler « le vide laissé par la carence des fils, quand ils existent », comme le pense Bernard Guidot339.

Ce que l’on peut également souligner, c’est qu’il s’agit du seul cas, dans Lion de Bourges, où cette relation est mise en valeur, tandis que le regard se porte de plus en plus sur la relation père(s)-fils. À nouveau, passé et présent se mêlent. En faisant de Naimes l’oncle maternel de Herpin, le poète rappelle l’usage largement répandu au Moyen Âge de conférer à ce parent un rôle que le père, souvent défunt avant même que son fils ait atteint l’âge d’être bachelier, ne peut assumer340. Il n’est pas exclu de voir également dans cette absence un reflet de la tradition rolandienne : Roland n’a pas de père nommé dans la Chanson. « Fils de personne », dit A. Planche, Roland a un parâtre et un oncle maternel, tandis qu’un ensemble de valeurs incluant « Douce France et la chrétienté » tend à s’imposer comme l’image du père341. C’est également un moyen qui contribue, au même titre que les exploits héroïques qui lui sont prêtés, à ancrer le personnage de Herpin dans la tradition épique, et à rappeler combien est précieuse la cohésion de la parentèle dans le contexte politique représenté dans le poème.

D’autre part, le fait que le lien de parenté unissant les seigneurs de Bourges à Naimes de Bavière soit établi par les femmes vient à juste titre rappeler le rôle joué par ce type d’alliance dans la mentalité médiévale jusqu’au XIe siècle. Selon Marc Bloch, « l’importance sentimentale que l’épopée attribue aux relations d’oncle maternel à neveu n’est qu’une des expressions d’un régime où les liens d’alliance par les femmes comptaient à peu près autant que ceux de la consanguinité paternelle »342. Les travaux des anthropologues ont mis en évidence la fonction essentielle de la relation avunculaire dans les structures de parenté. Reprenant la théorie de Lévi-Strauss sur « l’atome de parenté », R. Fox souligne la position particulière de l’oncle maternel : « La relation privilégiée qu’entretient un homme avec le frère de sa mère – par opposition à celle qu’il entretient avec le frère de son père – est (…) donnée au départ dans le système. C’est le frère de la mère qui en cédant sa sœur, la mère, en mariage a produit le fils. La relation du fils au frère de son père d’une part, à celui de sa mère de l’autre, n’est donc pas symétrique, et l’oncle maternel est un personnage spécial. Les chansons du Moyen Âge célèbrent à l’envi ce rapport particulier »343. Nécessités de l’intrigue ou réminiscences d’une longue tradition ? Quelles que soient les raisons qui ont dicté au poète la création de cette parenté, celle-ci témoigne de la persistance de certains schémas de pensée. Mais, à ces emprunts au passé qui jalonnent l’œuvre, le poète donne un infléchissement révélateur.

En effet, ce n’est pas tellement la présence de cette relation dans Lion de Bourges qui est significative, mais plutôt le fait que celle-ci reçoive, comme dans les œuvres contemporaines, une tonalité mineure. La relation avunculaire tend à s’estomper344. Particulièrement actif lors de la scène initiale et lors de l’avancée des troupes impériales vers Bourges, Naimes de Bavière n’est cependant pas appelé à jouer un rôle essentiel dans l’œuvre. Fondant son action sur la recherche des origines, Lion n’aura de cesse de retrouver son père, comme le fera également Olivier, tandis que la présence de Naimes se fera de plus en plus discrète. Il n’intervient pas, à proprement parler, dans la quête entreprise par les héros, mais il est un témoin, dépositaire du secret du cor magique. S’interrogeant sur les raisons de cette évolution remarquée dans la poésie dès le XIIIe siècle, Dominique Barthélemy constate l’apparition du patrilignage dans l’épopée et le roman vers 1200. Donnant pour exemple la chanson de Girart de Vienne, dans laquelle Girart devient l’oncle paternel d’Olivier, il estime que la « relégation de l’oncle maternel (…) [peut être] cohérente à l’exaltation du patrilignage »345. Poursuivant son raisonnement, D. Barthélemy évoque le procédé de stylisation imprimé à la constitution des groupes familiaux par la littérature, notamment au patrilignage qui « ne saurait [cependant] être pris tout à fait pour le microcosme en lequel se contracte tout le domaine de la parenté »346. Dans le même mouvement, on constate, dans les chansons du XIIIe siècle, un affaiblissement de la figure royale. Cette tendance se confirme d’autant plus lorsque l’intrigue du poème s’approprie cette dépréciation, comme cela est le cas dans Lion de Bourges. Roi « assotté », Charlemagne est même dépouillé de sa traditionnelle position d’oncle maternel, que la poésie épique du premier âge médiéval lui conférait. Face à lui, il rencontre l’opposition du lignage de Bourges revendiquant ses droits et son entité. Comme le pense D. Barthélemy, cet affaiblissement, qui touche aussi bien le roi Arthur que Charlemagne, est à mettre en parallèle avec l’attention croissante que la poésie épique et romanesque accorde au patrilignage347. Les deux monarques connaissent une même dépréciation de leur image, tandis qu’émerge la figure de prestigieux barons, fondateurs de patrilignages puissants. Qu’il nous soit permis, à ce propos, de nous attarder encore un peu sur la Chanson de Roland et de reprendre une réflexion qu’avait émise R. R. Bezzola, dans son célèbre article sur les neveux : dans le manuscrit d’Oxford, Roland n’a pas de père ; ce n’est que dans les manuscrits de date plus tardive que Milon apparaît. L’auteur émet ensuite une autre observation plus significative : « Milon, inconnu auparavant, figure ensuite dans plusieurs chansons tardives348 ». Il cite notamment : Berte au grand pied, Macaire, Foucon de Candie, Gui de Nanteuil, La chevalerie Ogier, Renaud de Montauban, Maugis, Aspremont, La prise de Pampelune, Fierabras. Poursuivant un autre raisonnement, il ne développe pas cet aspect, qui semble pourtant autoriser un rapprochement entre l’appauvrissement de la place accordée, jusqu’alors, à la relation avunculaire et, inversement, la mise en valeur de la relation patrilinéaire, dès le XIIe siècle349. Il n’est sans doute pas anodin que Milon figure, dans Lion de Bourges, aux côtés de Naimes de Bavière, pour porter secours à Herpin de Bourges contre les parents de Clariant d’Hautefeuille350. D’autre part, si l’on reprend l’essentiel du message contenu dans la Chanson de Roland, Roland est investi d’une mission, elle-même confiée par le Tout-Puissant à son représentant sur terre, Charlemagne. La particularité de cette relation de parenté a été ainsi analysée par A. Planche : « Représentant de Dieu en face des infidèles – un enfer terrestre – Charles ne peut sauver les siens sans un fils selon l’esprit, une sorte de Messie »351. L’ampleur donnée à l’expédition et le sacrifice ultime de Roland transfigurent ce dernier dans une dimension christique. L’exaltation de la relation avunculaire trouve ici ses plus belles expressions poétiques, en dépit des réserves qui ont été émises à son sujet352.

Avec ces images d’un schéma quasi parfait – une sorte de trinité – ancrées dans la mémoire, la lecture des épopées tardives ne peut que conduire à une perception fort différente : deux siècles plus tard, dans une même chute, se sont évaporées la défense d’une cause chrétienne de grande envergure, l’image d’un roi représentant Dieu sur terre et celle d’un neveu martyr auréolé de la grâce divine. Amalgame hâtif ? Il semble néanmoins que l’on puisse relier entre eux ces différents éléments, la chute de l’un entraînant l’autre.

Des relations de parenté unissent également Herpin de Bourges à Ogier de Danemark : « Li duc est mez cosin »353, dit-il à Charlemagne. C’est une relation qu’il affirmera à nouveau lors des préparatifs du conflit devant Bourges entre l’empereur et Lion354. Si le terme cousin implique une notion de consanguinité355, il n’apporte aucun renseignement sur le degré et la place dans l’arbre généalogique. Ce terme désigne une parentèle collatérale et assez étendue, si l’on tient compte du fait que le mode de calcul des degrés de parenté, le mode canon, reconnaît la consanguinité jusqu’au septième degré356, et, par extension, un réseau relationnel assez large. C’est en ce sens que l’abbé rencontré par Lion, avant le tournoi de Monlusant, peut dire à ce dernier, à propos de son père Herpin, « qu’an France n’avoit chevalier, duc ne per / Qu’i ne peust per droit son colsin appeller »357. Valeur de référence, donc, qui contribue à situer l’individu dans une classe sociale. On peut donner la même interprétation de ce terme, lorsque l’aubergiste Clément, qui renseigne l’écuyer Henry de Pallerne et Élie à la recherche d’Olivier, l’emploie pour conclure son éloge :

‘« (…) si que quant qu’il appant
Ens ou pays d’Espaingne tout environneement
Est tout au chevalier ; roy en est vraiement.
– Et comment l’appelle on ? dit Hanry au corpz gens.
– Biaulz dous sire, Ollivier, se Jhesu Crist m’ament !
Et ancor dit on tout communalment
Qu’il n’ait en tout le monde colsin ne parant. » (v. 26076-082)358

Or, à ce moment du récit, Olivier est un roi « sans origines », mais personne à Burgos ne connaît ce secret, car Galienne, son épouse, a pris le soin de cacher qu’il était un enfant trouvé, pour ne pas s’attirer le blâme de son entourage359. La formule tend ainsi à exprimer une notion assez confuse supposant l’existence quasi évidente de liens de parenté entre membres d’une même classe, classe qui ne saurait être qu’aristocratique, car le vilain ne se préoccupe guère de sa généalogie. Dans la bouche de l’aubergiste Clément, les termes cousin et parant font ainsi référence à un groupe caractérisé par une position élevée dans la hiérarchie sociale. « On est lié à des grands par lignage et/ou par parenté (…) et, de ce fait, on se trouve en bonne position dans la hiérarchie sociale »360. Qu’il s’agisse d’une affirmation soutenue dans le cadre de la défense d’un membre du groupe ou d’une déclaration d’ordre plus général, la relation de consanguinité latérale établie par le cousinage contribue à situer le personnage dans un univers aux contours définis ; elle tend à compléter ce que la déclinaison d’une généalogie relativement imprécise tente de construire autour de l’individu. En ce sens, la chanson de Lion de Bourges ne s’éloigne guère d’un mode de pensée déjà établi. Dans les représentations des généalogies établies vers 1100, C. Klapisch-Zuber note que si celles‑ci renvoient « à une succession temporelle », elles accordent une place non moins importante aux relations de consanguinité latérales361.

Telles sont les structures du lignage fictif dont se réclament les héros dans Lion de Bourges, constituant autour de ceux-ci un tissu de parentèle collatérale plus qu’une lignée d’ascendants. L’image à retenir de ce réseau est celle d’un cercle entourant à une certaine distance la famille étroite, seule véritable actrice du poème. Si les personnages de Naimes de Bavière et d’Ogier le Danois se démarquent – car ce sont les seuls à qui le poète confie un rôle particulier dans l’intrigue – les autres barons (Girart de Roussillon, Richard de Normandie, etc.) sont cités plus pour colorer une toile de fond que pour apporter de nouveaux éléments. On peut également retenir que, moyennant quelques infléchissements (tels que l’appauvrissement de la relation avunculaire, par exemple), ces personnages conservent l’identité littéraire que la tradition épique leur a conférée. Mais la distance instaurée entre cette parentèle étendue et le noyau familial ne permet pas de retrouver la vision d’un vaste lignage soudé dans la défense des mêmes intérêts comme l’offraient des chansons telles que Raoul de Cambrai ou la geste des Lorrains. Perception différente, donc, et représentation d’un monde en évolution où se lit l’émergence de l’individu. La question se pose alors de comprendre quel témoignage en ce sens apporte le poème, et, pour y répondre, il convient de définir plus précisément le rôle de cette parentèle dans l’intrigue pour déterminer si elle est apte à apporter aux héros la protection qui leur est désormais refusée par le pouvoir royal. Dans quelle mesure répond-elle à leur attente ?

Il est nécessaire de prendre en compte la totalité des forces en présence, car, de même que le bien n’existerait pas sans le mal, on doit constater l’existence d’autres réseaux de parentèle à l’œuvre dans Lion de Bourges. Deux lignages de traîtres (Hautefeuille et Calabre) interfèrent dans la destinée des protagonistes et sont la cause de la plupart des désordres, que cela soit dans les possessions (le fief de Bourges, le royaume de Sicile) ou dans l’intégrité même des diverses cellules familiales. Leur présence et leur perpétuelle application à nuire font d’eux le contrepoids de toute action héroïque entreprise pour rétablir l’ordre. La récurrence de ce type de schémas, qui n’est pas particulière au poème, entre dans un système de représentation du monde dominé par la constante réapparition du mal. Les traîtres, comme les créatures monstrueuses affrontées par les chevaliers, participent de ce concept. Dans ses « Remarques sur le cycle en vers de Huon de Bordeaux », J.‑C. Vallecalle compare ce phénomène de répétition à « des effets d’écho où se perçoit la cohérence d’une conception du monde » et souligne que « le désordre et le mal paraissent résulter nécessairement des menées des traîtres, qui se renouvellent inlassablement tout au long du cycle et contraignent les héros à l’errance »362. Dans notre poème, l’action du lignage de traîtres le plus célèbre de la poésie épique – Hautefeuille – est intimement liée à l’altération de la figure royale. Contrairement à ce qui se produit dans de nombreuses œuvres, dans Lion de Bourges, Ganelon est vivant et prodigue ses conseils à l’empereur363. Il n’est donc pas question ici de venger sa mort, alors que ce désir motivait l’action des traîtres dans certaines chansons364. Le centre d’intérêt est déplacé sur le personnage de Clariant d’Hautefeuille, dont l’apparition est brève – il nous quitte dès le cent onzième vers365 – mais décisive dans la construction de l’intrigue. Clariant, qui est l’oncle de Ganelon366 et de Hardré, est aussi le frère de Fouqueret d’Hautefeuille, à qui Charlemagne confie le fief de Bourges après le bannissement de Herpin367. Ce sont les seules précisions qui soient données sur les relations de parenté au sein de ce lignage, les autres membres – Griffon d’Hautefeuille, Aloris et Climent – étant nommés comme étant des parents de Clariant368. Ils semblent tirer leur force de leur immuable cohésion, et leur présence ici ne surprend pas, puisqu’ils sont censés représenter le mal contre lequel les personnages doivent lutter. L’action de ces traîtres se concrétise par le bannissement des seigneurs de Bourges et, indirectement, par la dispersion de la première cellule familiale. En outre, Fouqueret d’Hautefeuille fait régner un climat de terreur sur la cité de Bourges, dont les habitants ne connaissent plus que la pauvreté et la peur des représailles.

Mais il est un autre lignage dans le poème, dont l’action atteint la sphère privée des protagonistes, et qui agit indépendamment du pouvoir carolingien : il s’agit du puissant lignage de Calabre369. La destinée de certains de ses membres croise de près celle des héros, et les coalitions formées (dès le tournoi de Monlusant370) entre certains seigneurs féodaux, tels que le prince de Tarante ou le sénéchal de Florence, provoquent des désordres lourds de conséquences dans les diverses cellules familiales. Pour ne retenir que les plus importants, citons le complot fomenté par le duc Garnier de Calabre (qui fait enlever Florantine avant son mariage avec Lion), l’enlèvement d’un des fils de Lion, la trahison de Garnier qui attaque Bonivant (au cours de cette bataille, le roi Henry de Sicile est tué ; Florantine se réfugie à Palerme), etc. Ce qui fait la force de ce réseau de parentèle, c’est qu’il est constitué de nombreuses ramifications et que chaque membre (ou presque) s’emploie à nuire à la famille de Lion. Ainsi, le duc Garnier de Calabre a pour cousins Gaudiffer de Savoie et le prince de Tarante. Ce dernier apporte constamment une aide militaire puissante au duc de Calabre, tandis que Gaudiffer de Savoie, soucieux de conserver une position privilégiée auprès du pape, s’illustre par de belles trahisons : nous l’avons déjà vu vendre Herpin sur le port de Brindisi, et prétendre que ce dernier était mort, ce qui lui permet tout naturellement – quelques années plus tard – d’attirer Lion dans un guet-apens dont le prétexte était un pèlerinage sur les lieux de la sépulture du duc Herpin. Dans l’entourage très proche du duc Garnier de Calabre, il faut citer son frère, le Bâtard de Calabre (Guion) – toujours prompt à conduire des milliers d’hommes armés pour aider Garnier – et Clarisse, sa sœur. Cette dernière occupe une position très particulière puisque sa faiblesse fait d’elle la mère d’un bâtard – Girart – engendré par Lion. C’est peut-être la figure la moins sombre de ce lignage et qui bénéficie dans le poème d’un portrait tout en nuances. Amoureuse de Lion, Clarisse a toutes les bonnes raisons de se réjouir de l’enlèvement de Florantine et du projet de mariage forcé avec Garnier, ce qui lui laisserait le champ libre pour ses tentatives de séduction371. Mais, le piège qu’elle croit tendre à Lion se referme sur elle. En effet, si Lion cède à ses offres372, ce n’est pas par amour mais pour gagner sa confiance373. Quand elle comprend cela, elle sait aussi qu’elle vient de perdre définitivement sa position dans son lignage : « Or voy bien, c’est chose prouvee, Qu’amour d’omme ne doit certainne estre appellee »374. Si le destin ne lui permet pas de devenir la chambrière de Florantine375, c’est sous les apparences d’une veuve376 qu’elle réussit à masquer son identité pour échapper à la vengeance de son frère. Femme partagée entre deux lignages, elle souhaiterait que son fils Girart choisisse le parti de Garnier de Calabre, et, pourtant, elle a pris le soin de cacher que ce dernier était son frère et porte toujours la même admiration à Lion377. Malgré son rôle relativement secondaire dans l’intrigue, le personnage de Clarisse est soigneusement composé ; elle est, en quelque sorte, le miroir des engagements des autres membres de sa parentèle, et l’on retiendra d’elle que sa position délicate la situe à son insu à la charnière entre deux lignages opposés. Bien qu’elle plaide en faveur de la défense de l’oncle maternel de Girart, l’auteur ne laisse-t-il pas entendre qu’elle ne désapprouve pas le choix de son fils en faveur de Lion ? Cela revient à poser la question de la prééminence du patrilignage sur la relation avunculaire.

En revanche, la seconde figure féminine du lignage de Calabre n’offre pas de nuances ; Genoivre est un être tout de noirceur et de jalousie animé. Cousine378 de Garnier de Calabre, elle est sa meilleure alliée et a, en outre, la possibilité d’agir dans l’entourage immédiat de Florantine. On ne compte plus les messages que le duc lui envoie :

‘« Vous, Genoivre, colsine que je voi moult amant,
(…)
Tant d’onnour vous ferait du jour d’ui en avant
Que en honnour vanront tout vous appartenant.
Vous estez ma colsine et de chair et de sang,
Se dobvez per droit estre a moy obeyssant,
Et pour l’onnour aussi que je vous voy prometant. » (v. 7844-855)’

Motivée par le désir de voir son cousin épouser Florantine et devenir ainsi roi de Sicile379, elle ne recule devant aucune ruse pour parvenir à ses fins. Elle devient, en quelque sorte, la spécialiste des enlèvements dans le poème : d’abord celui de Florantine, avant son mariage avec Lion, puis celui d’un de leurs fils jumeaux. Mais, cela ne va pas sans risque, car un échec en ce domaine vaut le bûcher. Ainsi, malgré tout l’amour qu’il porte à sa cousine, Garnier n’hésite-t-il pas à faire allumer un grand feu dès son retour à Reggio pour punir celle-ci de la triple évasion (Lion, Florantine et Marie). Et, malgré ses tentatives d’en faire porter la responsabilité à Clarisse380, Genoivre serait bien brûlée vive, s’il n’y avait l’intervention du prince de Tarante381. D’ailleurs, tel le phénix qui renaît de ses cendres, elle s’illustre par une nouvelle action en faveur de son lignage. Son exil la conduit à l’abbaye où se sont réfugiées Florantine et Marie : il ne lui reste plus qu’à livrer celles-ci à son cousin pour se faire pardonner382… Puis, elle se distinguera encore par l’enlèvement d’un des fils de Lion383. Avec un tel passé, Genoivre ne peut que connaître une fin violente, telle qu’elle est généralement réservée aux traîtres, et, ce qu’il est intéressant de retenir, c’est que la sanction est exécutée par le bâtard Girart, l’enfant issu des deux lignages384. Tel est le lignage de Calabre, – un lignage dont il est à peine suffisant de constater qu’il est caractérisé par une surenchère de trahisons, de reniements de paroles et de bassesses. Il se distingue nettement de l’autre lignage de traîtres à l’œuvre dans Lion de Bourges, – Hautefeuille – par le fait qu’il agit hors du cadre typique de la cour carolingienne, que ses méfaits touchent de très près les cellules familiales du poème et que son chef, Garnier, est finalement très loin de posséder la prestance de Ganelon.

La permanence du désordre est particulièrement illustrée avec la famille du prévôt Hermer, à Bourges. Alors que celui‑ci est reconnu par les habitants de la cité comme un homme juste et bon385, ses quatorze fils n’auront d’autre ambition que celle de s’emparer du pouvoir et de nuire aux héritiers légitimes. Après la récupération de son fief, Lion fait chevaliers les fils d’Hermer et leur donne des terres et des châteaux ; l’aîné de ceux‑ci, Morandin, l’accompagne pour reconquérir la Sicile386 et séjourne ensuite à Palerme avec Guillaume, qu’il va trahir. La scène présidant au choix de Morandin pour porter au roi Sinagon le message lui demandant la main de sa nièce Gracienne résonne comme un écho des scènes de désignation des messagers dans certaines chansons de geste. « Muelx volcisse que li messaige ne me fuit ja donnéz », murmure‑t‑il en quittant la salle387. Et, comme Ganelon dans la Chanson de Roland, il délivre le message exact (dont la teneur est plus proche de l’ultimatum que d’une aimable demande en mariage388), puis propose à Sinagon la ruse qui lui permettra de se rendre à nouveau maître de Palerme389. Après avoir fait prisonnier Guillaume, il ne lui reste plus qu’à prévenir ses frères que désormais le fief de Bourges ne peut plus être revendiqué par un héritier légitime (puisqu’il croit Olivier mort). Et, selon le procédé habituel de construction en cascade des aventures, la trahison des fils d’Hermer entraîne la chute des autres membres du lignage. Parmi les sentences que le trouvère insère dans sa narration, la suivante est certainement celle qui résume le mieux l’une des causes du désordre sans cesse renouvelé contre lequel les héros emploient leur action :

‘On dit, et il est vrai, c’est ung plait tesmoingniér,
Que on fait en telz lieu bien que pués en ressoit grief,
Et faut a son ammi, dont c’est grant meschief. (v. 23117‑119)’

Le poème de Lion de Bourges propose donc l’image de groupes unis par les liens du sang, appelés à intervenir – en bien ou en mal, selon le lignage – dans la destinée terrestre des protagonistes. La vision de la société féodale à l’œuvre dans la chanson montre aussi bien une alternance entre conflit et réconciliation avec le pouvoir royal qu’une abondance de conflits générés par les rivalités entre lignages – ce qui suggère une impression générale d’instabilité. Ce sont ainsi toutes les structures de l’univers féodal qui se trouvent atteintes. Dans ce contexte, le fait d’essayer de se rapprocher des membres de son lignage peut se comprendre comme une recherche de la solidarité, mais, compte tenu des forces en présence, cela peut-il se révéler efficace ?

Notes
307.

On peut se reporter principalement aux vers suivants :

173-180 (Ogier prend la défense de Herpin)

196-209 (Naimes défend Herpin)

4796-804 (L’écuyer Ganor donne des indications à Lion)

20360-366 (Lion se fait reconnaître par Herpin)

21674-685 (Ogier plaide en faveur de Lion)

25650-659 (Le bâtard Girart se fait reconnaître par Lion).

308.

Cf. pour la structure du lignage, M. Bloch, La Société féodale, Paris, Albin Michel, éd. 1994, « Les liens du sang », p.183 sq. ; cf. également R. Fox, Anthropologie de la parenté. Une analyse de la consanguinité et de l’alliance, Paris, Gallimard, 1972, p. 50 sq. ; cf. également, dans Encyclopaedia Universalis, les articles consacrés au lignage et à la parentèle.

309.

Vers 199. Naimes vient de rappeler à Charlemagne que Herpin est le fils de sa sœur.

310.

Cf. D. Ion, La parenté dans Garin le Loheren et Gerbert de Mez, Étude littéraire, linguistique et anthropologique, Thèse de doctorat (dactyl.), Université de Nancy II, 1999, t. 2, p. 787 sq.

311.

Cf. v. 20360-366 : Lion se fait reconnaître par Herpin, et v. 25650-659 : Girart se fait reconnaître par Lion ; dans cette occurrence, il n’y a pas de duel, mais le bâtard Girart avait refusé de se soumettre aux ordres de Lion.

312.

Ganor, écuyer du duc Herpin, est à la recherche de celui-ci depuis quinze ans : trois ans après le bannissement de Herpin, puis douze ans à partir de son passage à Bourges. Il remarque tout de suite une ressemblance frappante entre le duc et Lion :

« – Sire, dit l’escuier, je panse vraiement

Que vous estes estrait de son engenrement,

Car muelx le ressamblés selon mon ensiant

Que l’un piet ne fait l’autre, et de bouche et de dent. » (v. 4675-4678)

313.

Bauduyn vient en effet de révéler à Lion qu’il était son père adoptif (v. 3675-3708). Le jeune héros quitte Monclin avec l’intention de retrouver ses parents, et, au préalable, de prouver sa valeur au tournoi de Monlusant (cf. v. 3809-55).

314.

Cf. v. 4656-666 : Lion se moque de sa propre naïveté, mais la croix vermeille qu’il porte à l’épaule gauche est un indice rassurant.

315.

Cf. v. 20362-366 :

« Je sus colsin Ogier et parent a Naymon

Et cion dou lignaige au boin roy Psalmon,

Richart de Normandie, li quaitre filz Hemon

Et Guyon de Nantuel, Geraird de Roucillon.

Je sus du grant lignaige de France le roion. »

316.

Cf. v. 25650-659, dont, notamment :

« Mez cousin est Ogier, et li boin duc Naymon,

Et Guillamme d’Orange, Aymery de Nerbon,

Et Iernalz de Baulande et Girard de Roucillon,

Richard de Normandie qui cuer ait de lion,

L’arcevesque de Rain qui Turpin ait a nom,

Et maint boin chevalier du roialme Charlon. »

317.

Cf. D. Barthélemy, Histoire de la vie privée (2. De l’Europe féodale à la Renaissance), dir. P. Ariès et G. Duby, Paris, Seuil, 1985, rééd. 1999, chapitre 2 « Tableaux », p. 96.

318.

Cf. W. W. Kibler, « Les derniers avatars du personnage de Charlemagne dans l’épopée française », Charlemagne et l’épopée romane, Actes du VII e Congrès International de la Société Rencesvals, Paris, Les Belles Lettres, 1978, T. I, p. 281-290 : En rappelant son lignage, Lion « s’associe (…) aux héros des épopées du cycle des barons révoltés, tels Girart de Roussillon ou Les Quatre Fils Aymon, et à la geste de Nanteuil. Or, c’est précisément dans ces poèmes­‑là que se trouve déjà esquissé le portrait de Charlemagne que notre versificateur anonyme va développer ». (p. 283).

319.

Cf. v. 45-48 :

(…) « Il vous fault ung gloton

Qui oncque enver vous ne pansait se mal non,

Ne ne vous volt aidier a vous loialz beson

Quant l’autrier guerriaiste Girairt de Rocillon. »

320.

Cf. v. 21674-688.

321.

Cf. v. 21689-694 :

« Ogier, s’ai dit li roy, per ma barbe florie

Vous en avés tant dit, se Dieu m’en faice aye,

Que je n’aresterait pour chose c’on me die

S’arait asegiér Bourge la citeit per maistrie,

Et ne m’en partirait si serait essillie

Et s’arait le glouton prison en ma baillie ! »

322.

Cf. remarque déjà citée de l’éditeur du poème (introduction à Lion de Bourges, éd. cit., p. lxv).

323.

Dans les Enfances Vivien, le roi Louis se sentait médiocre face au lignage des Aymerides, dont le principal représentant, Guillaume, n’hésitait pas à s’opposer ouvertement au souverain (Enfances Vivien, éd. critique M. Rouquier, Genève, Droz, 1997, v. 2350-2353) ; cf. B. Guidot, Recherches sur la chanson de geste au XIII e siècle d’après certaines œuvres du cycle de Guillaume d’Orange, Aix-en-Provence, Université de Provence, 1986, t. I, p. 162-163. On peut noter dans ce texte l’influence médiatrice exercée par Naimes. ­­

324.

Vers 198.

325.

Vers 21853.

326.

Cf. Godefroy F., Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes, Paris, Vieweg, 1880-1938, 10 vol. ; Tobler A. et Lommatzsch E., Altfranzösisches Wörterbuch, Berlin, Weidmann ; Wiesbaden, Steiner, 1925-1976, 10 vol.

327.

Vers 21680.

328.

Cf. v. 4799-4804 :

« Sire, la damme est niepce a Naymon de Bawier,

Et li duc atenoit au bon Dannois Ogier,

Estous le filz Eudon, Normandie Richier,

Salmon de Bretaingne que tant fait a prisier,

Et tous lez douze per de France l’iretier.

Moult sont de hault lignaige, bien le pués tesmoingnier. »

329.

On peut également rappeler les vers 64 à 69 dans lesquels le poète explique les raisons de la présence de la duchesse Alis à Paris :

C’estoit pour sa mollier a la clere fesson

Qui avec lui venoit per la condicion

Qu’elle volloit veoir sa haulte estracion,

Car tant fuit gentilz damme, mentir ne vous doit on,

C’ou roialme de France n’avoit si hault baron

Qui ne fuit tous estrais a la damme de nom.

La noblesse des origines d’Alis est ici soulignée avec insistance (haulte estracion, hault baron, damme de nom) ; le lecteur apprendra par la suite que cette illustre parentèle s’étend aux lignages de Nanteuil, Narbonne, Mayence, etc. L’apport de sang noble par la femme dans le mariage figure parmi les préoccupations de la noblesse ; c’est ce que G. Duby avait constaté dans les généalogies établies au XIIe siècle : « la femme apporte d’ordinaire au lignage où elle est entrée par mariage un appoint de renommée, c’est-à-dire de noblesse ». Cf. G. Duby, Hommes et structures du Moyen Âge I : La Société chevaleresque, Paris, 1979, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, repris dans Qu’est-ce que la société féodale ?, Paris, Flammarion, 2002, p. 1168.

330.

Cf. J.‑L. Picherit, Introduction à l’édition de Lion de Bourges, p. lxv : « Nous avons affaire ici à un procédé typique des épopées tardives : pour légitimer sa matière et pour rehausser la gloire de son héros, le poète crée des liens familiaux entre ses personnages et ceux d’autres chansons de geste célèbres ».

331.

Notamment, dans Les Chétifs, où il joue un rôle significatif en apportant son aide à Corbaran (éd. G.M. Myers, The Old French Crusade Cycle, vol.V, The University of Alabama Press Tuscaloosa and London, 1980). Cf. également La Chanson de Jérusalem, éd. N.R. Thorp, The Old French Crusade Cycle, vol.VI, The University of Alabama Press, Tuscaloosa and London, 1992.

332.

La Chanson d’Aspremont, éd. A. de Mandach, Naissance et développement de la chanson de geste en Europe III, Genève, Droz, 1975, v. 1957-1960.

333.

G. Duby, Hommes et structures du Moyen Âge I : La Société chevaleresque, op. cit., p. 1167.

334.

Cf. J. Subrenat, Étude sur Gaydon, Aix-en-Provence, Université de Provence, p. 257.

335.

G. Paris, Histoire Poétique de Charlemagne, Paris, A. Franck, 1865, p. 323.

336.

Huon de Bordeaux, éd. cit., v. 284-286 :

– « Sire, dist Nales, cent mercis en aiiés ;

Gerars et Hues, mi doi franc iretier,

Sont mi neveu, de vrté le sachiés. »

337.

M. Rossi, Huon de Bordeaux et l’Évolution du genre épique au XIII e  siècle, Paris, Champion, 1975, p. 515.

338.

R. R. Bezzola, « Les neveux », Mélanges Frappier, Genève, Droz, 1970, p. 89-114. Cf. également Y. Roguet, « Des neveux », L’Hostellerie de pensée. (…), Paris, Presses de l’Université de Paris Sorbonne, 1995, p. 383-390.

339.

B. Guidot, , op. cit., p. 833, note n° 288. Cf. également D. Régnier‑Bohler, Histoire de la vie privée (2. De l’Europe féodale à la Renaissance), dir. P. Ariès et G. Duby, Paris, Seuil, 1985, rééd. 1999, chapitre 3, « Fictions », p. 330 : « Les grands héros des chansons de geste et des romans courtois n’ont souvent pas de fils, ou ces fils font piètre figure, (…) ».

340.

Cf. S. Melchior-Bonnet, « Les voies du Moyen Âge », Histoire des pères et de la paternité, Paris, Larousse, 1990, rééd. 2000, p. 73‑113 (p. 74) : « (…) dans la mesnie, d’autres hommes, l’oncle maternel ou le parrain, partagent avec lui l’autorité. Âgé – car il se marie tard pour des raisons économiques – le père ne voit guère grandir son enfant (…) ».

341.

A. Planche, « Roland fils de personne », Charlemagne et l’épopée romane, Paris, Les Belles Lettres, 1978, 2 tomes, p. 595-604, (p. 600).

342.

M. Bloch, La Société féodale, Paris, Albin Michel, 1939, rééd. 1994, p. 201.

343.

R. Fox, Anthropologie de la parenté. Une analyse de la consanguinité et de l’alliance, Paris, Gallimard, 1972, p. 230 sq. Cf. également R. Deliège, Introduction à l’anthropologie structurale. Lévi-Strauss aujourd’hui, Paris, Seuil, 2001, p. 76 : « Pourquoi l’oncle maternel intervient-il dans cette structure familiale minimale ? Précisément en raison de la prohibition de l’inceste qui rend impossible la fermeture de la famille nucléaire sur elle-même : l’obligation de prendre épouse en dehors de celle-ci rend indispensable une seconde famille, dont l’oncle maternel est le représentant, le donneur de femme par excellence. Autrement dit, la structure familiale minimale, l’ “atome de parenté”, comprend nécessairement l’oncle maternel ».

344.

À partir de la seconde moitié du XIIe  siècle, on note une présence de plus en plus accentuée de la relation père-fils dans les textes épiques. Cf. W. O. Farnsworth, Uncle and nephew in the old French chansons de geste, New York, Columbia University Press, 1966.

345.

D. Barthélemy, Histoire de la vie privée (2. De l’Europe féodale à la Renaissance), dir. P. Ariès et G. Duby, Paris, Seuil, 1985, rééd. 1999, chapitre 2 « Tableaux », p. 119.

346.

Id, Ib., p. 119.

347.

D. Barthélemy, Histoire de la vie privée, op. cit., p. 114 : « Vers 1200, l’épopée et le roman mûrissent, non sans peut-être s’affadir, et s’entremêlent l’une à l’autre (…). Or, c’est à ce moment que, des deux parts, le patrilignage fait son apparition, acquiert bientôt un rôle dramatique central et assume une fonction organisatrice dans ces sociétés de fiction. Arthur et Charlemagne s’affaiblissent face à leurs barons (…) ».

348.

R. R. Bezzola, « Les neveux », Mélanges de langue et de littérature du Moyen Âge et de la Renaissance offerts à J. Frappier, Genève, Droz, 1970, p. 89-114.

349.

Par exemple, dans Fierabras, Roland déclare à Floripas :

« Dame, ce dist Rollant, fiuz sui Milon d’Anglez,

Et si ai non Rollant en baptesme apele[z].

Et sui niés Karlemaine et de sa soror nez. » (v.2897-2898a)

(Fierabras, chanson de geste du XII e siècle, éd. M. Le Person, Paris, Champion, 2003). La place que lui accorde Adenet le Roi dans les derniers vers de Berte as grans piés ne joue que pour mémoire, mais elle affirme bien cette relation père-fils :

Li premiers des enfants, de ce ne doutez mie,

Que Pepins ot de Berte, la blonde, l’eschevie,

Orent il une fille, sage et bien ensaignie,

Femme Milon d’Aiglent, moult ot grant seignorie,

Et fu mere Rollant, qui fu sans couardie,

Ains fu preus et hardis, plains de chevalerie. (v. 3473-3478)

(Adenet le Roi, Berte as grans Piés, éd. critique A. Henry, Genève, Droz, 1982.

350.

Cf. v. 115-123 :

Li paren Clariant se lievent vistement ;

(…)

Pour ossire Herpin s’avancerent forment ;

Maix Ogier li Danois de la mort le deffant,

Et Naymon de Bawier et duc Mille d’Englant,

Estous le filz Eudon au fier contennement

Et tous li douze perre et li aultre ausyment.

351.

A. Planche, « Roland, fils de personne. Les structures de la parenté du héros dans le manuscrit d’Oxford », Charlemagne et l’épopée romane, Paris, Les Belles Lettres, 1978, p. 595-604 (p. 603).

352.

La relation unissant Charlemagne à Roland a fait l’objet d’une interprétation sensiblement différente. Si R. R. Bezzola se contente de signaler qu’« aucun texte historique ne nous renseigne sur les liens de parenté entre Charles et Roland », et que « Roland n’appelle jamais Charles son oncle », R. Lejeune donne suite à la tradition selon laquelle Roland serait le fruit du péché incestueux de Charlemagne, et qu’il rachèterait, par son martyre, son origine honteuse. Cf., respectivement : R. R. Bezzola, « Les neveux », art. cit., p. 102-107 ; R. Lejeune et J. Stiennon, La légende de Roland dans l’art du Moyen Âge, Bruxelles, 1961.

353.

Cf. v. 174.

354.

Cf. v. 21644 : « Il est nostre colsin, (…) ».

355.

Cf. Dictionnaire historique de la langue française – Le Robert, dir. A. Rey, Paris, édit. 1995 : 2 vol., édit. 1999 : 3 vol. « Cousin : (…) Contrairement au latin, le mot ne se borne pas au cousin germain, pour lequel on précise cousin germain (v. 1150). Comme d’autres termes de parenté, il a servi à exprimer une relation ou une affinité psychologique (1226) (…) ».

356.

Cf. F. Héritier, L’Exercice de la parenté, Paris, Gallimard – Le Seuil, 1981, p. 162 sq.

357.

Cf. v. 4915-4928. G. Duby a constaté dans ses études sur la société des XIe et XIIe  siècles les effets du resserrement des liens de l’aristocratie et parvient à la conclusion que « tout le monde est plus ou moins cousin ». Cf. G. Duby, La Société aux XI e et XII e siècles dans la région mâconnaise,École pratique des hautes études, 1971, repris dans Qu’est-ce que la société féodale ?, Paris, Flammarion, 2002, p. 7‑597 (cf. p. 379-386), et Hommes et structures du Moyen Âge I : La Société chevaleresque, Éd. de l’École des hautes études en sciences sociales, 1979, repris dans Qu’est-ce que la société féodale ?, Paris, Flammarion, 2002, p. 1051‑1205.

358.

À leur arrivée à Burgos, Henry et Élie s’arrêtent à l’auberge tenue par Clément ; ils questionnent celui-ci pour savoir à qui appartient la ville. La réponse de l’hôte établit une liaison entre valeur chevaleresque et appartenance à une classe sociale élevée :

– « Sire, se dit li oste, per le mien serement,

On le thient d’un vaissalz qui moult ait herdement,

A qui Dieu ait fait graice et honnour haultement,

Car quant en ceu pays il fist arivement

Et il se habergait trestout premierement,

Trestout cil du monde, si loing qu’il c’estant,

Ne li tollissent mie cinquante mars d’argens.

Or c’est si bien prouvér sur la paienne gens

Que la fille Anseys en ait fait propprement

Son signour a marit et amait teillement

Que elle l’ait esposér ; si que quant (…) (v. 26066-076)

359.

Dès son mariage avec Galienne, Olivier entend pendant son sommeil une voix céleste lui enjoignant de rejoindre Palerme, où il pourra retrouver ses parents et son frère, et de révéler à Galienne toute la vérité sur son passé d’enfant trouvé et nourri par un père adoptif. (Cf. v. 25353-363). Olivier confie son secret à Galienne, qui reconnaît la valeur de son époux et lui demande de taire l’ignorance de ses origines :

« – Sire, s’ai dit Gallienne, ja me m’eslongerez,

Car doncque vous soiez, per Dieu, bien digne estez

Que vous aiez coronne, per Dieu bien le vallez.

Si vous prie cil estet soit ormaix cellér

Per quoy si ne lou saiche homme de mere nez,

Car li fait m’en seroit laidement reprouvéz. » (v. 25418-423).

360.

D. Barthélemy, Histoire de la vie privée, op. cit., p. 96.

361.

C. Klapisch-Zuber, L’Ombre des ancêtres. Essai sur l’imaginaire médiéval de la parenté, Paris, Fayard, 2000, p. 85.

362.

J.‑C. Vallecalle, « Remarques sur le cycle en vers de Huon de Bordeaux », Plaist vos oïr bone cançon vallant ?, Mélanges de Langue et de Littérature médiévales offerts à François Suard, Lille, Université de Lille III, 1999, t. II, p. 927‑935 (p. 931).

363.

Cf. v. 164-167 :

«  – Sire, dit Guenelon que la chiere ot yree,

Se vous vous parjurés huy en ceste jornee,

Vous ne seriez pais digne de tenir telz contree. »

364.

Cf. J. Subrenat, Étude sur Gaydon, chanson de geste du XIII e siècle, Aix-en-Provence, Université de Provence, 1974, p. 269 : « Le lignage de Ganelon rassemble dans le Cycle du Roi et dans la Chanson de Gaydon en particulier des hommes, souvent de valeur, (…) mais qui vivent repliés sur eux-mêmes, tournés vers le passé : leur unique raison d’exister, c’est de venger la mort de Ganelon. »

365.

Cf. v. 111 : Li cop cheyt a terre san nul repaissement.

366.

Cette indication est donnée aux vers 44 (Oncle fuit Guenelon) et 50 (Clariant li oncle Guenelon). J. Subrenat notait également, à propos de la relation avunculaire, que « ce type de parenté est même systématique chez les traîtres où il semble presque remplacer entièrement les rapports de filiation » (op. cit., p. 286).

367.

Cf. v. 21121-124 (l’hôte de Lion renseigne celui‑ci lors de son arrivée à Bourges) :

(…) ; maix cil lou devisait

Que cil qui tint la terre, au jour qui paissait,

Ocist droit à Pari[s] a cez main le tuait

Le frere a Fouquerez qui per le roy est la.

368.

Cf. v. 115‑117.

369.

Sur la richesse et la puissance du duc de Calabre, cf. les v. 5439-452 : défilé des chevaliers avant le tournoi de Monlusant. À ce moment du récit, Florantine n’est pas insensible à la prestance de Garnier de Calabre, mais elle n’a pas encore vu Lion…

370.

Cela est clairement annoncé dans les vers 7244-283.

371.

Cf. v. 9077-086, 9712-720.

372.

Cf. v. 10058-062 :

« – Lion, s’ai dit Clarisse, je dit cinc cent mercy.

Des or maix vous prie que soiez mes amis ;

Regardés comme sus blanche et belle come flour de llis ;

Oncque maix de nulz homme ne fuit mez cuer souprins

Fors de l’amour de vous ou j’ai tout mon cuer mis. »

373.

Cf. v. 10064-069 :

Lors [Lion] dit a lui meysme : « Se la damme escondis

De faire son volloir, je sus mors et peris ;

Obeyr me covient, en sa prison sus mis. »

Lors acollait la damme, pués li baisait le vis.

Sur ung lit la getait li noble duc marchis,

Et celle lou consent car c’estoit cez delis.

374.

Pendant la nuit, Florantine et Marie se sont enfuies, alors qu’elles étaient sous la garde de Clarisse. Voyant Lion se réjouir de cette nouvelle, Clarisse comprend qu’elle a été trompée par les apparences (Cf. v. 10126-138).

375.

C’est en effet la seule solution que Clarisse imagine pour se soustraire à la vengeance supposée meurtrière de son frère Garnier. Cf. v. 10150-165.

376.

Dans leur fuite, Lion et Clarisse se réfugient dans un château, qui est en fait un repaire de malfaiteurs ; Clarisse est enlevée, puis libérée par un chevalier : Gautier de Monrochier ; il ne lui reste qu’une solution pour sauver son honneur : faire croire qu’elle est la femme d’un marchand, tué par les trois voleurs. Devenue l’épouse de Gautier de Monrochier, elle donne naissance peu de temps après au bâtard Girart, que Gautier élève comme son propre fils. (Cf. pour l’ensemble de ce résumé, v. 10246-399).

377.

Cf. v. 23877-975, notamment les vers 23948 et 949 (Clarisse supplie son fils) :

« Si que pour Dieu vous prie que loialment servés

Garnier qui est vous oncle et mez frere charnez ! »

378.

Genoivre est nommée en général comme cousine du duc Garnier, sauf au vers 11791, où le trouvère emploie le mot « niesse ».

379.

Lors du débat des demoiselles de compagnie de Florantine pour couronner le vainqueur du tournoi, Genoivre défend âprement le duc de Calabre ; cf. v. 7557-563, 7572-590, 7667-671 et 7735-739. Cf. également v. 8543-545 :

« – A damme, ait dit Genoivre, per amour vous prion ;

Prandrés ceu duc qui est de mon estraccion,

Car mie ne me plait que vous aiez Lion. »

380.

Cf. v. 11442-445.

381.

Cf. v. 11480-489. Le prince de Tarante, arguant que la faute incombe plutôt à Clarisse, conseille à Garnier de bannir Genoivre, au lieu de la brûler vive.

382.

Cf. v. 11621-651, et, plus particulièrement :

Et [Genoivre] ait dit quoiement : « Dieu m’ait fait assener

A yceste abbaye car g’y porait trouver

Cely que me porait ver le duc acorder. » (v. 11640-642)

383.

On peut noter que Garnier de Calabre et sa cousine font preuve, lorsque cela est nécessaire, d’une étroite solidarité. Cf., pour exemple, les v. 14824-828 : Garnier est à Reggio ; il vient d’apprendre par un espion que Lion avait quitté Monlusant pour partir à la recherche de ses parents et que Florantine vient de donner naissance à un (ou deux) fils :

Genoivre sa cousine fist mander maintenant ;

Elle vint ou pallais et li duc errant

Li dit : « Doulce colsine, or oiez mon samblant.

Colsine, dit li duc, or a moy antandez !

Vuelliez moy concillier, damme, se vous vollez. »

384.

Cf. v. 25829-846 ; on peut remarquer que Lion serait presque prêt à se laisser attendrir à l’égard de Genoivre, mais Girart n’a aucune pitié. Il ordonne également que soient jetés dans le feu tous les proches parents de celle-ci.

385.

Cf. v. 21125‑135, notamment : « Benoite soit li mere qui telz prevost portait, / Car la ville ait sauvee ; en lui trez bonne homme ait ».

386.

Cf. v. 23112‑116.

387.

Cf. v. 27273‑304.

388.

Cf. v. 27311‑318.

389.

Cf. v. 27344 sq. Cf. J.‑C. Vallecalle, Messages et ambassades dans l’épopée française médiévale, Paris, Champion, 2006, p. 111 : « L’on voit ainsi Ganelon s’acquitter d’abord ostensiblement de son office d’ambassadeur, avant de comploter, dans le verger de Marsile, sa vengeance privée ».